« Dans la grande forêt, un petit éléphant est né. Il s’appelle Babar. »
Jean de Brunhoff, 1931

80 ans plus tard, Babar devenu roi des éléphants, porte toujours son « costume d’une agréable couleur verte ». Il reste certainement l’un des héros de la littérature jeunesse les plus prisés des enfants mais aussi et surtout de leurs parents et grands-parents qui associent Babar à leur plus tendre enfance. Il fête aujourd’hui son anniversaire dans la galerie des Jouets du MAD. L’exposition retrace les aventures du pachyderme le plus célèbre depuis sa création en 1931. Ce succès planétaire revient avant tout à l’un de ses créateurs, Laurent de Brunhoff, qui dit : « Je me suis concentré toute ma vie sur Babar. J’ai été babarisé ! »

« Je suis peut-être un vieux mec, mais je grimpe aux arbres comme un singe, j’escalade les rochers comme une chèvre, je nage sous l’eau comme un poisson. J’ai eu la chance d’avoir le talent qui m’a permis de redonner vie à Babar », Laurent de Brunhoff, Mémoires, New York, 2005

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Partenaires de l’exposition

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Les costumes de Babar, Céleste et Arthur présentés dans l’exposition ont été réalisés par le Lycée Jules Verne, 1re année DMA (diplôme des métiers d’art) costumier du Lycée Jules Verne, Satrouville.

Commissaire de l’exposition
Dorothée Charles, assistée de Simon Hübe

Scénographe
Éric Benqué, assisté de Pierre Ménard

Graphisme
Agnès Dahan Studio, avec Raphaëlle Picquet

Présentation

« Dans la grande forêt, un petit éléphant est né. Il s’appelle Babar. »

Jean de Brunhoff, épreuve aquarellée pour Le Roi Babar, p. 14, 1933
H. 24,5 ; L. 24,5 cm
New York, Mary Ryan Gallery
© DR

Un soir d’été de 1930, Cécile de Brunhoff, la mère de Laurent et Mathieu, raconte l’histoire d’un petit éléphant dans la jungle, qui s’enfuit à la ville après qu’un chasseur a tué sa maman. Cette histoire aurait pu rester anonyme mais les enfants la racontent à leur tour à leur père, Jean de Brunhoff, peintre. Séduit, il en réalise un album à l’aquarelle qu’il intitule Histoire de Babar le petit éléphant. L’oncle, Lucien Vogel, éditeur, convainc Jean de publier cet album. L’histoire de Babar paraît en 1931 aux Éditions du Jardin des modes, imprimé sur un beau papier épais et dans un grand format jusque-là rarement exploité pour un livre destiné aux enfants. Le succès est immédiat. Quatre-vingts ans plus tard, Babar porte toujours son « costume d’une agréable couleur verte ». C’est grâce à Laurent de Brunhoff, l’un des trois fils de Jean, décédé en 1937, que les aventures de Babar se poursuivent. Peintre lui aussi, il reprend les personnages inventés par son père, en intègre de nouveaux et agrandit la famille de Babar. Ainsi, père et fils ont inscrit cette œuvre dans notre patrimoine culturel.

Cette exposition retrace les aventures du pachyderme le plus célèbre depuis sa création à travers les albums mais aussi les jouets et les dessins animés. Elle convie ainsi plusieurs générations qui sont restées fidèles à ce célèbre roi ! La galerie des jouets se met à hauteur d’enfants et présente des planches originales, allant des premières esquisses aux croquis, en passant par les dessins affinés puis colorisés et mis en texte. Elle proviennent de prestigieuses institutions françaises et étrangères, telles que la Bibliothèque nationale de France ou la Morgan Library & Museum et la Mary Ryan Gallery à New York, ainsi que de collections particulières.

Si les albums Babar sont à ce jour traduits en 27 langues, avec plus de 13 millions d’exemplaires vendus dans 167 pays, le personnage s’incarne aussi dans l’univers du jouet et du dessin animé. Les peluches fabriquées depuis les années 1930 font de Babar un compagnon de jeu dès la petite enfance, mais également le symbole d’un grand succès commercial. Babar demeure à ce jour une licence majeure sur le territoire français. Héros de longs métrages d’animation et de dessins animés télévisés, il est devenu aujourd’hui grand-père d’un petit Badou dans la série 3D intitulée Babar, les aventures de Badou diffusée dans TFou sur TF1.

Ce succès planétaire revient avant tout à l’un de ses créateurs, Laurent de Brunhoff, qui dit : « Je me suis concentré toute ma vie sur Babar. J’ai été babarisé ! »

Diaporama
Interview de Laurent de Brunhoff par Dorothée Charles

Laurent de Brunhoff
Interview réalisée par Dorothée Charles, juin 2011
Paris, Les Arts Décoratifs

Babar vu par 3 auteurs

Extraits du catalogue de l’exposition « Les Histoires de Babar »

Babar vu par…

Laurent de Brunhoff, planche originale pour Babar sur la planète molle, p. 27, 1972
H. 32,5 ; L. 25 cm
New York, Mary Ryan Gallery
© DR

Sylvain Tesson, un écrivain voyageur

« Babar, c’est Ulysse chez les éléphants. La paisible Ithaque de Célesteville attend le héros, au bout de l’odyssée. Pour les aventuriers des temps modernes, Babar est un modèle. Ce roi toujours impeccablement mis s’en va de par le monde équipé du minimum. Dans Le Voyage de Babar Jean de Brunhoff a dessiné le sac à dos du roi : un havresac tel qu’en portaient les scouts dans les années 1930. La première qualité du voyageur est la légèreté. Si l’on va battre campagne autant ne pas s’encombrer. Le génie des Brunhoff est d’avoir fait du plus lourd mammifère terrestre un monument de délicatesse. D’avoir poussé l’exercice à transformer le mastodonte en un aérostier, pilote de montgolfière. Et d’avoir demandé à cet animal, incarnant la force aveugle dans les savanes d’Afrique, d’endosser les atours du souverain raffiné. Babar : la pesanteur de la grâce. »

Farid Chenoune, un historien de la mode

« Babar adore être bien habillé, et même « très bien habillé ». Il aime les beaux habits, et les mots qui vont avec : « chic », « élégant ». Il aime être tiré à quatre épingles et a soin des détails : la pochette blanche, le discret liseré de la manche de chemise pointant sous la manche de veste. Babar a pour les vêtements et le prestige qu’ils procurent la passion naïve, dévorante, des primo-arrivants. Sa coquetterie est une addiction, l’addiction de ceux qui ne sont pas et voudraient être, n’ont pas et voudraient avoir, de ceux pour qui la conquête vestimentaire a la profondeur d’une conversion ontologique. Pour le petit éléphant échappé de la brousse découvrant la Ville après avoir fui le chasseur qui a tué sa mère, tout commence par l’abandon de la nudité animale au profit de la parure humaine, par une prise d’habit née du désir instantané, irrépressible, d’avoir lui aussi, comme les « messieurs » qu’il admire baba dans les rues, « un beau costume ». Ce beau costume, ce sera le complet vert.

Michel Pastoureau, un historien des couleurs

Jean de Brunhoff, épreuve aquarellée pour Le Roi Babar, p. 14, 1933
H. 24,5 ; L. 24,5 cm
New York, Mary Ryan Gallery
© DR

L’ours, le cochon, l’hippopotame et l’éléphant : tels étaient les élus de mon bestiaire enfantin (celui-ci n’a guère changé aujourd’hui, seul le corbeau s’y est introduit). En revanche, je détestais déjà les chiens, les lions, les chevaux, ne trouvais guère d’intérêt aux histoires de chats ou de lapins et ne comprenais pas que l’on puisse être captivé par les aventures d’une souris à grandes oreilles, auxiliaire de police et immuablement victorieuse de tous ses ennemis. À tout prendre, à Mickey je préférais Donald. Mais l’univers de Babar était moins agité et moins convenu que celui des héros de Disney. Et surtout, il était en couleurs, de belles couleurs franches, posées en aplat, enfermées dans des lignes claires. Parmi ces couleurs, le vert du costume du roi des éléphants tranchait sur toutes les autres. 60 61 Babar en effet est presque toujours vêtu d’un costume vert, d’une chemise blanche, d’un noeud papillon rouge et de souliers vernis noirs. Seules les cérémonies officielles et quelques épisodes particuliers le montrent habillé autrement. Le vert de ce costume, que j’ai encore dans l’oeil alors que je n’ai pas ouvert un album depuis plusieurs décennies, n’est en rien un vert ordinaire. C’est un vert tendre et sage, une sorte de « vert printemps », parfaitement uni et ne tirant ni vers le jaune ni vers le bleu.

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