De l'importance du Motif. Jules Maciet ou l'utopie du classement - YouTube
Dans son hommage à Jules Maciet le 12 janvier 1912, Raymond Koechlin, président de la Société du Louvre, rappelait à ses condisciples, la part importante qu’avait eue Jules Maciet dans le renom et l’éclat du Musée des Art décoratifs. Collectionneur passionné et généreux, Jules Maciet fut un grand donateur pour le Musée, mais, c’est surtout pour la bibliothèque qu’il a élaboré, « [son] œuvre la plus originale, celle où il y a mis le plus de lui-même » : une encyclopédie par l’image, qui porte désormais son nom.
© photo : Martin Argyroglo
Maciet, déclarait, « qu’en matière d’art il tenait l’éducation livresque pour détestable » et que ce « qu’il avait appris…, il l’avait appris non dans les livres mais à bien ouvrir les yeux dans les expositions et les musées, et à regarder gravures et photographies ».
Il s’attacha ainsi à donner à voir au public de la bibliothèque, constituée à l’origine pour les artisans et les manufacturiers, une masse considérable d’images, comme autant de modèles et de références des savoirs et des savoir-faire de tout pays et de toute époque.
Dans un long et patient travail de collecte, de découpe, de collage et de classement, il conçoit ainsi une encyclopédie d’un million d’images en 5000 albums qui tapissent les murs de la salle de lecture et dont le classement alphabétique en 493 catégories devait obéir à la règle primordiale de la simplicité d’accès.
À l’instar des bibliothécaires borgésiens de Babel qui cherchaient le livre qui leur donnerait la clé de tous les autres, Jules Maciet souhaitait ainsi ordonner le monde pour le comprendre.
Lorsqu’on aborde pour la première fois cette entreprise utopique, sa forme et son ampleur nous font osciller entre le vertige d’un monde insaisissable et l’illusion d’un univers fini.