Winshluss a réalisé spécialement pour l’exposition quatre univers liés à la guerre, aux contes, aux animaux et à la société de consommation.

Barbapatomic, 2013

Œuvre réalisée spécialement pour l’exposition Winshluss, Un monde merveilleux, Les Arts Décoratifs, Paris

Winshluss, diorama Barbapatomique, 2013
Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris
© Winshluss

Jouer à la guerre, pour un enfant, n’a pas toujours eu le même sens selon les époques. Les nobles et les princes étaient formés à l’art de la guerre dès l’âge de six ou huit ans. De l’époque napoléonienne jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les jouets guerriers s’appropriaient l’Histoire. Puis les guerres réelles se sont effacées au profit de combats imaginaires nourris par la littérature, le cinéma, la télévision et la Bande-dessinée. Dans un paysage champêtre et vallonné, Winshluss imagine une armée de soldats dotée de tanks, d’avions hypersoniques et d’hélicoptères. Cette armée est prête à combattre un monstre fluo et gluant qui a des airs de Barbapapa. Jouer à aligner ses petits soldats, jouer aux cow-boys et aux Indiens, lutter contre des monstres féroces, tous ces modes de jeux soulèvent fréquemment des controverses sur la violence, mais ; comme le souligne Umberto Eco dans une lettre à son fils dans les années 1960 : « Tu te libéreras de tes rages, de tout ce que tu réprimes en toi, et tu seras prêt à accueillir d’autres messages, qui n’ont pour objet ni mort, ni destruction. » Le jeu guerrier pourrait donc n’être que simulacre et exutoire nécessaires.

Une histoire et au dodo, 2013

Œuvre réalisée spécialement pour l’exposition Winshluss, Un monde merveilleux, Les Arts Décoratifs, Paris avec le concours de la Galerie G.-P et N. Vallois, Paris

Pour Winshluss, les contes évoquent des souvenirs d’histoires horribles, ambiguës, sordides. Enfant, il écoutait souvent le disque de Barbe Bleue et en transpirait de peur. Il se souvient qu’il tentait de dire à la fille de ne surtout pas prendre la clé ! Pour Un monde merveilleux, il propose une relecture de sept contes issus de la culture populaire et écrits par Perrault, Andersen et les frères Grimm. En choisissant La Petite Sirène, Hansel et Gretel, La Petite Marchande d’allumettes, Le Petit Poucet, Pinocchio, Jack et le Haricot magique et Le Petit Chaperon rouge, il revient au principe originel du conte, qui aide l’enfant à entrer dans l’âge adulte. Chaque histoire est conçue comme un théâtre de papier dont la scène est composée de plusieurs plans découpés et éclairés. Au fond de la mer remplie de détritus, la petite sirène a pris de l’embonpoint. Elle passe ses journées avachie devant la télévision et se gave de junk food. La maison de pain d’épices d’Hansel et Gretel s’est transformée en maison Burger tenue par le clown Ronald McDonald. À force de vouloir vendre ses allumettes pour se réchauffer, la petite marchande met le feu à la ville. Les cailloux du Petit Poucet se sont transformés en poudre toxique et ce seront des dépouilles de corbeaux qui lui permettront de retrouver son chemin. À la fin, tout est bien qui finit bien : le Petit Chaperon rouge a pris la tronçonneuse pour découper le loup !

Il y a 5000 ans disparaissaient les dinosaures, 2013

Œuvre réalisée spécialement pour l’exposition Winshluss, Un monde merveilleux, Les Arts Décoratifs, Paris, avec le partenariat de Papo.

Winshluss, diorama Arche de Noé, 2013
Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris
© Winshluss

L’animal, un des thèmes iconiques de l’enfance, est omniprésent dans la bande dessinée. Dans ses dessins, Winshluss développe un bestiaire riche en créatures étranges. Le petit singe Smart Monkey aux manières espiègles est confronté à de nombreux prédateurs dans la jungle ; dans Pinocchio, la blatte remplace le cafard, mais il y a aussi l’armée de loups, le pingouin, les mouettes, les corbeaux, les poissons et un éléphant. Winshluss s’empare d’un épisode de la Bible, celui de la Genèse avec l’Arche de Noé. Ce jouet a beaucoup été produit depuis la fin du XIXe siècle. À cette époque, l’Arche de Noé était un des rares jouets tolérés le dimanche dans les pays protestants. Winshluss met donc en scène un navire regorgeant d’espèces animales en plastique, allant du mouflon au gnou, en passant par la brebis mérinos et la baleine à bosse. Sur la proue de cette arche improbable figure une pancarte qui indique « complet ». Au loin, postés sur un rocher, des dinosaures et une licorne emportée par les vagues les regardent s’éloigner. Un monde merveilleux cruel et drôle à la fois dans lequel Winshluss n’oublie pas les exclus et les rescapés de la société.

Consommer c’est rêver, 2003-2013

D’après le Supermarché Ferraille, œuvre réalisée par Cizo, Felder et Winshluss

En 2001, Les éditions Requins Marteaux ont proposé au festival d’Angoulême une exposition mettant en scène la société de consommation, à travers le Supermarché Ferraille. Le visiteur déambulait dans des rayonnages avec son caddie et pouvait être kidnappé par des chefs de rayon assurant des animations commerciales. En sortant, le visiteur pouvait boire un verre dans un bistrot, acheter une bande originale de rock et de la BD underground. Winshluss recrée aujourd’hui un Supermarché Ferraille, dans lequel il expose des boîtes de conserve sur des étalages proposant des produits exclusifs comme La saucisse aux Hamsters, une Pizza 3000, des Miettes de dauphin ou encore des Pieds de porc. Winshluss détourne l’univers qui le faisait rêver enfant : les étiquettes, les packagings colorés, les promotions à profusion. À travers sa relecture burlesque, il fait une critique de notre société consumériste. Un monde merveilleux, c’est en fait celui que l’on tente à tout prix de nous vendre depuis notre plus tendre enfance !

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