STEPH SIMON
Fer de lance de la modernité, la galerie Steph Simon est emblématique du développement de la Rive gauche dans le commerce du meuble d’avant-garde. Agent commercial de L’Aluminium Français, Steph Simon rencontre Jean Prouvé qui l’engage en 1949 pour diffuser son mobilier. En mars 1956, il inaugure au 145 boulevard Saint-Germain la galerie Steph Simon. Charlotte Perriand s’occupe de l’aménagement du lieu. Pour Steph Simon, cette galerie doit avoir « un caractère de choc » et proposer périodiquement des expositions. Il présente des modèles exclusifs de Jean Prouvé et Charlotte Perriand, des luminaires de Serge Mouille, des céramiques de Georges Jouve et Norbert Pierlot. Plus tard, il diffuse les pièces d’Isamu Noguchi, Sori Yanagi, Tecno… La galerie ferme en 1974.


CHARRON
Directeur d’une manufacture à son nom, boulevard de Charonne, Georges Charron fonde, avec les conseils de Louis Brulliard, rédacteur en chef de Meubles et Décors, le Groupe 4. avec de jeunes créateurs : René-Jean Caillette, Geneviève Dangles, Joseph-André Motte, Alain Richard. Une enseigne au nom du Groupe 4 ouvre en 1953 à Paris, rue Notre-Dame-de-Lorette, et propose un mobilier rationnel adapté à l’habitat moderne. Certains meubles font l’objet d’innovations : bois courbé à chaud pour une série dessinée par Joseph-André Motte à partir de 1954, miroirs orientables avec éclairage indirect pour la coiffeuse de René-Jean Caillette. Dans la décennie suivante, et jusqu’à sa fermeture en 1972, le mobilier édité par Charron devient plus luxueux et s’adresse à une clientèle aisée.


STEINER
Spécialisée dans le siège, la maison Steiner est créée en 1926 par Charles Steiner. En 1948, son fils Hugues reprend l’entreprise. Désireux de promouvoir l’avant-garde, il fait appel dès 1951 à Pierre Guariche qui dessine les premiers sièges en contreplaqué moulé. À partir de 1954, Steiner collabore avec l’ARP fondé par Pierre Guariche, Joseph-André Motte et Michel Mortier. La dissolution du groupe en 1957 n’empêche pas Steiner de travailler avec chacun de ses membres ainsi qu’avec René-Jean Caillette. Steiner, Disderot et Minvielle innovent alors avec une politique de publicité et distribution communes. Steiner inaugure, dans les années 1960, une usine moderne à Noisy-le-Grand et fait appel à Claude Courtecuisse, Pascal Mourgue et Kwok Hoï Chan.


LES HUCHERS-MINVIELLE
Charles Minvielle oriente l’affaire familiale vers la modernité en faisant appel au début des années 50 aux membres de l’ARP. En 1956, l’ARP conçoit un système de meubles par éléments qui va faire sa réputation. Avec un système de montage permettant d’agrandir au gré des besoins la composition, ces éléments offrent une infinité de solutions. Parallèlement, Charles Minvielle innove en mettant en place son propre réseau de distribution. Dans cette optique, il fonde Les Huchers, qui fusionne en 1961 avec Les Éléments Minvielle pour devenir Les Huchers-Minvielle. Les magasins sont installés dans toute la France. Désireuse de se diversifier, la société développe un secteur bureau et fait appel à Pierre Guariche, Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq. En 1970, Charles Minvielle vend son entreprise.


MEUBLES TV
Meubles TV est fondée avant la guerre par Tricoire et Vecchione, d’où le sigle TV. Les débuts sont marqués par une production traditionnelle mais, grâce à Lucien Veillon, journaliste à Combat, Robert Vecchione rencontre, à partir de 1952, de jeunes créateurs : Pierre Paulin, Janine Abraham, Pierre Guariche, André Simard, Pierre Verdurier, Bernard Durussel. L’arrivée d’André Monpoix et d’Alain Richard marque un tournant décisif pour Meubles TV. Créateur exclusif de la marque à partir de 1955, le tandem réalise un mobilier aux lignes résolument contemporaines. Le showroom rue des Tournelles à Paris est aménagé par Alain Richard. Désireux de se diversifier, Vecchione installe une usine équipée d’un outillage moderne. L’entreprise s’arrête au début des années 70.


KNOLL INTERNATIONAL
Dirigée aux Etats Unis par Hans et Florence Knoll, Knoll International s’installe à Paris en 1951, au 13, rue de l’Abbaye, avant de déménager au 268, boulevard Saint-Germain en 1961. Avec à sa tête un directeur charismatique, Yves Vidal, Knoll International est le premier magasin à présenter un mobilier contemporain dans un environnement attractif. Ce modèle va servir d’exemple à nombre de distributeurs épris de modernité. Au total, dix succursales sont ouvertes en France, la première étant celle de Lyon en 1954. Une usine employant jusqu’à 250 ouvriers est installée en périphérie de Paris. La firme, qui a toujours privilégié le haut de gamme et les artistes internationaux (Eero Saarinen, Harry Bertoïa, Mies van der Rohe…) édite en 1970 le Culbuto de Marc Held.


PRISUNIC
En 1968, la chaîne de magasin Prisunic lance le premier catalogue de meubles et accessoires pour la maison. Les catalogues sont distribués par le magasin et la vente se fait par correspondance. Sur le modèle d’Ikea, Prisunic propose du mobilier dessiné par de jeunes créateurs. Terence Conran, le créateur d’Habitat à Londres, dessine la première collection. Olivier Mourgue, Gae Aulenti, Marc Held, Marc Berthier, Claude Courtecuisse, Pascal Mourgue vont participer à l’aventure. En 1970, Prisunic s’associe à Shell pour lancer un concours sur les nouveaux matériaux. Danielle Quarante remporte le prix avec les sièges Balthazar. Malgré le succès de cette enseigne qui revendique des produits populaires et beaux, l’aventure s’arrête en 1976.


ROSET
Créée par Antoine Roset en 1860, l’entreprise est reprise en 1946 par Jean Roset, son petit fils. Ce dernier l’oriente vers des productions adaptées à l’après-guerre : canapé-lit, bureau… En 1954, la venue de Michel Ducaroy est décisive. Avec lui, Roset innove avec des sièges tout mousse, révélateurs d’un nouvel art de vivre. Plusieurs modèles sont déclinés : l’Adria en 1969, le Kali en 1970 et surtout le Togo en 1973, grand succès commercial, tout comme le modèle Asmara créé par Bernard Govin en 1966. En 1970, l’arrivée du designer Philippe Morel-Lab voit la création d’un département meubles. L’entreprise décide à partir de 1973 d’établir un réseau commercial exclusif à l’enseigne de Ligne Roset. En 1975, l’entreprise lance une seconde marque, Cinna.


AIRBORNE
En 1951, Charles Bernard crée Airborne France, spécialisée dans le siège. La firme innove en faisant appel à de jeunes talents : l’ARP puis René-Jean Caillette, Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq. Pionnier du siège moderne et confortable, Airborne participe aux grands chantiers pour les collectivités. En 1959 Olivier Mourgue devient le créateur emblématique de la maison avec un premier modèle, Joker, suivi du Tric-Trac, Whist, Bouloum… Dans sa célèbre série Djinn (1964-1965), Airborne est l’un des premiers éditeurs à injecter de la mousse directement dans le tissu. En s’emparant des sièges de la série Djinn pour 2001 l’Odyssée de l’espace, Stanley Kubrick contribue encore à mythifier ces pièces. En 1974, frappé par la crise pétrolière, Airborne dépose son bilan.


ROCHE BOBOIS
Philippe et François Roche décident, à partir de 1958, d’orienter l’entreprise familiale fondée en 1850, vers la création contemporaine en distribuant Minvielle, Airborne, Meubles TV. Parallèlement Patrick et Jean-Claude Chouchan, propriétaires du magasin Au Beau Bois, distribuent eux aussi du mobilier moderne. Associés en 1960 sous le nom de Roche Bobois, ils ouvrent un magasin boulevard Saint-Germain aménagé par Pierre Paulin. Ils s’orientent vers l’édition de jeunes créateurs : Pierre Paulin, Marc Berthier… Hans Hopfer devient, au début des années 70, leur créateur emblématique et créé le Lounge, L’entracte et le Dromadaire. Grâce à un réseau de distribution dans toute la France, le rôle de Roche Bobois est considérable pour la diffusion du mobilier tant français qu’étranger.


MEUBLES ET FONCTION
Formé à l’école Boulle, Pierre Perrigault, est, à partir de 1954, responsable du showroom Knoll de Lyon. Fort de cette expérience, il ouvre en 1959, avec son camarade de promotion Étienne Fermigier, l’enseigne Meubles et Fonction, au 135, boulevard Raspail à Paris. Partageant la même vision esthétique, ils lancent une édition de meubles réalisée par Negroni. Pierre Perrigault présente également une sélection de mobilier français et international aux technologies pointues : sièges de Pierre Paulin, Arne Jacobsen, Poul Kjærholm, Verner Panton, Osvaldo Borsani... Mais, bientôt, sollicité par les architectes, il s’oriente vers l’aménagement d’espaces de travail. Un deuxième showroom est inauguré en 1965, rue de la Glacière, puis un troisième en 1972 rue du Faubourg Saint-Honoré sous le nom de MFI (Mobilier Fonctionnel et Industriel).


MOBILIER INTERNATIONAL
Après avoir créé en 1956 la société Arflex France dont les locaux de fabrication sont situés rue Gobert, les frères Théo et Michel Schulmann décident de proposer une gamme plus complète et importent du mobilier d’Arne Jacobsen, Charles et Ray Eames, Poul Kjærholm, Verner Panton… En 1958 ils inaugurent rue du Faubourg-Saint-Honoré, un magasin Mobilier International. En 1959, un accord d’exclusivité est signé avec Herman Miller et en 1964, une usine ouvre à Tours permettant de fabriquer les produits sous licence. En 1968 un nouveau magasin est ouvert rue des Saints-Pères. Fabricant et diffuseur d’un mobilier étranger haut de gamme Mobilier International possède un réseau de distribution dans toute la France. L’entreprise est vendue en 1991.

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