Restauré en 2010, ce coffret à bijoux présente un décor marqueté de roses et de rubans en houx teinté à l’origine en trois tons de bleu, sur fond d’érable ondé gris brun, encadré de loupe d’amboine. Le couvercle s’ouvre par un tour de clef. Grâce à des ressorts lames, un quart de tour supplémentaire fait monter le caisson interne qui est muni d’un rideau coulissant : quand ce volet est entièrement enroulé, il libère un tiroir à secret. Enfin, un bouton poussoir dissimulé sur la serrure actionne une targette qui permet d’ouvrir le tiroir à ressort situé dans le socle.

Restauré en 2010, ce coffret à bijoux présente un décor marqueté de roses et de rubans en houx teinté à l’origine en trois tons de bleu, sur fond d’érable ondé gris brun, encadré de loupe d’amboine. Le couvercle s’ouvre par un tour de clef. Grâce à des ressorts lames, un quart de tour supplémentaire fait monter le caisson interne qui est muni d’un rideau coulissant : quand ce volet est entièrement enroulé, il libère un tiroir à secret. Enfin, un bouton poussoir dissimulé sur la serrure actionne une targette qui permet d’ouvrir le tiroir à ressort situé dans le socle.

Une histoire qui reste à écrire

Par Sylvie Legrand-Rossi, conservatrice en chef au Musée Nissim de Camondo

Situé en Allemagne à Neuwied, près de Coblence, l’atelier de David Roentgen était spécialisé dans la production en petites séries d’ouvrages d’ébénisterie qui différaient les uns des autres par des détails dans la construction, le mécanisme, la marqueterie ou les bronzes. Ces créations n’étaient que très rarement signées.

David Roentgen (1743-1807) donna un essor international à sa manufacture qui employait à la fin du XVIIIe siècle une centaine d’ouvriers. Il livra quelques meubles à Versailles et obtint alors le titre d’« Ebéniste mécanicien du Roi et de la Reine ». En 1780, il accéda à la maîtrise. Mais en dépit de ces protections, il ne fut pas autorisé à travailler à Paris et n’y ouvrit qu’une maison de vente.

Par sa forme, sa construction, la précision de son mécanisme, le choix des bois et le dessin de la marqueterie, ce coffret à bijoux non signé peut être attribué à David Roentgen par comparaison avec trois modèles similaires vers 1775-1780. Aujourd’hui disparu, un exemplaire très proche du nôtre est mentionné comme ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette1. Conservé au Stadtmuseum de Cologne2, un deuxième coffret vers 1780 présente un décor marqueté identique au nôtre, mais les faces avant et arrière sont inversées. Il est signé à l’encre noire : « D. Roentgen à Neuwied ». Enfin, un troisième coffret3 de style néo-classique conservé au Kunstgewerbemuseum de Berlin, en placage d’acajou orné d’un décor de Putti et d’attributs des mathématiques en bronze doré, est proche de notre exemplaire par ses dimensions et son mécanisme intérieur.

Acquis avant 1909 par Moïse de Camondo, notre coffret à bijoux présente sur le couvercle une marqueterie identique à celle du plateau de la table ovale également attribuée à l’ébéniste (CAM 130) et achetée par le collectionneur en 1901. Nous ignorons si cette similitude a joué un rôle dans l’acquisition du coffret, mais ce type de rapprochement était prisé du collectionneur.

La technique de marqueterie de David Roentgen

Par Benoît Jenn, restaurateur, responsable de l’Atelier de restauration mobilier des Arts Décoratifs

Outre la qualité et la finesse des compositions de ses marqueteries, David Roentgen a développé une nouvelle technique d’incrustation permettant de rendre le modelé par des camaïeux de couleurs, sans recourir à l’ombrage des pièces au sable chaud. Ce procédé constitue une véritable marque de fabrique qui signe la production de sa manufacture. Il se décompose en trois étapes : la teinture, la découpe et l’incrustation.

La restauration du coffret à bijoux

Par Maximilien Durand, responsable du Service de la restauration et de la conservation préventive des Arts Décoratifs

Réalisée en 2010 par Rémi Catillon4 et Benoît Jenn, l’originalité de cette restauration réside dans la réintégration de la moulure en laiton manquante sur l’angle supérieur droit du couvercle. D’emblée, la solution qui consistait à poser une moulure en laiton moderne a été écartée : trop proche du matériau original, elle aurait pu prêter à confusion. Après plusieurs essais, on a opté pour une résine moulée sur les baguettes d’origine, teintée dans la masse à la poudre de mica et en surface à la poudre de laiton. L’incorporation de pigments (ocre jaune) a permis de nuancer la tonalité du comblement pour se rapprocher de la couleur jaune du métal. La baguette ainsi obtenue a été collée sur le coffret.

Cette solution originale ouvre des perspectives nouvelles et intéressantes pour la restauration du mobilier comportant des éléments métalliques.

1Vente Dutasta, Paris, 3-4 juin 1926, lot n°182, pl. LVIII. « (…). Au-dessus du meuble est une marque au feu présentant le chiffre couronné de Marie-Antoinette au centre de l’inscription : Garde-meuble de la Reine. Haut., 80 cent. Larg. du coffret, 30 cent ».

2Dietrich Fabian, Roentgen Möbel aus Neuwied, Bad Neustadt, Internationale Akademie für Kulturwissenschaften, 1986, fig. 667-668.

3Idem, 1986, fig. 672-673.

4Élève au département des restaurateurs de l’Institut National du Patrimoine dans le cadre d’un stage réalisé au MAD.

Suivez-nous

Abonnez-vous à notre newsletter

fond=article-normal}{id_article}{env}