« D’ici et de là-bas (et inversement) », par Alain Le Quernec

In « Michal Batory, Le graphisme émotionnel », éd. Drzewo Babel - Extraits

On ne peut parler du travail de Michal sans évoquer ces relations graphiques franco-polonaises. Michal honoré dans son pays la Pologne mais dont la notoriété a été paradoxalement acquise en France. Pour moi, Michal Batory est l’un des meilleurs affichistes français et un des rares dont la production soit visible. A chacun de mes voyages parisiens, je ne peux échapper à ses affiches de théâtre. Le talent de Michal a prospéré sur le terreau français qui, au travers des commandes qu’il a reçues, lui a permis de devenir le créateur que nous connaissons. (…) Cela n’est pas venu tout seul. Les premières affiches (…) n’avaient pas la force qu’elles ont acquise par la suite. Je me souviens avoir découvert plus tard une série d’affiches plus fortes les unes que les autres. (…) M’être dit à l’époque qu’il était rare de voir une progression aussi soudaine. Le langage graphique de Michal est ce que j’appellerais un langage classique, dans la mesure où il emploie des codes surréalistes de la juxtaposition, de la superposition, de la fusion. L’esprit du surréalisme, qu’il soit de Magritte, de Dali ou autres, a inspiré et influencé toujours de nombreuses productions graphiques, tout particulièrement en Pologne, à l’instar de Starowieyski et sa cohorte d’imitateurs (…). L’image dans les années 70-80 était dessinée par tradition d’une part et en relation avec les technologies d’impression d’alors. A l’époque, en Allemagne (de l’Ouest) se développait avec Matthies, Grindler, Rambow, etc. un mouvement d’affiches culturelles qui utilisait également les codes du surréalisme mais en utilisant la technique du trucage photographique, images en noir et blanc (…). L’ordinateur et la révolution technique qui en a découlé a bien évidemment bouleversé les données en facilitant la manipulation des images de plus en plus souvent photographiques. Il faut dire que l’art de l’affiche s’accommode bien des codes de lecture issus du surréalisme, dans la mesure où ils permettent de fusionner deux images à priori étrangères l’une à l’autre, faisant naître une perception particulière, un sens nouveau. Michal n’est pas le seul graphiste à pratiquer cette technique de l’amalgame et du trucage photographique, mais ses images singulières et sensibles font naître une émotion que je ne retrouve pas ailleurs (…) les distingue d’autres apparemment semblables mais plus factices, plus convenues et finalement plus primaires. Le travail de Michal est toujours d’une grande perfection technique et typographique (…) mais celle-ci sait se faire oublier au profit du concept véhiculé. Les images de Michal qui me fascinent le plus sont celles qui mettent en scène les objets de la banalité, de la quotidienneté, des bâtonnets pour les oreilles, un sac plastique, des cintres de teinturiers, des objets à portée de la main. C’est dans cette relation intelligente à l’objet, dans cette sensibilité qu’il faut voir et sentir l’art de Michal. (…)

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