Viviana Torun von Bülow-Hübe (Suède, 1927)
Vers 1951-58
Poinçon d’orfèvre et poinçon Minerve.
Argent, quartz rutile. L. 0,2 m ; l. 0,1 m.
Inv. 2004.17.1
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Entre 1948 et 1956, Viviana Torun von Bulow-Hübe (dite Torun) partage sa vie entre son atelier de Stockholm en Suède et de longs séjours en France, où elle dispose d’un atelier à Biot à partir de 1956. N’ayant pas de formation aux techniques de soudure, elle commence à créer lors de ses fréquents voyages en transportant un petit matériel portable dans ses chambres d’hôtel. Elle met au point une technique de travail légère et simplifiée grâce au martelage, à l’étirage et la torsion de tiges d’argent, avec une attention particulière à l’intégration du bijou sur l’anatomie féminine : « L’art du bijou doit se marier aux contours du corps de la femme, en un mot être sensuel » (The Silversmith of Biot, in Time, 1 er septembre 1961, p. 46). Elle crée son premier collier constitué d’une seule tige ouverte enlaçant le cou au début des années 1950 à Stockholm. Cette forme de torque ouvert asymétrique n’a pas de précédent connu dans l’histoire du bijou. Elle l’introduit en France et fait évoluer légèrement sa forme jusqu’en 1958, période de son installation à Biot. Le collier Body sculpture semble être un des premiers prototypes de cette forme, par sa très petite taille et sa ligne courbe plutôt courte, dont la largeur diminue de manière continue. Une version similaire signée elle aussi du seul poinçon de Torun est conservée dans la collection du Musée des Arts Décoratifs de Montréal. Une autre version, éditée par l’orfèvre danois Jensen après 1958 (qui prend en charge à partir de 1967 toute la production des créations de Torun), comporte quant à elle un mouvement d’encoche inscrit dans la courbure plus longue du métal, qui permet de mieux stabiliser le bijou sur l’épaule.

Les créations de Torun sont considérées comme pionnières et fondamentales pour le renouveau du bijou en France après-guerre. L’admiration de l’artiste pour l’art du sculpteur Brancusi, à qui elle rend visite à son atelier parisien en 1948, gouverne l’ensemble de son œuvre, tout comme la fascination pour la ligne courbe et la spirale, symbole de vie.

Frédéric Bodet, assistant de conservation au Musée des Arts Décoratifs, département Moderne et Contemporain

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