Musée des Arts Décoratifs, Paris, 1967
En 1960, François Mathey, alors à la tête du Musée des Arts Décoratifs consacre à Jean Dubuffet sa première rétrospective française. Fruit d’une amitié née entre le créateur et le directeur, un don massif est effectué en 1967 par l’artiste qui prélève une partie de sa collection personnelle pour la donner au Musée des Arts décoratifs. L’enregistrement de ce don est réalisé en 1968.
Cette donation se compose de vingt et un tableaux et cinq sculptures et d’un ensemble de cent trente-deux dessins aux techniques variées, mêlant crayon, encre de Chine, stylo à bille, peinture vinylique, voire ailes de papillons et autres matériaux organiques.
Le choix opéré par Jean Dubuffet, avec François Mathey se compose de « sujets particulièrement démonstratifs », offrant un panorama de ses divers travaux produits de 1942 à 1967. Il comporte des portraits ou figures, des dessins évoquant les thèmes de la campagne, du désert, de la ville avec un rare ensemble d’oeuvres sur papier de la série Paris-Circus ou bien encore du cycle de L’Hourloupe. En février 1969, Dubuffet réitère son geste généreux avec un don de cinq cent soixante lithographies et maquettes de lithographies par report d’assemblage. La collection ainsi complétée traduit la fascination de l’artiste-plasticien pour l’art du fugace et de la trace : les lithographies sont exécutées d’après des empreintes de formations naturelles (feuilles d’arbres, de plantes, sols caillouteux ou peau…). Certaines, publiées en albums, sont connues sous le titre au nom évocateur : Les Phénomènes.
Cette exceptionnelle donation de l’artiste à un musée, qui n’était pas destiné à accueillir ce type d’œuvres, souligne la nature protéiforme d’un créateur qui fut à la fois peintre, sculpteur, écrivain et musicien.