Collection de boules presse-papiers

Diverses techniques et cristalleries

Madame Yvonne Savy (1911-2003), née Serre-Mayeur, signait son œuvre de peintre du nom de Yo Sermayer. Epouse de Monsieur Jacques Savy, elle avait donné au centre du verre, après le décès de Monsieur Savy en 1985, dix belles boules presse-papiers (inv. 56155 à 56164) représentatives des productions des cristalleries françaises au milieu du XIXe siècle. Cette générosité vient d’être complétée par les dispositions testamentaires grâce auxquelles quarante six nouvelles boules provenant de la collection de Monsieur Savy entrent au Musée des Arts Décoratifs (inv. 2004.22.1-46).

Les boules presse-papiers apparaissent dans le répertoire des cristalleries françaises en 1845, période de crise où les produits de petits prix sont nécessaires à l’équilibre des manufactures, et restent très en vogue pendant une dizaine d’années. Quelques rares exemples entrent alors, en tant qu’échantillons techniques, dans les collections du musée national de la céramique de Sèvres et du musée national des arts et métiers. De nombreuses autres productions, moins documentées et identifiables, parcourent les XIXe et XXe siècles, jusqu’à la remise en fabrication sous forme de séries numérotées chez Baccarat et Saint-Louis au cours des années 1950.

Concentrés de savoir-faire, les boules de la période classique 1845-1855 commencent à être collectionnées dès les années 1920. Deux personnalités françaises contribuent à cette nouvelle évaluation, Colette, qui couvre son bureau de boules et insiste sur leur dimension poétique et affective, et Jeanne Lanvin, dont l’intérêt confère une dimension plus parisienne et mondaine à la collection de presse-papiers, véritable hobby. La collection de Jeanne Lanvin aurait été vendue peu de temps après sa mort au collectionneur Maurice Lindon (1905-1986), diamantaire à Paris. Actuellement, on n’en connaît aucune photographie ni inventaire anciens. Seules, des poignées de porte des appartements aménagés par Armand-Albert Rateau entre 1920 et 1922 permettent d’évoquer, au Musée des Arts Décoratifs et au sein des collections publiques française, ce goût de la célèbre couturière.

Yvonne et Jacques Savy, qui achètent encore en 1984, appartiennent aux deux générations suivantes de collectionneurs et à une époque qui, après les ventes du roi Farouk en 1954, voit surtout les collections privées et publiques américaines se développer. Avec la dispersion de la collection Meunier-Barandiaran chez Christie’s à Monaco le 16 juin 2001, le remarquable legs que nous recevons permet d’affirmer que quelques collectionneurs français, souvent discrets et même secrets, ont continué à apprécier ces charmants tours de force miniatures.

Jean Luc Olivié, conservateur au Musée des Arts Décoratifs, département verre

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