Le dessin sans réserve. Collections du Musée des Arts Décoratifs

du 23 juin 2020 au 31 janvier 2021

Le Musée des Arts Décoratifs présente les chefs-d’œuvre du Cabinet des Dessins à travers une grande exposition qui célèbre toute la richesse de ses collections. Uniques au monde, réunissant plus de 200 000 œuvres, celles-ci offrent un panorama très large de la création du XVe siècle à nos jours, en Europe et jusqu’au Japon. Méconnu, ce fonds est l’un des plus importants au monde. S’y côtoient des dessins de maîtres, tels Le Brun, Watteau, Fragonard, Degas ou Rodin, les œuvres d’ornemanistes et de décorateurs tels Chareau et Royère et des modèles pour la joaillerie et la haute couture.

Pour mieux saisir toute sa profusion et sa diversité, une sélection de 500 œuvres est présentée dans un parcours original sous forme d’abécédaire qui célèbre les thèmes chers au dessin (A comme Architecture ; P comme Paysages ; D comme Décor ; S comme Séduire). À travers une scénographie confiée au collectif H5, « Le dessin sans réserve. Collections du Musée des Arts Décoratifs » est une invitation à découvrir « de A à Z » des fonds complets d’artistes, des grands ensembles iconographiques et les découvertes stupéfiantes de ces dernières années.

Hashtag : #DessinSansReserve


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Commissariat

• Bénédicte GADY, conservatrice du patrimoine en charge du Département des Arts graphiques
• assistée de Sarah CATALA, conservatrice pensionnaire, The Getty Foundation, Département des Arts graphiques

Scénographie

• H5

dossier

Le dessin sans réserve : un chantier de restauration d’une ampleur inédite

Entre septembre 2019 et mars 2020 s’est déroulé un chantier de restauration de grande ampleur : plus de deux cents dessins des collections du Musée des Arts Décoratifs ont été restaurés pour l’exposition « Le dessin sans réserve ».

Exposition réalisée avec le soutien des mécènes du Cabinet des Dessins du Musée des Arts Décoratifs

Visite guidée de l’exposition par Bénédicte Gady, commissaire
Visite guidée de l’exposition « Le dessin sans réserve. Collections du Musée des Arts Décoratifs » par Bénédicte Gady, commissaire
Présentation
Pierre-Paul Prud’hon, Jeune homme nu, 1er quart du XIXe siècle
Don en souvenir de M. Émile Perrin, membre de l’Institut, hommage de son fils Émile, 1909
© MAD, Paris / Photo : Jean Tholance

Sur une idée de Marie-Noël de Gary, François Mathey, alors conservateur en chef, crée le cabinet des dessins en 1974. La collection elle-même se constitue dès les années 1880, peu après la fondation de l’institution. Des donations légendaires d’éminents amateurs d’art sont à sa source telles celles de Jules Maciet, auteur du projet utopique d’encyclopédie par l’image, ou encore Philippe de Chennevières, l’un des plus célèbres collectionneurs. Des achats judicieux en vente publique (1885, 1891, 1896) complètent ces générosités comme ceux des dessins de meubles d’André Charles Boulle, d’une grande rareté, en raison de l’incendie qui détruit son atelier en 1720.

Les artistes et leurs descendants ont également largement contribué à enrichir le Cabinet par des dons majeurs, comme Auguste Rodin qui donne huit de ses dessins en 1908, ou bien Jean Dubuffet, Jean Royère et Emilio Terry qui offrent au musée des ensembles complets issus de leurs fonds d’atelier, apportant un éclairage capital sur les étapes du processus de création et révélant l’intimité des artistes. En plus d’un siècle et demi s’est ainsi constituée une collection d’exception dans laquelle brillent les noms des plus grands maîtres et créateurs. Ces pièces uniques voisinent avec des séries, qui sont l’une des signatures du musée : projets de papiers peints Art nouveau, katagami (pochoirs japonais), bijoux Art déco. 4. 3.

Déployée au niveau 3, l’exposition propose un dispositif original en reprenant la formule d’un abécédaire servie par une scénographie évoquant l’univers des réserves, et avec elle, le versant mystérieux des musées : les œuvres sont ainsi présentées avec fantaisie dans leurs caisses de transport. Le parcours se prolonge dans les galeries permanentes en se terminant par la Bibliothèque pour une déambulation au plus près de la création.

Charles Le Brun, Projet pour le plafond du Grand Cabinet du roi aux Tuileries, vers 1665-1671
Achat, 1891
© MAD, Paris

L’architecture (A) inaugure ce parcours avec un recueil de relevés de Jacques Androuet Du Cerceau, précieux témoignage de la Renaissance sur l’architecture antique, et pour le XXe siècle, l’iconique pavillon du Tourisme de Robert Mallet-Stevens pour l’exposition de 1925, que complètent les compositions oniriques d’Emilio Terry. Si les dessins d’architecture tiennent une place considérable, c’est également le cas de leur corollaire évident : les décorations intérieures. Ainsi, le décor (D) est évoqué par les études de plafonds de Charles Le Brun et Charles de La Fosse, récemment attribuées donc inédites, ainsi que de Claude III Audran. Le Cabinet des Dessins conserve également le Recueil des décorations intérieures de Percier et Fontaine mais aussi les projets conçus par de grands ensembliers (E) à l’instar de Francis Jourdain, Robert Mallet-Stevens et Pierre Chareau dont le bureau-bibliothèque de l’ambassade française à l’exposition de 1925 trouve sa réalisation grandeur nature dans le musée.

Marguerite Porracchia, Mme Simone habillée par Jeanne Lanvin, 1920-1922
Don Bruno Gaudenzi et Sandra Nahum, 2013
© Marguerite Porracchia

La passion immodérée pour le XVIIIe siècle, typique du Goût Goncourt (G), s’exprime avec les œuvres de Carle Van Loo, François Boucher sans oublier Jean Honoré Fragonard. Le fonds de dessins de mobilier (M) se distingue par des études d’armoires d’André Charles Boulle jusqu’au Tube Chair de Joe Colombo en passant par les œuvres de Jacques-Émile Ruhlmann et de Jean Royère. La joaillerie et la mode trouvent leur plus charmante expression dans la section séduire (S), qui rassemble des précieux ensembles de bijoux par René Lalique et Alphons Mucha, et des projets de robes de Victor Lhuer pour Paul Poiret, récemment identifiés, mis en regard de la robe Mosaïque (vers 1910) réalisée par le couturier. Pour la première fois sont montrés les dessins du fonds de Marguerite Porracchia, dont le crayon a secondé les pensées de Jeanne Lanvin. Enfin, c’est aussi l’opportunité de célébrer la splendeur de la capitale (V comme Vie parisienne) qu’illustrent avec virtuosité les dessins de Jules Chéret pour Les Coulisses de l’Opéra au musée Grévin ou le Décor pour le ballet de Cléopâtre par Léon Bakst.

Robert Mallet-Stevens, Pavillon des renseignements et du tourisme à l’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes, Paris, 1925
© Les Arts Décoratifs, Paris

L’exposition affirme une vision transversale et résolument pluridisciplinaire ; on y rencontre les projets de grands et petits maîtres pour les jardins, la sculpture, la peinture, les objets, l’orfèvrerie et les papiers peints. Elle est aussi l’occasion de dévoiler les récentes découvertes, touchantes pour certaines, spectaculaires pour d’autres. Parmi celles-ci figurent des maquettes inédites pour les décors du pavillon Une ambassade française à l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Les plus spectaculaires sont, sans aucun doute, le pastel à taille réelle Étude pour un cheval d’Albert Besnard (1883) et le modèle redécouvert de Jean Souverbie pour le grand escalier monumental du théâtre national de Chaillot (1937), tous deux restaurés à cette occasion.

140 ans après la première grande exposition consacrée aux dessins de décoration et d’ornement des maîtres anciens présentée par le Musée des Arts Décoratifs au palais de l’Industrie en 1880, « Le dessin sans réserve » invite à découvrir l’incroyable diversité d’une collection unique qui ne cesse de s’enrichir. Elle propose d’en préciser l’histoire et les contours et d’envisager l’avenir d’un fonds né pour fournir des modèles aux artistes, et qui illustre à lui seul la création de ces six derniers siècles.

Un moderne abécedario. Le dessin au Musée des Arts Décoratifs
Par Olivier Gabet, directeur des musées

Ce texte est extrait du catalogue de l’exposition.

Jean Souverbie, « La Musique », 1937
Don de la famille de l’artiste, 2019
© Adagp, Paris, 2020 / MAD, Paris, photo : Christophe Dellière

[…] Signée par deux grands amateurs d’art, Gustave Dreyfus et Charles Ephrussi, l’exposition « de dessins de décoration et d’ornement des maîtres anciens » de 1880 possède en elle l’idée même du musée à venir, alliant l’art du passé et la création contemporaine, offrant une lignée artistique et des racines culturelles à cette dernière. […] Les grands noms du collectionnisme français y rivalisent, prêtant des feuilles remarquables, ainsi le duc d’Aumale, les frères Goncourt, Frédéric Spitzer ou Eudoxe Marcille, tandis que nombre de dessins proviennent des portefeuilles des grands architectes et décorateurs de l’époque, Hippolyte Destailleur, Alfred Beurdeley, la maison Odiot – en écho sont alors exposées des œuvres plus récentes envoyées par certains des grands noms des arts décoratifs français, Christofle, Fourdinois, Barbedienne, Deck ou Lièvre, autant de personnalités liées à l’histoire du Musée des Arts Décoratifs. […]

Riche de dizaines de milliers de feuilles, la collection graphique du Musée des Arts Décoratifs a longtemps fait fantasmer érudits et historiens, tant elle réunit à la fois des fonds complets et homogènes que des dessins insignes arrivés au hasard des décennies. Peu connue, à l’inventaire souvent erratique, de cette manne on savait qu’y reposaient des Rodin donnés par Rodin, des Dubuffet choisis par Dubuffet, des Royère offerts par Royère, mais jamais la géographie, la cartographie n’en avaient été dévoilées publiquement et scientifiquement comme dans l’exposition présente et le catalogue qui l’accompagne : il était plus que temps d’en mettre en œuvre l’étude systématique et de montrer un choix généreux et révélateur de ces ensembles presque infinis de dessins. […]

Des collections hors normes
Par Bénédicte Gady, commissaire

Ce texte est extrait du catalogue de l’exposition.

[…] Objets de collection et fonds d’atelier, les collections du musée illustrent toute la gamme des œuvres sur papier, depuis les académies et les feuilles d’études jusqu’aux poncifs, aux maquettes, aux calques d’exécution, aux copies pour la reproduction, aux tirages, aux collages ou aux empreintes. Différents types d’inventeurs s’y côtoient, artistes célèbres, dessinateurs industriels, modestes artisans. Dans un même ensemble typologique, un modèle de meuble dû à un architecte, dont le dessin lui-même est une œuvre d’art qui intègre les codes propres à la représentation figurée, voisine avec des projets faits par des menuisiers, qui font fi de la perspective ou de l’élégance du dessin pour se concentrer sur la transmission d’informations pratiques.

François Boucher, Projet pour une horloge, vers 1765
Don en souvenir d’Émile Perrin, membre de l’Institut, hommage de son fils Henri Émile, 1909
© MAD, Paris

Cette histoire humaine et institutionnelle particulière explique la part des maîtres anciens, notamment ceux du XVIIIe siècle, tant aimés de Chennevières, de Maciet et de Perrin, l’importance des fonds des producteurs de la fin du XIXe siècle, associés aux débuts de l’institution, l’extraordinaire floraison d’œuvres de l’Art déco. Elle permet aussi de comprendre que les collections soient polarisées autour de quelques fabriques, agences ou artistes plutôt que représentatives des productions d’une période, ce que seule une politique soutenue d’achats ciblés autoriserait. Si elle offre une vision exceptionnellement vaste de la création artistique du XVe au XXIe siècle, celle-ci n’est ni encyclopédique, ni systématique. […]

Les chercheurs savaient que le fonds ancien constituait un gisement de découvertes non tari en plein cœur de Paris. […] Projets de grands et petits maîtres pour l’architecture, les jardins, la sculpture, la peinture, la mode, les meubles, les objets, les bijoux, exécutés par des artistes et des artisans pour faire émerger des formes ou pour donner des indications précises aux spécialistes qui les mettront à exécution, dessins au tracé libre ou à la technicité achevée, formes simples ou fantaisies ornementales, chefs-d’œuvre isolés ou séries…, la collection du musée semble offrir toutes les gammes à l’amateur, autoriser tous les cheminements à travers six siècles de création.

Abécedario


• Architecture
• Botanique
• Créateurs
• Décor
• Ensembliers
• Figures-
• Goût Goncourt
• Hybride
• Impression


• Jules Maciet
• Katagami
• Livre
• Mobilier
• Napoléon
• Œuf
• Paysage
• Questions


• Recevoir
• Séduire
• Textile
• Ucad
• Vie parisienne
• Watteau
• X-Y masculin ?
• Zoologie

A comme Architecture

Ce texte est extrait du catalogue de l’exposition.

Album d’Androuet du Cerceau

Jacques Androuet du Cerceau, Le Temple de Janus, peu avant 1545
Plume et encre noire, lavis gris sur mise en place au compas et stylet sur vélin. H. 47,1 ; 32,5 cm. Inscr. à la plume et encre noire, b. c. : « Sur le plamp du palais antique de Janus ». Inv. CD 2698
© MAD, Paris

L’architecture classique a connu un renouveau d’intérêt à la Renaissance. On assiste alors à la naissance d’une passion pour les vestiges de l’architecture romaine dont l’observation est complétée par leur représentation dans des médailles et par l’analyse des fragments. Les dessins sur vélin exécutés par Jacques Androuet du Cerceau sont l’illustration éclatante de cette passion. Comme chez d’autres, on voit chez Androuet du Cerceau que l’élan de la reconstruction prime le relevé des restes de bâtiments. Disons d’emblée qu’une certaine invention domine l’approche archéologique. L’architecte ne prend pas seulement en compte les vestiges de l’architecture romaine dernièrement retrouvés à Rome et ailleurs en Italie, connus par les dessins qui circulaient, mais il ajoute ceux présents sur le sol français. Il est ainsi l’un des premiers artistes à avoir introduit parmi ses dessins et ses eaux-fortes des antiquités romaines de France. L’illustration en est donnée par l’album du Musée des Arts Décoratifs avec ses dix-huit dessins exécutés avec beaucoup de soin sur neuf feuilles de vélin, pliées au centre pour former des cahiers. […]

Le fonds Emilio Terry

Emilio Terry, Projet de chaise aux couleurs de l’arc-en-ciel, 1938
Don Emilio Terry y Sanchez, 1965
© MAD, Paris / photo : Christophe Dellière © Adagp, Paris, 2020

Les dessins d’Emilio Terry […] donnent une idée de la diversité du fonds conservé au Cabinet des dessins. Dans les carnets de croquis, l’artiste a repris d’une page à l’autre ses thèmes favoris : plans labyrinthiques de maisons, fabriques ou monuments, façades palladiennes, classiques, baroques et parfois même modernes, folies de jardins imaginaires. […]

Architecte, décorateur d’intérieur, designer (il réalise plusieurs meubles pour le décorateur Jean-Michel Frank) et même dessinateur de mode, Emilio Terry a aussi conçu des décors pour les pièces d’Henry Bernstein, les ballets d’Edward James, les photographies de Horst pour le magazine Vogue. Ami de Charles et Marie-Laure de Noailles, Gabrielle Chanel et Misia Sert, de Salvador Dalí, Christian Bérard, Jean Cocteau, René Crevel, Jean Hugo ou Balanchine, il était aussi à l’aise dans les milieux artistiques que dans cette société de mécènes mondains appelée « Café Society ». Éminemment cultivé (sa bibliothèque de traités d’architecture était une des plus complètes en mains privées), il était un admirateur de Claude-Nicolas Ledoux mais aussi des fantaisies rocailles d’un Lajoüe ou des folies du gothique troubadour.

D comme Décor

Ce texte est extrait du catalogue de l’exposition.

Plafonds à décor arabesque

Mentionnée sous l’Antiquité par Vitruve, l’arabesque connut un succès durable du XVIe au XIXe siècle. Les décors romains exécutés sous la direction de Raphaël à la villa Madame et surtout aux loges du Vatican furent une source d’inspiration pour des générations d’artistes. Les nouvelles découvertes archéologiques du XVIIIe siècle, notamment à Pompéi, lui donnèrent un nouveau souffle, qui s’étendit du néoclassique à l’historicisme au XIXe siècle.

Alfred Normand (Paris, 1822 – Paris, 1909), Élévation de l’atrium de la maison pompéienne, 1862
Graphite, plume et encre noire, aquarelle et gouache sur papier vélin. Inv. 45383. Don Docteur Alfred Cayla, 1979
© MAD, Paris

Toutefois, une forme particulière se développa de la seconde moitié du XVIIe siècle à la première moitié du XVIIIe siècle, qui, se dégageant du souci archéologique, laissait la part belle à l’invention : elle s’organise en pilastres verticaux à l’intérieur d’un cadre, la composition s’allégeant en enroulements qui peuvent devenir grêles mais lient les différentes parties en dégageant une place sous forme de pavillon pour une scène, à un ou plusieurs personnages. […] Dans quatre dessins du musée, Audran peuple ses compositions de figures humaines et animales placées dans de légers enroulements grêles. Mais la grande originalité repose sur les fonds d’or sur lesquels celles-ci ressortent, en vogue à partir des chantiers de Meudon (1695-1711) et de la Ménagerie de Versailles (1698-1699), où Audran avait utilisé ce procédé, qui passa de mode à la fin des années 1710.

F comme Figures

Ce texte est extrait du catalogue de l’exposition.

Maurice Denis, « Aux morts pour la France », 1924
© MAD, Paris / photo : Christophe Dellière

Ce carton de vitrail a été commandé en 1923 à Maurice Denis par l’artiste et collectionneur Étienne Moreau-Nélaton pour la chapelle Saint-Louis de l’église Sainte-Macre à Fère-en-Tardenois, dans l’Aisne, en hommage à son fils, Dominique Moreau-Nélaton, tombé au combat le 11 mai 1918. Exécuté en 1924 par la peintre verrier Marguerite Huré, le vitrail est toujours en place dans l’église.

Le Christ en croix, qui surplombe la scène, accueille symboliquement le corps de Dominique Moreau-Nélaton en uniforme, élevé par un ange aux ailes tricolores. Les échanges épistolaires entre Maurice Denis et Étienne Moreau-Nélaton retracent avec précision la création et la destinée de ce carton préparatoire. Dès la réception de ce dernier, Moreau-Nélaton a souhaité le faire connaître du public. […]

Présenté en 1925 lors de la troisième biennale romaine, le carton a ensuite rejoint le Musée des Arts Décoratifs, où sa trace s’est peu à peu perdue. Redécouvert lors d’un chantier des collections en 2019, il vient d’être restauré. La générosité d’Étienne Moreau-Nélaton trouve un écho, près d’un siècle plus tard, dans celle de Paul Denis, petit-fils du peintre, qui a offert au musée l’étude préparatoire pour la figure du pauvre.

G comme Goût Goncourt

Ce texte est extrait du catalogue de l’exposition.

Jean Honoré Fragonard (Grasse, 1732 – Paris, 1806), Jeune fille debout, vue de profil, vers 1775
Sanguine sur papier vergé. Inv. 23971. Legs Xavier Houppe, 1924
© MAD, Paris

Véritable laboratoire d’une histoire du goût pour le dessin français du XVIIIe siècle, la maison qu’occupaient les frères Goncourt à Auteuil a marqué leurs contemporains. Jules et Edmond Goncourt y avaient rassemblé une vaste collection de dessins et de miniatures d’artistes français du siècle des Lumières, associée à un ensemble de pièces asiatiques, dont un grand nombre est décrit dans la Maison d’un artiste qu’Edmond publie en 1881. […]

Émile Perrin, peintre de formation et administrateur de la Comédie-Française, ainsi que son fils, Henri Émile, ont probablement été de grands lecteurs des ouvrages des frères Goncourt. La collection des trente-cinq dessins – parmi trois cents pièces – que le fils lègue au Musée des Arts Décoratifs en 1909, en hommage à son père, et qui est aussitôt présentée au public en raison de sa grande qualité, reflète parfaitement le goût des Goncourt. Elle est notamment composée d’une suite de noms célèbres : Watteau, Van Loo, Boucher, Fragonard, Gabriel de Saint-Aubin et les vignettistes Gravelot, Cochin et Marillier.

M comme Mobilier

Ce texte est extrait du catalogue de l’exposition.

Les dessins de sièges permettent, en ciblant une typologie d’objet spécifique, de mettre en avant une grande variété de travaux : des croquis et des études préparatoires de projet, au plus proche de la pensée du créateur, des calques d’exécution ou encore des dessins d’ensemble et d’ambiance dont le caractère esthétique doit convaincre une potentielle clientèle. On peut ainsi suivre, grâce au dessin, la naissance d’une idée et sa transmission à des collaborateurs. […]

  • Joe Colombo (Milan, 1930 – id. 1971), « Esquisse du siège Tube Chair », 1969
    Graphite sur papier vélin. Inv. 2001.125.3.3. Achat grâce au mécénat de Fabergé, 2001
    © MAD, Paris
  • Jacques de Lajoüe, Projet de cadre à décor rocaille, deuxième quart du XVIIIe siècle
    © MAD, Paris

Un dessin de siège peut également servir de document de présentation auprès de potentiels éditeurs ou clients. Que l’objet soit isolé ou mis en scène dans un ensemble, l’objectif d’un tel dessin est de séduire. Les annotations techniques s’effacent et font place à une représentation au trait net, propre, souvent rehaussé de couleurs. La forme de ces dessins varie cependant en fonction de leur auteur. Celui-ci peut être un concepteur de modèles, comme Emilio Terry et Jean Royère, ou un fabricant, par exemple un menuisier ou un ébéniste.

Le dessin sans réserve : un chantier de restauration d’une ampleur inédite

Les collections du cabinet des dessins du Musée des Arts Décoratifs comptent près de 200 000 dessins du XVe au XXIe siècle. Le papier est le support de la plupart des dessins, mais on trouve aussi des dessins sur parchemin et des petites peintures sur ivoire appelées miniatures. Le papier ou plutôt les papiers se déclinent en papier vergé, papier vélin, papier de couleur, papier calque, papiers raboutés, etc.

Entre septembre 2019 et mars 2020 s’est déroulé un chantier de restauration de grande ampleur : plus de deux cents dessins des collections ont été restaurés pour l’exposition « Le dessin sans réserve ».

Découvrez le dossier consacré à cette campagne de restauration

Présentation des retombes du « Projet de proue de vaisseau » de l’atelier de Jean Berain

Découvrez le dossier consacré au chantier de restauration des dessins.

© Rémi Freyermuth

Comme Dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi, Jean Berain a donné de nombreux modèles d’ornements pour les décors royaux, de dessins pour le théâtre et les grandes fêtes du royaume. À partir de 1687, il devient également dessinateur de l’ornementation des vaisseaux.

Ce dessin mis au net par un membre de son atelier présente son projet pour le vaisseau nommé Triton. Grâce à un système de papiers collés, appelés retombes, il offre trois propositions pour l’élément que tient le triton de la proue. Sur la feuille d’œuvre, le triton tient les armoiries de Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, grand amiral de France. Une première retombe remplace celles-ci par les armes de France ; une seconde, par un simple dauphin. Il est possible de soulever ces retombes à la manière d’un livre pop-up comme dans ce film.

Zoom sur le travail à la pierre noire et craie blanche d’Ottavio Leoni dans le « Portrait d’Olimpia Maidalchini Pamphili »

Découvrez le dossier consacré au chantier de restauration des dessins.

© Rémi Freyermuth

Au début du XVIIe siècle, à Rome, Ottavio Leoni dessine plus de quatre cents portraits de ses contemporains, parmi lesquels figure ce portrait d’une jeune femme de 26 ans, Olimpia Maidalchini Pamphili, qui allait devenir la femme la plus puissante de la Papauté.

La vue rapprochée d’un papier permet de prendre conscience des aspérités de surface, grâce auxquelles les matériaux secs, comme la pierre noire et la craie blanche qu’Ottavio Leoni a utilisées dans ce dessin, tiennent à la surface.

Zoom sur les études au graphite et à la gouache de Clément Mère

Découvrez le dossier consacré au chantier de restauration des dessins.

© Rémi Freyermuth

Peintre et décorateur, Clément Mère a créé de très nombreux meubles et objets, à Paris, dans la première moitié du XXe siècle. Dans ces « Études pour des boîtes et des vases », il a utilisé du graphite et de la gouache. La gouache blanche montre une altération : elle est devenue grisâtre, sa composition chimique s’étant modifiée. Le graphite se reconnaît à sa brillance et à sa couleur grise.

Zoom sur les personnages aux Tuileries imaginés par Gabriel de Saint-Aubin

Découvrez le dossier consacré au chantier de restauration des dessins.

© Rémi Freyermuth

Au milieu du XVIIIe siècle, Gabriel de Saint-Aubin se fait une spécialité de petits croquis saisissant sur le vif les activités de ses contemporains. Dans ce film, la troisième dimension du papier se perçoit lors d’une observation rapprochée où les aspérités deviennent évidentes. L’encre et l’aquarelle ont pénétré dans le papier, entre les fibres, à la différence des matériaux secs qui restent sur les crêtes.

Présentation d’une retombe du « Projet de salle de bain » pour l’Exposition de 1925 par Henri Valette

Découvrez le dossier consacré au chantier de restauration des dessins.

© Rémi Freyermuth

La retombe est un morceau de papier collé sur le dessin pour proposer une variation. Il est possible de la soulever pour voir la première version imaginée par l’auteur. Cette pratique permet au dessinateur d’économiser du temps en modifiant une partie seulement de son dessin sans avoir à le recommencer.

Aucune de ces deux propositions n’a été finalement réalisée : ce projet que le décorateur Henri Valette avait conçu pour la salle de bains des appartements intimes d’« Une Ambassade française » lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 n’a pas été retenu par ses collègues de la Société des Artistes Décorateurs.

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