Louise Emery
Vers 1900
Griffe sur le cordon de taille : « Robes & Manteaux/Louise Emery/13 rue Royale/Paris ». Soie : taffetas blanc uni brodé soie blanche, mousseline blanche, satin rose ; coton : dentelle aux fuseaux rebrodée, broderie à la machine sur tulle à mailles carrées et broderie en relief sur tulle à mailles hexagonales. Paris
Inv. 2004.231.1
Don de Mlle Liane Lehman – Ault

Griffée d’une maison parisienne qui eut Mata Hari pour cliente, d’une pluralité de techniques représentative du goût de l’époque pour le travail d’assemblage, cette robe remploie un châle de Manille, pratique à rapprocher de celle, plus connue, de châles cachemire sous la forme de visites. Elle a une coupe asymétrique sur le devant, avec un lourd gland de passementerie blanche à droite, une bande ajourée à gauche (dentelle aux fuseaux laissant apparaître le fond satin rose), opposée à l’oiseau brodé qui ferme la composition de l’autre côté, alors que le dos recherche la symétrie, jusque dans la disposition de la broderie du châle de part et d’autre de la bande verticale en dentelle aux fuseaux. Ce parti mixte s’insère dans la longue histoire à éclipses de l’asymétrie dans la mode occidentale.

Cette robe fait partie d’un ensemble de vêtements provenant de la tragédienne Eugénie Segond-Weber. Née à Paris le 6 février 1867, elle était la fille de Charles Weber, qui, secrétaire et trésorier d’Edouard Lockroy, puis chef du 66e bataillon de la Garde nationale pendant la Commune, disparut en mai 1871. Attirée très jeune par le théâtre, Mlle Weber se présenta au Conservatoire à 16 ans, en 1883. Engagée à l’Odéon le 5 août 1885 pour jouer dans Les Jacobites de François Coppée, elle y fut célébrée par Jules Lemaître dans ses « Impressions de Théâtre » publiées dans Le Journal des Débats. Elle rejoignit la Comédie-Française le 1er juin 1887 et poursuivit une longue carrière de tragédienne jusqu’en 1944. Elle mourut le 14 juin 1945.

Jean-Paul Leclercq

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