La biographie de Pierre Cardin est celle d’un homme, d’une réussite, d’une griffe et d’une marque. Né en Vénétie en 1922, émigré avec sa famille à Saint-Étienne, l’apprenti tailleur est monté à Paris pour devenir costumier, grand couturier, créateur de prêt-à-porter, designer, homme d’affaires et de culture à l’ambition planétaire et même universelle semble-t-il, à l’image des Cosmocorps qu’il lance dans les années 1960 pour vêtir toute la famille des temps futurs. Pierre Cardin est un anticipateur formé à bonne école, celle des merveilles : il crée en 1946 pour Jean Cocteau les costumes et les masques de La Belle et la Bête et il réalise chez Christian Dior l’année suivante le fameux tailleur Bar emblématique du New Look. En 1953, Cardin lance sa propre maison de couture, ouvre sa boutique en 1954, puis présente des créations dans les grands magasins en 1959 ; il aborde la mode pour homme et se lance ensuite dans le prêt-à-porter en apposant son nom à une gamme toujours plus vaste de produits sous licences internationales.
Olivier Gabet, directeur du Musée des Arts Décoratifs à Paris, évoque aussi sa veine poétique et son inspiration artistique : « Évidemment quand on pense à Pierre Cardin, les images et les idées se télescopent, du couturier futuriste et visionnaire à l’académicien des Beaux-Arts recevant à son tour Jeanne Moreau sous la coupole et lui déclarant la flamme d’un amour ancien (…). Amoureux de l’Art nouveau, l’homme qui avait fait revivre le mythique Maxim’s aimait l’organique, le floral, lui qui avait été coiffé au poteau en 1978 lors de la vente du décor d’Alexandre Charpentier devenu joyau du musée d’Orsay qui avait usé de son droit de préemption ! De 1900, il avait, avec intelligence et vision, cultivé l’idée d’œuvre d’art total, le Gesamtkunstwerk cher à Wagner et aux artistes de l’avant-garde : l’art en tout et dans tout, de la mode à l’accessoire, de l’urbanisme à l’architecture, du design à l’objet. Tout l’a également passionné, signant son époque par l’envie de culbuter les hiérarchies de l’art. »
Les collections de mode du Musée des Arts Décoratifs rassemblent des créations du couturier issues de garde-robes de femmes célèbres (Claude Pompidou, SAR la duchesse de Windsor, Hélène David-Weill, Jacqueline Delubac par exemple) qui sont emblématiques de la conception de la haute couture de Pierre Cardin autour de 1970 : elles révèlent l’inspiration du couturier et sa géométrie des formes douces, amples et intemporelles.
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Pierre Cardin, ensemble 2 pièces (robe et cape), collection automne-hiver 1967 Robe en façonné de soie lamé argent, doublure taffetas de soie ; cape en sergé de laine, doublure taffetas de soie, fourrure teinte. Don Michèle Rosier (UFAC). Inv. UF 74-33-24 AB © MAD, Paris / Jean Tholance -
Pierre Cardin, robe du soir, 1970 Gabardine (sergé) en qiana jaune fluo et blanc. Don Du Pont de Nemours S.A (UFAC). Inv. UF 72-26-4 © MAD, Paris / Jean Tholance -
Pierre Cardin, robe du soir, 1971 Gazar, organza pailleté, broderie, cabochons de résine, strass, tubes de caoutchouc, perles facettées, tubes de verre. Don Robert Gillet, 2007. Inv. 2007.103.2 © MAD, Paris / Jean Tholance -
Pierre Cardin, robe du soir, 1975 Crêpe de soie, drapé. Don Robert Gillet, 2007. Inv. 2007.103.1 © MAD, Paris / Jean Tholance -
Pierre Cardin, robe longue, 1970 Don Ambre, 2017. Inv. 2017.162.44 © MAD, Paris / Jean Tholance -
Pierre Cardin, robe longue, collection haute-couture été 1969 Organza imprimé (Bianchini Férier). Legs transmis par Monsieur Georges, en souvenir de feue SAR la duchesse de Windsor. Inv. 56963 © MAD, Paris / Jean Tholance -
Pierre Cardin, robe, 1970-1975 Fibres synthétiques. Don Hélène David-Weill. Inv. 2019.51.39 © MAD, Paris / Jean Tholance