La salle à manger et les autres pièces de mobilier ont été offerts par Madame Philippe Cruse en 1975, en souvenir de Monsieur et Madame Pierre Girod, ses parents. L’ensemble provient de leur appartement, 4 avenue Hoche dans le 8e arrondissement à Paris, dont l’immeuble, construit par les architectes Ricard et Le Foll en 1892, est caractérisé par une façade composée de chaque côté de l’entrée de deux atlantes engainés portant une peau de lion, en référence à Hercule et au Lion de Némée.
Cette commande du couple Girod, dès 1920, est l’une des premières pour la Compagnie des Arts français, fondée en 1919, et dont la boutique, située elle aussi dans le 8e arrondissement, 116 rue du Faubourg-Saint-Honoré, est inaugurée au début de l’année 1920.
Une facture, datée du 8 novembre 1921, à l’entête de la Compagnie des Arts Français et adressée à Madame Pierre Girod, permet d’en connaître son historique. Un premier devis global est proposé le 26 juin 1920. Il est ensuite complété le 28 décembre 1920 par l’ajout de menuiseries, meubles, plafond doré et gorge en staff.
Les murs recouverts de palissandre et d’acajou teinté noir sont éclairés par le plafond doré à la feuille, les bas-reliefs en stuc doré de Paul Vera « L’Eté » et « L’Automne », les vasques et le mascaron de la fontaine en bronze doré et par les miroirs de la niche. Ce contraste entre les noirs et les ors donne une impression de confort et d’élégance à laquelle s’ajoute un souci de construction géométrique et de simplicité par l’utilisation d’une ornementation stylisée discrète. Cette salle à manger illustre ainsi la volonté de la Compagnie des Arts Français de créer des ensembles « sérieux, logiques, accueillants », en renouant avec la tradition, notamment celle de l’époque Louis-Philippe, caractérisée par des formes austères et rectilignes et des couleurs sombres.
En 1921, André Mare et Louis Süe, les fondateurs de la Compagnie, publient un manifeste « Architectures » illustré par Marie Laurencin, Jean-Louis Boussingault, André Dunoyer de Segonzac, Roger de La Fresnaye et Bernard Boutet de Monvel et pour lequel Paul Valéry écrit le texte « Eupalinos ou l’Architecte ». La salle à manger Girod y est décrite et illustrée par deux planches à l’échelle 0,05cm, gravées au trait par Jacques Vilon.