À travers ce projet de grande ampleur, l’Union centrale se positionne comme le moteur des arts décoratifs français et propose l’un des plus importants ensembles Art nouveau de l’Exposition universelle. Joseph Balmont le décrit ainsi : « Le pavillon qu’elle avait fait élever aux Invalides, et où elle avait réuni dans quatre salles d’un goût essentiellement moderne quelques précieux spécimens contemporains de son riche musée, était plus et mieux qu’une démonstration de son existence : c’était l’affirmation de ses doctrines, c’était la mise en action de son enseignement, c’était une leçon de chose qui sortait du domaine de la théorie pour offrir aux yeux, sous une forme expressive et vivante, des exemples tangibles de la manière dont les principaux membre de la Société entendent le progrès dans les arts du décor »1. Elle présente dans ces vitrines les acquisitions qu’elle a faites ces dix dernières années aux Salons « et jamais, il faut le dire bien faut, les chefs-d’œuvre de nos modernes artistes n’ont trouvé un cadre qui les mette autant en valeur ».2

Georges Hoentschel et Eugène Bliault, plan du pavillon de l’Ucad
Tirage. 25 avril 1899. Inv. CD 6913
© MAD, Paris / Christophe Dellière

La disposition intérieure du pavillon comprend trois salles principales en enfilade se consacrant au métal, au bois et à la céramique3.

1« Le pavillon de l’Union centrale des arts décoratifs à l’Exposition universelle », dans la Revue des Arts Décoratifs, 1900, p. 169

2L’Art à l’Exposition universelle de 1900. Paris, Librairie de l’Art Ancien et Moderne, décembre 1900, p. 359

3Daniëlle Kisluk-Grosheide, Deborah L. Krohn. Salvaging the past : Georges Hoentschel and French decorative arts from the Metropolitan museum of art, New York, The Bard Graduate Center for Studies. 2013, p. 193-205

La salle des métaux

À l’ouest, la salle des métaux qui sert de vestibule, est soutenue par une structure métallique due à l’artiste Émile Robert. Sur les murs est tendue une toile peinte bleu et gris aux motifs d’enclume, d’après les dessins d’Adrien Karbowski, peintre-décorateur et collaborateur d’Hoentschel1. Les œuvres exposées ne sont pourtant pas toutes en métal : on peut y voir une collection de reliures de René Wiener, Gruel et Engelmann, Charpentier et Camille Martin.

1Revue des Arts Décoratifs, 1900, tome XX, planche hors texte.

Le salon du bois

La pièce centrale carrée, appelée salon du bois1, est « si clair[e] et d’une homogénéité rare, l’églantier, puis l’olivier, symbole de labeur et de paix, poussent leurs souples ramures sur les portiques, les corniches ou bien enveloppent capricieusement l’entour des vitrines »2. Aux quatre angles se dressaient des vitrines tripartites en platane d’Algérie sculpté présentant des créations de cette fin de siècle. Au centre de salle, sont disposés une grande table et quatre fauteuils reprenant les motifs des boiseries. Pour la réalisation du mobilier, des boiseries et certains vases, Hoentschel s’associe au sculpteur Frédéric Deschamps.

Le pavillon de l’Union centrale des arts décoratifs à l’Exposition universelle de 1900
Album de 10 photographies. Bibliothèque du MAD, P 232
© MAD, Paris / Christophe Dellière

Cette salle est décrite en premier dans le rapport du jury international de la classe 66 sur le bois : « Nous avions à admirer sans réserve un des plus beaux efforts décoratifs de toute l’Exposition universelle, une œuvre d’art vraiment charmante et de plus, d’un goût très français, dans le meilleur sens du mot. Sans pastiche, comme sans affectation du style tourmenté, ce bel ensemble empruntait à la décoration florale sa conception générale. »3 Une tenture en soie fabriquée par Ferdinand Leborgne tapisse l’ensemble des parois. L’une d’elle est occupée en son centre par la monumentale toile d’Albert Besnard, L’Ile heureuse, inspirée de L’Embarquement pour Cythère de Watteau, que plusieurs compareront aux grands maîtres anciens : « les grandes lignes tranquilles du paysage font invinciblement penser aux grandes compositions du Poussin »4.

1Voir l’article d’Évelyne Possémé « Le salon du bois du pavillon de l’Union centrale des arts décoratifs à l’Exposition universelle de 1900 » dans la Revue du Louvre, n° 177, 1997, p. 64-70

2Roger Marx, « La décoration et les industries d’art » dans la Gazette des Beaux-arts, 1901, p. 142

3Arsène Alexandre, « Rapport du jury international classe 66 » dans Rapports du jury international de l’Exposition universelle de 1900, Paris, Imprimerie nationale, 1902, p. 22.

4Raymond Koechlin, Louis Metman. Le pavillon de l’Union centrale des arts décoratifs à l’Exposition universelle de 1900. Épreuves corrigées d’un article inédit, bibliothèque du MAD, Z104, p. 6

La salle de la céramique

La salle de la céramique aux murs parés de grès est dédiée aux créations d’Hoentschel. Ce dernier, qui avait appris la céramique auprès de Carriès, présentait ici une salle de bain, une fontaine, et un ensemble de vases.

La salle du comité des Dames

La salle de la céramique donne accès à celle consacrée au salon des dames, avec une section dédiée à l’enfant. On y trouvait notamment des panneaux en bois marquetés représentant les vingt-six lettres de l’alphabet par Marguerite Diemer, et un paravent La terre, l’air, le feu et l’eau par Henriette Delillier. De cette salle, on accédait directement au pavillon des grands magasins du Printemps.

Pour l’ensemble du projet, depuis les primes du concours, les commandes spéciales aux artistes jusqu’aux frais liés à la construction du pavillon, l’Ucad a déboursé 262 109.50 francs. Le président de la République qui le visite lors de l’inauguration promet de faire alors son maximum pour avancer le processus d’installation du musée de l’Union centrale, depuis quelques années sans espace, au pavillon de Marsan du palais du Louvre.

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