Le musée de la Mode et du Textile a choisi de consacrer une exposition au créateur japonais Yohji Yamamoto, qui s’inscrit dans le cadre de la programmation des monographies organisées autour des grands couturiers contemporains. De manière à rendre accessible à tous la lecture des mouvements et des phénomènes de mode, le musée poursuit ses invitations « carte blanche » en ouvrant ses portes à la création passée ou actuelle.

Pour la première fois à Paris, le public pourra admirer l’oeuvre de Yohji Yamamoto qui a accepté de présenter sur les deux étages du musée les faces cachées de son travail sur le vêtement ainsi qu’une sélection de modèles emblématiques de son parcours depuis ses premiers défilés, des années 80, jusqu’aux plus récents.

Soucieux de préserver les territoires d’une création dont il s’attache à dessiner et à redessiner les contours au gré de collections manifestes de prêt-à-porter, Yohji Yamamoto a réussi à imposer un vêtement qui lui est sien. Pour autant il a su, en collaboration étroite avec les directeurs artistiques Marc Ascoli ou M&M dans les années 1980 et 1990, développer une écriture particulière des images par des commandes photographiques, auprès de Nick Knight, Max Vadukul, Peter Lindbergh, Craig Mc Dean, David Sims, Paolo Roversi, Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin qui font date désormais dans l’histoire de la mode contemporaine.

Si ses premières collections produisent une sensation de nouveauté par le paupérisme apparent et poétique qu’elles dégagent, Yohji Yamamoto réussit peu à peu à construire et à maintenir un lien étroit entre sentiment nouveau de déconstruction qui caractérise sa mode et une sophistication qui le situe dans l’exact sillage des grands couturiers. De manière habile et nuancée il sait exprimer et citer pleinement comme nul autre des sources d’inspiration qui peuvent aller de Cristobal Balenciaga à Christian Dior ou Mademoiselle Chanel et à en extraire toute la modernité. Il en résulte un vêtement hybride, sans compromission, dans lequel on peut lire encore les influences d’une tradition japonaise qui n’entend pas traiter du costume comme il en est dans nos cultures occidentales.

Au premier étage, le musée se transforme en une évocation de l’atelier que Yohji Yamamoto occupe à Tokyo. Une installation monumentale de rouleaux de tissus, dont le choix précède naturellement la conception des vêtements ouvre l’exposition. Les ébauches et les vêtements en construction, en papier, en état de recherche, animent cet étage comme si l’équipe toute entière était sur le point de s’y installer.

Le bureau de la première d’atelier trouve sa place auprès de plusieurs toiles de patronage qui servent de documents de construction dans la réalisation d’une collection. Ailleurs les essais, parfois écartés, ont été sauvegardés et sont présentés comme les témoins d’une recherche en cours.

Dans une vitrine, les dessins à l’encre noire, tels que le créateur les conçoit, sont exposés au sol. Dans une autre vitrine, Yohji Yamamoto présente des murs de vêtements dont certains proviennent des collections du musée de la Mode et du Textile. Ils constituent une bibliothèque aux inspirations multiples. Cet étage s’achève par une programmation vidéo rétrospective des défilés du créateur.

Le deuxième étage révèle l’aspect abouti et la mise en lumière des collections réalisées. Le visiteur est surpris par le débordement apparent qui pousse les vêtements exposés hors des vitrines. A intervalles réguliers, près de 80 modèles, robes, manteaux, mais aussi de nombreux accessoires, choisis parmi les exemples les plus significatifs du travail de Yohji Yamamoto sont présentés sur des mannequins « couturières » remodelés et rigoureusement alignés. Assemblés par couleurs sombres ou éclatantes, ils ponctuent le cheminement de l’exposition avant un face à face final inédit qui rend hommage aux grands noms de la couture française.

Dans une scénographie signée Masao Nihei, collaborateur fidèle de Yohji Yamamoto, qui a assuré la direction artistique et défini le concept de l’exposition, les modèles sélectionnés contrastent avec l’épure du décor. Sur fond blanc nimbé de lumière, les découpes savantes et les lignes précises de chacun des vêtements restituent les principes inchangés de création d’un des plus influents couturiers de notre époque.

90 des modèles présentés font l’objet de l’exposition “Correspondences-Yohji Yamamoto” un projet de la Fondazione Pitti Immagine Discovery Galleria d’Arte Moderna de Palazzo Pitti - Florence du 13 janvier au 6 mars 2005.

Cette exposition a été réalisée avec le soutien de la Fondazione Pitti Immagine Discovery, en partenariat multimédia avec Comil.

Suivez-nous

Abonnez-vous à notre newsletter

fond=article-normal}{id_article}{env}