Poursuivant la programmation de monographies organisées autour des grands maîtres de la mode du XXe siècle, Les Arts Decoratifs rendent hommage, pour la première fois à Paris, à Cristobal Balenciaga, célèbre couturier dont le parcours a infléchi l’histoire de la mode. 160 pièces retracent de façon chronologique et thématique l’œuvre de Balenciaga ponctuée par le regard de Nicolas Ghesquière, directeur artistique de la maison, dans une scénographie de Dominique Gonzalez-Foerster et Benoît Lalloz.

Né en 1895 à Guetaria au Pays Basque espagnol, Cristobal Balenciaga a consacré sa vie entière à explorer les techniques de la couture qu’il a poussées au plus haut niveau par la simplification intransigeante d’une coupe devenue légen-daire. A l’âge de 23 ans, il ouvre sa première maison de couture à San Sebastian, puis successivement deux autres, à Madrid et à Barcelone. Il monte régulièrement à Paris, achète des modèles chez les grands couturiers tels Elsa Schiaparelli et Madeleine Vionnet, dont il étudie la construction. Il en décortique minutieusement les structures, à la recherche de leurs secrets. Cet autodidacte apprend et s’imprègne ainsi des méthodes d’assemblages des grands noms de la couture parisienne, constituant la base de ses connaissances.

Fuyant la guerre civile en Espagne, il s’installe à Paris en 1937. Balenciaga est l’un des rares couturiers à avoir supervisé simultanément trois maisons, mais c’est indéniablement à Paris, au 10, avenue George V, que ses créations lui valent d’être couronné « Roi de la couture parisienne ». Dès ses premières collections, il impose son style par la perfection de sa coupe et sa fascination pour le noir profond. Il crée une silhouette faisant intervenir un jeu nouveau entre le corps et le vêtement où la souplesse règne sur une base classique pour mieux sublimer la femme Balenciaga. Influencé par la culture de son pays, le couturier y puise son inspiration : capes de toréador, robes d’infante, gamme de couleurs surprenantes, mantilles en dentelle noire ou drapés aux tonalités acidulées.

Balenciaga privilégie la volupté et l’esprit de pureté sans jamais se laisser aller à la flatterie du corps. Les carrures sont accentuées, évitant ainsi toute mollesse afin de déplacer le regard vers le buste et le cou. La taille disparaît. Maîtrisant les techniques acquises, il utilise une grande variété de matériaux. Draps de laine épais et côtelés, à la raideur sèche forment le vocabulaire de ses tissus irréguliers qu’il choisit pour leur interaction avec la lumière.

En février 1968, après avoir présenté sa dernière collection, il part en retraite en Espagne et ferme sa maison parisienne.Balenciaga aimait dire : « Un bon couturier doit être : architecte pour les plans, sculpteur pour la forme, peintre pour la couleur, musicien pour l’harmonie et philosophe pour la mesure ». Tout un programme pour ses successeurs...

Nicolas Ghesquière prend la direction artistique de la maison en 1997. Dès ses débuts, il signe avec détermination des collections sobres et maîtrisées cristallisant une vision très personnelle qui attire immédiatement l’attention. Il remporte un succès international et intègre rapidement le cercle fermé des directeurs artistiques qui ont su restaurer et perpétuer l’image et la légitimité des grandes maisons de la mode.

L’histoire Balenciaga réunit à la fois l’homme, Cristobal et sa Marque qui, trente-quatre ans après sa mort, s’inscrit non seulement dans un patrimoine collectif mais reprend place sur le devant de la scène internationale.

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