La collection des jouets sonores du musée des Arts décoratifs

La fanfare

La fanfare municipale en France connaît un rayonnement impressionnant à la fin du 19e siècle. Cymbales, tambours, trompettes... résonnent dans les oreilles des enfants et se retrouvent en miniatures dans les catalogues d’étrennes de l’époque.

Accueilli par une fanfare extraordinaire, le visiteur passe en revue une troupe hétéroclite, dans laquelle, du plus grand au plus petit, parfois animés d’un mécanisme, se côtoient, sans distinction d’âge ni de couleur, des personnages et des animaux. Le défilé se prolonge à l’infini grâce à des miroirs placés aux extrémités de la vitrine.

La fanfare est organisée telle une parade militaire. C’est la souris Jerry (Bully, 1987) qui joue le rôle du chef d’ orchestre en tapant sur un tambour. Italian Cat, le chat des Aristochats ferme la marche avec son accordéon (1972, Pintel). On retrouve parmi tous les musiciens, Woody le guitariste de Toy Story (2003, Hasbro), l’ours mécanique russe joueur de Balalaïka, Tiny Teddy au xylophone (Fisher Price,1955), les musiciens et danseurs qui ont célèbré le bicentenaire de la révolution française en 1989 orchestré par Jean-Paul Goude (Pixi, 1990), le clown automate François Fratellini et son banjo (1925), un soldat jouant de la grosse caisse (C.R., 1891).

Crécelle et sifflet

La crécelle est à l’origine un instrument musical religieux. Au lieu de sonner les cloches le jeudi et le vendredi, on fait sonner la crécelle. On s’en servait aussi lors des processions de carême et d’enterrements. Pour l’enfant, la crécelle en bois ou en métal prend des formes amusantes selon les fabricants.

Dans la collection des Arts Décoratifs, une série de tambourins-crécelles des années 1920-1930 de la société française J. Paturel & Cie offre un bel ensemble en métal lithographié avec le clown blanc et un personnage au visage souriant et grimaçant. Une autre série, en papier et carton avec un décor peint à la main, présente une galerie de portraits expressifs et colorés dont un chinois, une Marianne et une fillette aux couettes. On doit le dessin des scènes animalières à Benjamin Rabier.

Le poussah

Le poussah, aussi appelé culbuto ou ramponeau, est un personnage dont la base arrondie est lestée de sorte que, même si le jouet est frappé ou renversé, il se redresse toujours et revient à la verticale en oscillant. La collection des Arts Décoratifs présente un ensemble d’une vingtaine de ces jouets musicaux. En 1910-1920, la firme américaine Schoenhut fabrique Rolly Dolly, un clown culbuto en bois et biscuit peint. Les marques françaises Lardy et Maréchal se partagent dans les années 1970 et 1980, la production des poussahs en plastique avec des personnages et des héros de l’enfance comme Mickey, Donald, Winnie l’ourson, Bibifoc ou encore les Schtroumpfs...

Le hochet

Le hochet est certainement le plus ancien des jouets sonores. La collection des Arts Décoratifs est riche d’un ensemble exceptionnel de 37 hochets princiers du XVIIIe et XIXe siècle d’Italie et de France. Bijoux magnifiques, ils sont présentés dans un écrin comme chez le joaillier. Les hochets sont fabriqués en métal argenté, en corail, en os, en vermeil, en ivoire. Mis au cou de sa nourrice, il distrait l’enfant lorsque les clochettes s’animent ou lorsqu’elle siffle. Le manche en corail soulage les poussées dentaires de l’enfant qui le mordille.

Les décors représentent des figures porte-bonheur telles que Polichinelle, angelots et bergères mais aussi des motifs floraux, animaliers ou géométriques. Les matériaux utilisés mettent à l’abri des sorts. Corail et grelots chassent ainsi le diable et les esprits malins.

Pourtant le jouet ne manque pas d’être décrié dès le XVIIIe siècle. Jean-Jacques Rousseau écrit dans Émile ou De l’éducation, traité d’éducation (1762) : « On ne sait plus être simple de rien, pas même autour des enfants. Des grelots d’argent et d’or, du corail, des cristaux à facettes, des hochets à tout prix et de toute espèce : que d’apprêts inutiles et pernicieux ! Rien de tout cela ; point de grelots, point de hochets ; de petites branches d’arbre avec leurs fruits et leurs feuilles, une tête de pavot dans laquelle on entend sonner les graines, un bâton de réglisse que l’enfant peut sucer et mâcher, l’amuseront autant que ces magnifiques colifichets, et n’auront pas l’inconvénient de l’accoutumer au luxe dès sa naissance ».

Il faut attendre les années 1910-1920 pour voir apparaître le hochet en métal lithographié au manche en porcelaine dans la production du jouet français. La manufacture Camelin, spécialisée dans la fabrication de jouets en métal à musique, produit des hochets, des sifflets, des boîtes et des rouleaux à musique ainsi que toutes sortes d’instruments jouets.

Moulin et boîte à musique

Le moulin à musique en fer blanc lithographié, jouet dit « de bazar », est très populaire et bon marché dans les années 1920-1930. À chaque tour de manivelle, l’enfant s’amuse à jouer de la musique. Le jeu est encore plus drôle lorsqu’il tourne la manivelle de plus en plus vite. Décorés de saynètes enfantines, des fables de La Fontaine ou des contes de Perrault, ces moulins sont aussi l’occasion de représenter les styles et les tendances des différentes époques : les loisirs (tennis, badminton...), les transports (bateau, avion, montgolfière), la musique (le jazzband), le cirque. En France, les établissements Camelin et Haricot sont les grands producteurs de ces jouets des années 1910 aux années 1960.

Détrônées par le plastique, la mousse ou le tissu, les boîtes à musique prennent alors d’autres formes. Dans les années 1960-1970, Fisher-Price, Chicco ou Berchet produisent le carillon à suspendre et toutes sortes d’animaux mobiles ainsi que des tableaux d’éveil à placer dans le lit ou le parc. De nouvelles mélodies viennent ainsi bercer le sommeil de l’enfant.

Le tableau d’éveil

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