Christian Bérard, "le théâtre de la mode"


C’est à Paris en 1902 que nait Christian Bérard.  En 1920, il entre à l’académie Ranson où Edouard Vuillard et Maurice Denis lui enseignent la peinture. Son voyage en Italie, deux ans plus tard, lui permet de définir son style pictural poétique et coloré. En 1924, il suit les cours de l’Académie Julian, puis commence à exposer dès 1925 à la galerie Pierre avant de rejoindre à la galerie Druet, le groupe des « néo-humanistes ».

1926 est une année de rencontres majeures : Jean Cocteau, qui deviendra l’ami proche, et Boris Kochno, secrétaire de Diaghilev, directeur des Ballets Russes, qui deviendra trois ans plus tard le compagnon chéri.

Bérard, l’artiste, a un double, dit Bébé, personnalité mondaine qui se fait remarquer dans les grands bals des années 30 et 40, avec sa silhouette imposante et sa longue barbe que Jean-Louis Barrault qualifiait affectueusement de « moussue ». Il fréquente les stars de l’époque, écrivains célèbres, aristocratie bohème, riches collectionneurs, etc... Dans son monde, l’on croise Colette, la duchesse de Windsor, la vicomtesse de Noailles ou encore Gertrude Stein qui collectionnera ses peintures.

En 1930, débute la prolifique collaboration avec son complice Jean Cocteau, auteur et metteur en scène de théâtre, qui lui confie la réalisation des décors de sa pièce « La Voix humaine » à la Comédie-Française. La même année, la galerie Vignon et la galerie Jacques Bonjean présentent successivement ses œuvres.  Il faut attendre 1932 pour une première exposition monographique à la galerie Pierre Colle.

Programme de la Comédie des Champs-Elysées, théâtre Louis Jouvet, illustré par Christian Bérard, 1934

Programme du théâtre Michel, “Les Monstres sacrés”, 1940

Dessin pour le costume d’Isabelle dans “L’Illusion comique”, le Figaro Illustré, mars 1937, p.298.

Reconnu comme décorateur, il reçoit en 1933 des commandes de panneaux décoratifs pour les demeures privées de la comtesse Jean de Polignac et de la comtesse Pastré.

Artiste total, Bérard débute aussi en 1934 une carrière d’illustrateur au Harper’s Bazaar puis pour Vogue à partir de 1935. 

En 1934 il expose ses toiles à la galerie Julien Levy à New York puis à la galerie Etienne Bignon. Ce sera la dernière exposition de son vivant.

Art et Syle n°3, mars 1945

Vogue, août 1939

En 1937, l’artiste continue de concevoir des décors, mais étend sa créativité aux costumes de la pièce « L’Illusion comique » mise en scène par Louis Jouvet. En 1940, il œuvre à nouveau avec Jean Cocteau dont il imagine et réalise les décors des « Monstres sacrés » au théâtre Michel.

Il met aussi ses talents de décorateur au service de Jean-Michel Franck, pour le parfumeur Guerlain dont il décore en 1939 l’institut sur les Champs-Élysées.

En 1945, Bérard revient provisoirement à son premier amour, le portrait, en peignant délicatement le visage grave d’une femme marquée par la guerre. Il illustre ensuite la couverture du numéro hors-série de Vogue qui célèbre la Libération. Directeur artistique pour l’exposition « Le Théâtre de la mode », organisée par la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne afin de valoriser la couture française à l’étranger, il décore une salle du pavillon de Marsan. Il accompagnera l’exposition dans son itinérance à Londres en 1945 puis New York en 1946.

Libération, Vogue numéro spécial (hors-série), janvier 1945

Signes, Eté 1945, p.4

Les années 1946-47 lui apportent la consécration au cinéma avec la conception des décors de « La Belle et la Bête » de Jean Cocteau puis ceux du « Dom Juan » de Molière à l’Athénée, mis en scène par Louis Jouvet avec la musique du compositeur Henri Sauguet.

Programme du théâtre de l’Athénée, “Dom Juan”, illustré par Christian Bérard, 1947

Le bi-centenaire du Grand Véfour, textes de Jean Cocteau, Colette et Réné Héron de Villefosse, illustration du frontispice de Christian Bérard, 1949

Christian Bérard, abîmé par son addiction à l’opium qu’il partageait avec Jean Cocteau, est mort brutalement le 12 février 1949 et, comme Molière, sur une scène, celle du théâtre Marigny où il présentait son décor pour les « Fourberies de Scapin » de la compagnie Renaud-Barrault.

Il n’achèvera pas le magnifique recueil gravé et illustré, « Reines de la France », qui rassemble vingt femmes célèbres, reines de l'Histoire, figures emblématiques de la littérature, du théâtre et de l'élégance, réunies dans un ouvrage annoté par Guillaume, édité à 200 exemplaires environ par Maurice Darentière. Le texte est signé par Jean Cocteau, les vingt eaux-fortes sont de Bérard. 

Reines de la France, textes de Jean Cocteau, illustration de Christian Bérard, 1949

 

En mars 1949, le magazine Vogue lui rend un hommage post-mortem avec des lettres dont les auteurs sont Cocteau, Colette, Louis Jouvet, Jean-Louis Barrault, Henri Sauguet.

 

Hommage à Christian Bérard, Vogue, mars 1949

 

En 1950, un numéro spécial de la revue Labyrinthe lui est dédié avec des textes de Boris Kochno, Cocteau, Marie-Laure de Noailles, Henri Sauguet. La première exposition rétrospective de son œuvre se tient la même année au Palais de Chaillot à Paris.

Labyrinthe, numéro spécial sur Christian Bérard, février 1950

Catalogue d’exposition, Bérard, rétrospective au palais de Chaillot du 23 février au 23 avril 1950

 

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Pêlemêle de couvertures liées à Christian Bérard conservés dans le fonds  de la Bibliothèque des Arts Décoratifs