Services de table Résonnance et jeu de couvert FB7

François Bauchet
2001

En 1999, le VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement) sélectionne le designer François Bauchet pour une « Carte Blanche » portant sur les arts de la table. Celui-ci réfléchit, en effet, depuis longtemps aux techniques de la céramique. Dans les années 1970, Jean et Jacqueline Lerat l’ont initié à ce matériau, qu’il a continué a travailler par la suite, notamment à Gien, puis pour la Fondation Cartier et récemment à Vallauris (notice d’acquisition n° 57, Revue du Louvre, 3 - 2000). Il appréhende les arts de la table le plus globalement possible, en se penchant à la fois sur la forme des assiettes, des couverts et des verres.

Le designer définit la forme des couverts en réfléchissant aux volumes et aux reliefs qu’ils impriment à la main, et au sens qui en découle. Chaque couvert est un outil que l’on tient en main pour effectuer un geste et une action précise : découper, étaler, piquer. Il imagine ainsi une petite pelle pour ramasser les aliments dans l’assiette lorsque le plat servi ne nécessite pas l’usage d’un couteau, par exemple, un poisson qui se délite ou des légumes. La fourchette traditionnelle fonctionne en duo avec le couteau pour les viandes ou autres plats nécessitant l’usage d’une lame qui découpe. La fourchette à deux dents, plus étroite, sert à piquer des aliments dans un assortiment. Le petit touilleur, lui, est un outil d’appoint. Il peut servir de mélangeur, il cueille le sucre en poudre et le mélange dans la tasse, ou bien permet de se servir d’une crème ou d’une pâte à étaler. La plaquette commerciale d’Ercuis le présente comme un couvert à caviar.

Chacun de ces couverts répond ainsi aux nouvelles habitudes alimentaires, qui nous proposent des associations d’aliments parfois inattendues, où la nourriture est souvent servie prédécoupée et en plus petite quantité, et qui remplacent peu à peu les plats traditionnels en sauce.

Le toucher, la vue et l’odorat étant conjointement présents dans le désir que procure un plat cuisiné, François Bauchet fait intervenir l’ensemble des sens dans la conception de la vaisselle. La vue et le toucher sont sollicités par la présence de petits reliefs sous l’assiette, qui laissent une trace en creux sur la surface. Ils permettent de la structurer, afin qu’elle ne soit plus un désert dans lequel tous les aliments se confondent. Répondant au désir des chefs cuisiniers, qui souhaitent pouvoir orienter leur présentation de la nourriture dans l’assiette, François Bauchet imagine des formes qui puissent donner un axe à l’assiette, cet objectif devient décor. De même que pour les couverts, les formes et les typologies sont définies au regard de la cuisine contemporaine. Le designer imagine ainsi différents types de contenants, afin de s’adapter aux propositions inventives des chefs. Enfin, l’utilisation d’une porcelaine colorée d’un vert sourd et profond permet d’échapper à la froideur du blanc brillant de la porcelaine traditionnelle et révèle davantage le modelé des formes.

Une première mise en forme s’est faite, pour la vaisselle, à Limoges, au Craft - Centre de recherche sur les Arts du Feu et de la Terre - et pour les verres, au CIRVA - Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques - à Marseille. Les maquettes des couverts ont été réalisées dans son atelier personnel. Trois entreprises se sont engagées dans ce projet : Haviland et Imerys Tableware pour la vaisselle et Ercuis pour les couverts.

Ces dons Haviland et Ercuis viennent compléter un ensemble significatif de meubles et objets de François Bauchet faisant partie des collections du Musée des Arts Décoratifs.

Constance Rubini, assistante de conservation au Musée des Arts Décoratifs

Suivez-nous

Abonnez-vous à notre newsletter

fond=article-normal}{id_article}{env}