Edouard Lièvre (1828-1886)
Maison Ferdinand Barbedienne (1838-1955)
Vers 1880
Bronze ciselé, ajouré et patiné
H. 1,59 m ; L. 0,64 m ; P. 0,60 m.
Inv. 2004.187.1
Don de M. Roberto Polo - Paris
© MAD, Paris

Un dragon terrifiant, gueule ouverte, enserre dans ses griffes un vase orné de grues. Cette vision chimérique se déploie sur un guéridon, dont le pied façon bambou est orné de petits dragons et de tortues. L’origine de cette jardinière est composite : le vase semble de fabrication japonaise ; sa base, signée par un atelier de l’époque Edo, pourrait remonter au début du XIXe siècle, tandis que la partie supérieure correspondrait aux modèles nippons destinés à l’exportation en Europe et daterait de la seconde moitié du XIXe siècle. Enfin, le guéridon a été exécuté par le fondeur Ferdinand Barbedienne sur un dessin d’Edouard Lièvre, vers 1880.

Outre qu’elle illustre les développements du goût japonisant, cette pièce saisissante appartient à la tendance symboliste dominée par des visions d’horreur, où les dragons occupent une place essentielle. Celui de la jardinière est très proche du brûle-parfum rapporté par Cernuschi (inv. M.C. 2082), dont la collection avait été présentée à Paris en 1873. A l’occasion de cette exposition, la maison Barbedienne avait ré-assemblé le grand Bouddha, première et forte expérience d’intervention sur des objets fabriqués au Japon. L’étape suivante a consisté à utiliser des fragments d’œuvres extrême-orientales pour les intégrer dans des meubles et objets éclectiques, que Lièvre a créés avec une grande liberté, comme son contemporain Gabriel Viardot. La salle « Fantasmes et tentations symbolistes » de la future galerie du XIXe siècle du Musée des Arts Décoratifs accueillera cette œuvre.

Odile Nouvel-Kammerer, conservatrice au Musée des Arts Décoratifs, département XIXe siècle

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