Paire de chaises de salle à manger

Eugène Grasset (1845-1917) (dessin)
Fulgraff (ébénisterie et sculpture)
Chêne sculpté, textile, métal
H. 1,06 m ; L. 0,46 m ; P. 0,41 m.
Inv. 2004.24.1-2
Don de Madame Gabrielle Richard, Paris

En 1881, l’imprimeur Charles Gillot hérite de la maison construite par sa mère, rue Madame, à Paris. Connu dès cette époque pour être un grand collectionneur d’art médiéval et extrême-oriental, il fréquente les artistes contemporains et demande à son ami Eugène Grasset de concevoir quelques pièces de mobilier pour sa nouvelle demeure. Le Musée des Arts Décoratifs conserve les pièces les plus importantes de cette commande : l’imposante cheminée (inv. 45713) et les vitrines de la Galerie abritant sa collection (inv. 46143 à 46145), ainsi que la table de la salle à manger (inv. 41693), données par Madame Richard en 1968 et 1977. Le don de la paire de chaises, qui en faisait partie, vient donc compléter l’ensemble important déjà conservé par le musée. D’autre part, une série de dessins préparatoires de Grasset, parmi lesquels se trouve le projet des chaises, daté de 1881, est conservé au cabinet des dessins du Musée des Arts Décoratifs (inv. CD 825).

Enfin, les collections du musée comportent les buffets, dressoirs (inv. 41689 et 41690) et chaises (inv. 41694 à 41699) provenant de la salle à manger que Madame Seure, fille de Charles Gillot, avait commandés à Grasset en 1905 et qui ont été réalisés dans le même esprit que celles conçues pour son père (don de Madame Richard,1968).

L’ensemble du mobilier qu’Eugène Grasset a créé pour Charles Gillot révèle la grande originalité de sa démarche. Comme pour les autres meubles, chaque détail de la structure des chaises est sculpté d’un foisonnement de motifs historicistes, qui voisinent avec des thèmes plus étranges d’inspiration symboliste. Griffes de lions vigoureuses, colonnettes torses, rangs de perles décroissantes, rosaces mouvementées traduisent le souci qu’a eu Grasset de renouveler le vocabulaire ornemental.

La construction de ces sièges révèle l’intérêt que l’auteur a porté aux leçons de Viollet-le-Duc. S’inspirant de l’arc-boutant, il prolonge le montant du dossier en une audacieuse diagonale qui sert de pied avant, sur laquelle il pose une petite béquille en appui pour soutenir l’assise. Les chaises de 1881 annoncent la version modifiée de 1905 que Grasset a créée pour Madame Seure. Elles constituent un maillon intéressant et peu connu dans les recherches qui aboutiront au porte-à-faux moderne.

Odile Nouvel-Kammerer, conservatrice en chef au Musée des Arts Décoratifs, département XIXe

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