Histoire

Histoire
Le style de cette chambre médiévale prouve l’attachement que l’on avait encore, à la fin du XVe siècle pour le décor à remplage inspiré des cathédrales gothiques et repris à satiété sur les coffres, les bandeaux de cheminée, les cathèdres, lits et escabelles. La chambre est une pièce essentielle de la demeure : on y dort, on y mange, on y reçoit, on y accouche et on y prend même des bains.

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  • Château de Villeneuve-Lembron,

    vue d’ensemble depuis le nord-est

    © Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux
  • Château de Villeneuve-Lembron, façade est
    © Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Une partie du mobilier exposé provient du château de Villeneuve-Lembron en Auvergne, propriété de Rigaut d’Oureille (1455-1517), sénéchal de Gascogne et de l’Agenais, maître d’hôtel et diplomate des rois Charles VIII, Louis XII et François 1er. La distribution des pièces du château se fait ainsi : le corps de logis distinct des communs comporte un rez-de-chaussée avec une galerie, aux extrémités de laquelle deux escaliers à vis conduisent aux salles du premier étage : trois grandes salles, une chambre de parement avec une vaste cheminée, une chambre de retrait, une antichambre, une garde-robe, un cabinet, une salle d’étude. L’accent est mis sur des éléments de prestige tels que la vis desservant les étages, la galerie en façade et la chapelle.

Le legs d’art médiéval et Renaissance particulièrement important du collectionneur Emile Peyre (1824-1904) à l’Union Centrale des Arts décoratifs permet de concevoir dès 1905 une première salle médiévale au musée. La period room actuelle, aménagée en 2006, s’organise essentiellement autour de ce legs et du don effectué en 1917 par la marquise Arconati-Visconti en souvenir de l’antiquaire Raoul Duseigneur, comprenant cheminée, boiseries et vitraux.

Dans la chambre, c’est autour du lit et en fonction de lui que les autres meubles prennent place. Ici, le lit à dais en chêne, particulièrement soigné, possède deux colonnes sculptées de fines torsades rythmées de fleurs de lys, boules, losanges, feuilles de palmier et écusson aux armes de Rigault d’Oureille : « d’azur à la bande fuselée de sable, posée de travers ». Les couleurs vives témoignent du goût prononcé au Moyen Âge pour la lumière, les rideaux verts évoquent les intérieurs soigneusement représentés de la peinture flamande. Près du lit, se trouvent divers éléments de mobilier : un banc à haut dossier pourvu d’un coffre dissimulé sous le rabat de l’assise, le dressoir où l’on pose souvent une aiguière et un verre, ou encore la scabelle, légère et mobile, se déplaçant d’autant plus facilement qu’elle est multifonctions. En effet, ce siège peut aussi faire office de table sur laquelle on peut poser un livre, un fruit ou un repas léger. Pour les repas familiaux, on dressait la table sur des tréteaux recouverts de nappes devant la cheminée puis on la remisait dans une garde-robe ou petit débarras jouxtant la pièce.

Le mobilier ne varie pas vraiment d’une région à l’autre de la France au cours du XVe siècle ; seules les formes du décor se mettent au goût du jour, suivant en principe celui des cathédrales. On observe, à cette époque, à la fois une persistance d’un style gothique très conservateur et une énergie créative et astucieuse d’une incroyable modernité, notamment dans la réalisation d’un mobilier transformable et pivotant.

Château de Villeneuve-Lembron, écussons du château
© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux