Objet-sculpture, Blue Ganesha, série Partitions

Laura de Santillana (1955- )
2003 Verre soufflé, feuille d’argent.
H. : 0,32 m ; L. : 0,32 m ; l. : 0,08 m.
Inv. 2004.173.1
Prov. Laura de Santillana - Venise (Italie)
Achat, acquis grâce au mécénat des Amis du MAD, avec la participation de l’artiste

Loin d’être une inconnue sur la scène internationale du verre contemporain, Laura de Santillana est la petite-fille de Paolo Venini. Elle fait ses classes dans l’entreprise familiale à l’époque où son père, l’architecte Ludovico de Santillana, ouvre les portes de cette prestigieuse et mythique manufacture de Murano à une nouvelle génération de créateurs.

Ses racines familiales et professionnelles la situent comme un membre éminent de l’aristocratie verrière internationale, mais c’est bien grâce à un travail personnel, d’une puissante originalité et d’une grande force plastique, qu’elle s’est imposée ces dernières années comme l’un des créateurs européens qui comptent, même sur le marché des Etats-Unis.

Commencée comme designer, sa carrière de verrier s’épanouit aujourd’hui comme concepteur de pièces uniques, comme créateur d’objets-sculptures réalisés en totale indépendance avec la complicité d’un talentueux artisan souffleur de verre, Simone Cenedese, un « Maestro » de Murano.

Le thème formel qu’elle met au point et qu’elle décline avec brio mais tout en subtilité est une sorte de stèle, faussement carrée, rarement plus haute que 50 cm et rarement plus épaisse que 5 cm. Les profils effilés suggèrent une fragilité qui n’est plus celle du matériau mais celle d’un « homme qui marche » et les faces proposent parfois un écran hallucinatoire d’où surgissent, entre deux couches translucides, des images de test de Rorschach ou lorsque les verres sont presque opaques des fragments de corps mis en valeur par la subtilité tactile et sensuelle des effets de surface, érodées, frottées, dépolies par un travail postérieur à froid, après le soufflage.

Dans la série des Partitions à laquelle appartient Blue Ganesha, Laura de Santillana expérimente l’intégration d’une nouvelle verticale, une pression-impression marquée dans le verre chaud et centrée sans exactitude. Avec cette seule variation, elle crée un groupe cohérent dont les œuvres sont fortement apparentées et où l’évocation peut être figurative ou abstraite. Ici les souples rondeurs et la couleur se décryptent en écho au sympathique dieu indien Ganesh, nous rappelant la familiarité de l’artiste avec le continent indien.

L’œuvre est entrée grâce aux donations des amis du musée qui au début de l’année 2004 passèrent un week-end verrier à Venise pendant lequel ils rencontrèrent l’artiste.

Jean-Luc Olivié, conservateur au Musée des Arts Décoratifs, département Verre

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