Photographies de Constantinople et ses environs

A l’occasion de l’accrochage au Musée Nissim de Camondo, la bibliothèque présente une quarantaine de photographies de Constantinople conservées en réserve. Il s’agit d’œuvres produites par les studios établis à Péra durant la deuxième moitié du XIXe siècle. Péra (aujourd’hui Beyoğlu) était le quartier cosmopolite de la ville et le premier centre photographique du Levant. Les photographes représentés comptent parmi les plus talentueux et les plus célèbres de l’époque.

La bibliothèque conserve essentiellement des vues prises par trois photographes ottomans, représentatifs des premiers studios créés par des opérateurs locaux. Ce sont les œuvres du Grec Basile (Vassilaki) Kargopoulo, des Arméniens Abdullah et du Syrien chrétien Pascal Sébah. Les éléments chrétiens de l’Empire ottoman contribuèrent en effet, de façon décisive au développement de la photographie turque qui fit son apparition dès les années 1840 avec le daguerréotype (le procédé mis au point par Louis Jacques Mandé Daguerre date officiellement de 1839)

Constantinople attire des occidentaux qui s’y établissent et ouvrent un studio à Péra. C’est ainsi que sont exposées des œuvres de l’anglais James Robertson réalisées sur papier salé vers 1853 et celles du suédois Guillaume Berggren.

James Robertson, Tophane, Constantinople, vers 1853
Papier salé
© Réserve photographique. Photographie : Suzanne Nagy

Les opérateurs photographient la capitale ottomane de manière systématique de sorte que leurs travaux constituent un témoignage irremplaçable de la société stambouliote de la deuxième moitié du XIXe siècle. Ces documents sont d’autant plus importants qu’en 150 ans le paysage urbain de la ville a subi de profonds bouleversements avec une population qui s’est multipliée par vingt.

Les thèmes de prédilection sont les panoramas de la ville et les vues du Bosphore ; les monuments, quartiers et cimetières. Répondant à une demande occidentale en quête d’exotisme, les photographes ont sacrifié à la recherche du pittoresque, en faisant des séries sur les petits métiers, les marchands ambulants, les scènes de rues, les costumes mais aussi les nationalités de l’Empire.

A partir des années 1870, les photographies de Constantinople commencent à être diffusées de façon plus large grâce au développement des premiers procédés photomécaniques qui permettent leurs reproductions dans des ouvrages et des revues. La bibliothèque présente quelques unes de ces impressions réalisées en photogravure, phototypie et en lithophotographie pour la plus ancienne.

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