Le Moyen Âge

Sous le règne de saint Louis, au XIIe siècle, l’art de l’Occident connaît une période féconde et novatrice. L’art gothique s’affirme dès 1140, sous l’impulsion de l’abbé Suger, dans l’église abbatiale et la nécropole royale de Saint-Denis. Se détachant lentement de l’art roman qui le préparait, l’art gothique atteint son apogée de 1190 à 1260 environ. Le décor de nos cathédrales gothiques à fenestrages, remplages ou rosaces se reflète sur les arts décoratifs.

Avec son premier roman, Érec et Énide (1165), Chrétien de Troyes (vers 1135-1185) donne une orientation nouvelle à ce genre en l’éloignant de la chronique et en le centrant sur la destinée d’un héros ; le Roman de la rose (1230-1270), commencé par Guillaume de Lorris et achevé par Jean de Meung, constitue l’œuvre maîtresse du Moyen Âge. C’est aussi au XIIe siècle que s’installent les foires internationales. Les comtes de Champagne provoquent sur leurs terres des foires d’une ampleur inégalée ; on y vient d’Italie, d’Allemagne, d’Orient. On y négocie le drap, mais aussi les marchandises de luxe : soieries, vêtements, parures. Commerçants et artisans s’organisent en corporations. Dans les ateliers et dans les universités, la Sorbonne surtout, le savoir, pratique ou théorique, circule de mieux en mieux.

L’année 1328 marque la fin de la dynastie capétienne et le début de la guerre de Cent Ans sous le règne de Philippe VI de Valois. Dès 1340, des crises éclatent, aggravées par la terrible peste de 1348 qui frappe plus de la moitié de la population. Malgré les chevauchées meurtrières des Anglais en France, Charles V puis Charles VI favorisent un extraordinaire essor intellectuel et artistique.

À la fin du XVe siècle, le royaume est unifié grâce à la politique de Louis XI. Les premiers fondements de l’État moderne sont posés. En 1491 éclatent les guerres d’Italie. Désastreuses sur le plan militaire, celles-ci portent en France les ferments d’un art nouveau.

La Renaissance

Quoique marqué par le conflit permanent avec Charles Quint, le règne de François 1er (1515-1547) coïncide en France avec un profond renouveau artistique. L’impulsion vient d’Italie, où, sous le nom de Renaissance, s’est opérée à Florence et dans les grandes cités marchandes dès le début du XVe siècle une brillante transformation de l’art et de la pensée. En 1532, Rabelais fait dire à Gargantua écrivant à son fils : « Maintenant, toutes disciplines sont restituées, les langues instaurées, [...] tout le monde est plein de gens savants, de précepteurs très doctes, de librairies très amples. »

Facilitée par les progrès de l’imprimerie, introduite à Paris en 1470, la Renaissance témoigne d’un immense appétit de savoir et d’un inébranlable humanisme. Les auteurs tentent de rivaliser avec les modèles grecs et latins. Tandis que les humanistes multiplient les traductions de textes classiques, Du Bellay et Ronsard exaltent la valeur de la langue française. En 1580, Montaigne publie ses Essais. Architectures de transition, les châteaux de la Loire sont délaissés au profit des nouveaux chantiers d’Île-de-France : châteaux de Madrid (détruit), de Villers-Cotterêts... La « grosse tour » du Louvre médiéval est détruite en 1528 et le château est peu à peu reconstruit à partir de 1546.

Séjour favori de François 1er, Fontainebleau sera le lieu des grandes expériences décoratives, menées sous la direction de deux artistes italiens, Rosso puis Primatice. Protégés par les puissants, familiers des humanistes, les grands artistes accèdent au statut de créateur, se soustrayant aux contraintes des corporations. Si la Renaissance rayonne par une culture revigorée, elle comporte aussi sa part d’ombre. À partir de 1562 et jusqu’à la fin du siècle, les guerres de Religion ensanglantent et divisent la France.

Les métiers du retable

L’exécution d’un retable était un travail collectif. Menuisier ou « huchier », sculpteur, doreur et peintre travaillaient souvent sous la direction d’un seul maître. Ce dernier passait contrat avec le commanditaire, fournissait le projet, répartissait les tâches et contrôlait la réalisation. À la fin du Moyen Âge, l’usage du contrat écrit se généralisa. On y mentionne le délai de réalisation, le paiement, les matériaux employés, éventuellement certaines exigences du commanditaire liées à la représentation du sujet.

Le menuisier réalisait la caisse (ou huche) et parfois les éléments décoratifs ; le sculpteur les statuettes et figures en relief des volets et, souvent, leur mise en couleurs. Le doreur posait les précieuses feuilles de métal sur le « bol », enduit coloré brun, rouge ou orangé posé sur le bois, puis procédait au brunissage ou polissage à l’aide d’une pierre dure. Le retable était composé le plus souvent de volets peints fermants, qui ne s’ouvraient qu’à l’occasion des fêtes religieuses. Le peintre devait soigneusement préparer son panneau avant de le peindre : rebouchage des nœuds et imperfections, encollage d’une toile fine, pose de plusieurs couches d’enduit à base de craie ou de plâtre. La peinture à la détrempe, qui liait les pigments avec de la colle, de l’œuf ou du lait, fut peu à peu supplantée par la technique à l’huile au cours du XVe siècle.

La chambre gothique

Au XIVe siècle, le mobilier de la chambre à coucher se compose essentiellement d’un lit, d’un coffre, d’un banc, d’une ou plusieurs tables à tréteaux pour les repas, d’escabeaux et d’un dressoir. Au XVe siècle s’y ajoute la chaire, réservée au seigneur ou à son épouse.

On dormait en couple ou à plusieurs, jusqu’à six ou huit personnes, sur un matelas de paille souvent recouvert d’une couette de plume. Par crainte de la position horizontale, associée à la mort, on ne dormait jamais complètement allongé. Aussi le lit était-il assez court. Mais sa largeur souvent considérable obligeait à s’aider d’un bâton pour mettre les draps.

Au XVe siècle, le lit à dais apparaît dans les intérieurs royaux ou seigneuriaux. Le plus souvent posé sur une estrade, le lit du seigneur est placé à proximité de la cheminée. Mais la première richesse de la chambre réside dans son décor textile : tentures de soie parfois tissées d’or et d’argent, tapisseries, couvertures doublées de martre et de zibeline.

La table du seigneur

Aux XIVe et XVe siècles, avec la gastronomie naissante apparaissent les premiers livres de cuisine, comme Le Viandier, attribué à Taillevent, maître queux des rois Charles V et Charles VI. Les jours de festin, la table est dressée sur des tréteaux dans la grande salle du château. Elle est recouverte d’une nappe de lin brodée ou damassée. Les convives sont répartis sur un seul côté, pour faciliter le service.

Sur le dressoir à gradins, parfois protégé par une barrière, l’hôte dispose vaisselle précieuse et orfèvrerie. Le rafraîchissoir est généralement posé sur le sol. Les mets sont apportés dans des plats couverts où les convives se servent avec les doigts ou à l’aide d’un couteau. Les viandes sont découpées par l’écuyer tranchant et apportées dans un plat. Des tranches de pain rassis ou tranchoirs font office d’assiettes. Coupes à boire et hanaps sont partagés par plusieurs convives.

Le décor de grotesques

Les premiers visiteurs qui, vers 1480, découvrirent à Rome les ruines de la Maison dorée (Domus Aurea) construite par Néron en 64-68 après J.-C. se crurent dans des grottes. D’où le terme de grottesco désignant le décor peint des murs et des voûtes.

Composé d’une multitude de personnages et d’animaux réels ou chimériques, de guirlandes, rinceaux et lambrequins, ce décor fascina les artistes par sa fantaisie. De nombreux recueils de gravures destinées à servir de modèles en assurèrent la diffusion à travers toute l’Europe.

Du mobilier à la tapisserie, de l’orfèvrerie à la verrerie en passant par la céramique ou le décor mural, le décor a grottesco se répandit comme une traînée de poudre dans l’art de la Renaissance. L’école de Fontainebleau en donna de somptueuses variations. Cette révolution stylistique marqua le décor européen pendant plusieurs siècles.

Les émaux peints

Après une torpeur de près d’un siècle, le travail de l’émail reprend à Limoges dans la seconde moitié du XVe siècle, peut-être stimulé par les exemples lombards et vénitiens. Aux émaux champlevés succèdent les émaux peints, production qui vaut à Limoges de retrouver sa primauté en Europe. L’objet de cuivre reçoit une couche d’émail uni. Après une première cuisson, la peinture proprement dite est exécutée à l’aide d’émaux de couleurs puis passée à nouveau au four.

Les émaux se composent d’un pigment à base d’oxyde métallique mêlé à un fondant à base de silice qui assure la vitrification lors de la cuisson. Un autre procédé consiste à dessiner sur le cuivre ou sur un fond d’émail blanc à l’aide d’un émail foncé. Après une première cuisson, la mise en couleurs et le modelé sont obtenus par des émaux translucides, qui laisseront apparaître le trait sombre par transparence. Des applications d’or ou d’argent peuvent rehausser les parties éclairées.

Apparue vers 1530, la grisaille se compose d’une première couche d’émail foncé sur laquelle, après cuisson, on dépose une couche d’émail blanc. Le dessin est gravé par enlevage partiel du blanc à l’aide d’une aiguille métallique ou d’une spatule. Après une seconde cuisson, certaines parties peuvent être rechargées d’une ou plusieurs couches d’émail, afin d’obtenir un modelé plus doux.

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