De la Chine aux Arts Décoratifs : l’art chinois dans les collections du Musée des Arts Décoratifs

du 13 février 2014 au 11 janvier 2015

L’exposition « De la Chine aux Arts Décoratifs » dévoile, pour la première fois, la qualité et la diversité exceptionnelles de la collection d’objets d’art chinois conservée aux Arts Décoratifs. Fruit d’acquisitions faites dans les premières décennies de l’institution, mais aussi de dons et de legs de collectionneurs généreux, cet ensemble remarquable traduit l’engouement pour l’art chinois en France, principalement dans la seconde moitié du XIXe siècle et le premier tiers du XXe siècle. L’intérêt que ces donateurs ont eu pour les œuvres en provenance de Chine, et de manière plus large pour le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient, réside souvent dans la fascination pour certaines techniques et matériaux, mais aussi pour leurs formes et leurs motifs.

Les pièces exposées sont une invitation à découvrir des savoir-faire artisanaux et à pénétrer un univers qui a attiré et intrigué, en renouvelant le vocabulaire ornemental français depuis les premières expositions universelles jusqu’aux périodes plus récentes. L’attrait de l’époque pour ces œuvres est tel, que des publications de grande envergure comme celles d’Adalbert de Beaumont, Owen Jones et Eugène Victor Collinot, contribuent à la diffusion de ces registres décoratifs avec un impact significatif sur les métiers d’art européens.

Téléchargez le dépliant de l’exposition De la Chine aux Arts Décoratifs
Télécharger (331.9 ko)

Commissariat

• Béatrice QUETTE, responsable des activités culturelles du Musée des Arts Décoratifs

Exposition organisée dans le cadre de France-Chine 50 avec le soutien du Comité des mécènes

Le catalogue a bénéficié du soutien de Sotheby’s

En partenariat avec :

Présentation
Double gourde (paire), Chine, dynastie Qing, laque, XVIIIe siècle
Dépôt public Fondation Salomon de Rothschild, 1923
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

De la Chine au MAD retrace l’apparition du goût pour l’art chinois qui prend une ampleur manifeste en France au XIXe siècle, mais aussi l’histoire particulière d’une collection. Le Musée Chinois à Fontainebleau inauguré par l’Impératrice Eugénie en 1863, ou encore les Expositions Universelles, sont les prémices de ce nouvel et vif intérêt pour des formes d’art que ces amateurs éclairés vont, pour certains, collectionner avec passion. Les premières salles de l’exposition rendent hommage à ces collectionneurs et ces légataires, tels que Jules Maciet, Raymond Koechlin, Jean Schlumberger, Raoul Duseigneur, Mademoiselle Grandjean, mais aussi David David-Weill et la Baronne Salomon de Rothschild. En faisant don au Musée des Arts Décoratifs, ils revendiquent le souci de préserver, valoriser et transmettre un répertoire esthétique nouveau, ainsi que les secrets de certaines techniques, comme la laque ou encore la porcelaine. Les raisons données par David David-Weill, lorsqu’il offre ses émaux cloisonnés au musée en février 1923, valent sans doute pour chacun d’entre eux : « La collection (…) pourra être un enseignement utile pour toute une branche d’artistes décorateurs ». Cet art chinois prisé par les créateurs et les amateurs occidentaux offre la possibilité de renouveler les techniques et d’ouvrir la porte à un nouveau répertoire iconographique. Les représentations de dragons ou encore de « chiens Fô » et d’autres chimères sont, pour le public européen de l’époque, des figures étranges et cryptiques qui suscitent toute leur curiosité.

Exposition "De la Chine aux Arts Décoratifs" jusqu'au 11 janvier 2015
Baigneurs Costume Mao, France, 2013
Petitcollin
Polyéthylène, tissu

De la Chine au MAD est l’occasion d’appréhender une collection qui révèle un héritage artistique inédit. À l’exception de pièces réalisées pendant les premières dynasties royales ou impériales chinoises, les objets exposés appartiennent aux dynasties des Song (960-1279), des Yuan (1279-1368) et, pour la majorité, aux deux dernières dynasties impériales, celles des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1912). Ces chefs-d’œuvre datant des périodes les plus récentes sont parmi les plus prisés des collectionneurs de l’époque et forment ainsi une partie importante de l’exposition, permettant de se rendre compte de la finesse et de la richesse des fonds que conservent Les Arts Décoratifs. Le public est invité à admirer une grande diversité d’objets tels que des robes de cour (chaofu) ou de cérémonie (lifu), des habits semi-officiels (jifu), des armures, ou encore des textiles présentés sous forme d’échantillons plus ou moins grands, offrant un catalogue de motifs et de techniques extraordinaires qui ont fasciné les Européens. Des albums de papiers aquarellés du XVIIIe et du XIXe siècle, réalisés pour le marché occidental et illustrant le mode de vie et les décors chinois, sont sortis des archives de la Bibliothèque du MAD pour l’occasion. Deux salles sont dédiées aux céramiques d’exportation provenant majoritairement des collections d’Alexandrine Grandjean et de Paul Pannier et des périodes plus anciennes sont classées par techniques, et mettent à jour des pièces d’exception comme le grand plat Yuan en porcelaine avec un décor bleu de cobalt sous couverte. Au même titre, des jarres, des vases ou encore des pots à anse en céramique évoquent l’époque durant laquelle les Compagnies des Indes orientales importaient par millions ces objets en Europe, alors que cette dernière recherchait encore le secret de la porcelaine. Ce parcours à travers l’histoire de l’art chinois retrace également l’évolution du goût des collectionneurs qui penchent pendant un temps pour les décors richement constitués d’émaux polychromes, et plus tardivement pour des objets initialement destinés au commerce en Chine.

Vase (Meiping) (gauche) et brûle-parfum tripode (droite), Dynastie des Yuan ou des Ming, 2e moitié du XIVe siècle
Marque de Jingtai (1450-1457) pour le vase
Emaux cloisonnés sur alliage cuivreux
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Une autre partie de l’exposition, dédiée à un ensemble remarquable de cloisonnés provenant de dons de David David-Weill et de la Baronne Salomon de Rothschild, réunit l’une des collections les plus importantes de ce genre, très peu vues en Europe, offrant ainsi un panorama impressionnant qui retrace l’historique de cette technique. Ces chefs-d’œuvre accompagnent des objets rares, tels qu’une vingtaine de cornes de rhinocéros sculptées appartenant aux dynasties Ming et Qing. Des pierres dures finement travaillées telles des vases, des pots et des coupes en jade, en agate et en lapis-lazuli sont également montrés au public et témoignent du raffinement de la culture chinoise. Aux côtés de ces pièces, s’ajoute une sélection d’éléments de mobilier dont des paravents qui rappellent la grande maitrise de la laque que les européens ont longtemps admirée des chinois.

L’exposition montre aussi des objets essentiellement fabriqués pour le marché chinois. Iconographies et symboliques des motifs sont décryptées au public pour mieux appréhender l’art et la culture de la Chine. Ces œuvres figurant aujourd’hui au musée, sont ainsi l’occasion d’aborder les méthodes de création originales et anciennes, tout en distinguant le « goût chinois » de celui des français, dans la sphère des métiers d’art. En exposant cette collection, Les Arts Décoratifs souhaitent également apporter une ouverture sur la Chine du XXe siècle et contemporaine à travers des affiches et des jouets, mais aussi des œuvres de designers ou de créateurs chinois.

De la Chine au MAD s’étend dans les douze salles de la galerie d’étude, du 13 février à l’été 2014. Tout en mettant en lumière l’héritage du savoir-faire chinois et l’impact qu’il a eu sur les métiers d’art en Europe et en France en particulier, cet événement est ainsi l’occasion d’exposer une collection précieuse et riche, trop rarement montrée au public jusqu’à aujourd’hui.

Vers la création contemporaine : la participation de la maison Shang Xia

Depuis toujours, le Musée des Arts Décoratifs a comme préoccupation de s’ouvrir à la création contemporaine. En invitant Jiang Qiong Er, directrice artistique de la maison Shang Xia, à choisir une sélection d’objets emblématiques de la production chinoise, l’exposition De la Chine au MAD offre un regard sur l’artisanat d’aujourd’hui.

En allant du tabouret de jardin aux textiles, jusqu’à l’encrier en bois, ces objets issus des collections de Shang Xia mais également d’ateliers d’artisans contemporains, illustrent le dialogue permanent de la tradition chinoise et du design moderne, le savoir-faire ancestral et les exigences de haute qualité relatives aux tendances actuelles.

Site Internet : www.shang-xia.com/fr

Les collections

Ces textes sont extraits du catalogue de l’exposition.

Introduction

Casque d’armure impérial ou princier, Dynastie des Qing, XVIIIe siècle
Soie, fer, bronze
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les musées d’arts décoratifs sont les premiers à constituer des fonds importants d’objets d’art extra-européens, avant même que les musées d’arts orientaux ou extrême-orientaux ne voient le jour. En France, le musée Guimet ouvre ses portes à Paris en 1888 grâce aux collections données à l’État par Émile Guimet (1836-1918). La demeure d’Henri Cernuschi (1821-1896) est transformée en musée accessible au public en 1898, deux ans après la mort de son inventeur. Chacun de ces hommes a voyagé en Asie. La composition de leurs collections poursuit alors d’autres objectifs, ceux de comprendre les civilisations, les religions et la culture des pays d’où ces collections sont issues et d’offrir un panorama de leur évolution depuis leur origine jusqu’aux périodes récentes. Les collections chinoises de l’Union Centrale des Arts Décoratifs participent quant à elles à sa devise, « développer en France la culture des arts qui poursuivent la réalisation du beau dans l’utile ». Elles reflètent avant tout l’engouement et la passion des collectionneurs grâce auxquels elles se sont constituées.

Textiles et costumes

Veste longue informelle, Dynastie des Qing, XIXe siècle
Satin de soie brodé, fils métalliques
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

L’intérêt pour les textiles et les costumes chinois précède la création du Musée des Arts Décoratifs en 1882, puisque les premières entrées sont faites par l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie. La collection est constituée, pour plus de la moitié, grâce à l’achat de deux lots : l’un fait à Viault, en décembre 1890, d’une dizaine de pièces de textile, l’autre fait à Vapereau, en février 1891, d’une quarantaine de vêtements et de textiles. De 1891 à 1917, les collections textiles s’enrichissent de manière importante et quasi annuelle, grâce à des achats, des dons et des legs. Pendant la période de l’entre-deux-guerres, ce fonds s’accroît à un rythme plus lent. Hugues Krafft donne des vêtements de grand intérêt : une armure princière et un casque impérial en 1924, puis, en 1933, six vêtements dont une robe de cour (chaopao) princière et une partie de robe impériale non montée, en tapisserie de soie kesi. Après la Seconde Guerre mondiale, le fonds textile s’étoffe encore grâce à des dons, notamment celui de Laura Dreyfus-Barney .

Les textiles sont de formes très hétérogènes : morceaux coupés ou lés de diverses dimensions, peintures de soie peinte, brodée ou tissée (kesi), parties de vêtements brodées et non coupées (bas de robe, bords de manches), paquets d’échantillons, textiles d’ameublement (tentures, éventails de table, portière). Parmi ces pièces, les peintures en tapisserie de soie (kesi) et le carré de soie tissée à motif de rinceaux de lotus – qui formait à l’origine la reliure d’un rouleau impérial– sont remarquables.

Quant à la collection de vêtements, elle est également très riche. Constituée exclusivement de pièces de la dynastie Qing, elle offre un panorama assez complet des divers types de vêtements de cette période.

Céramiques

Assiette, Dynastie des Qing, vers 1730-1735
Porcelaine coquille d’œuf
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Avec plus de huit cents pièces, l’ensemble des céramiques est le fonds le plus important, en nombre, des collections chinoises du Musée des Arts Décoratifs. Deux grands groupes se distinguent : la porcelaine dite d’exportation et les céramiques produites pour le goût et le marché chinois. (…) Le fonds de céramiques d’exportation conservées au Musée des Arts Décoratifs offre un panorama assez complet des réalisations du XVIIIe siècle et peut être comparé à celui conservé dans le Pavillon chinois à Bruxelles. Il est composé principalement des plus de deux cent cinquante pièces provenant du legs de Louise Alexandrine Grandjean (1918) et de la centaine d’objets issus du don de Paul Pannier (1921). Ni l’un ni l’autre n’ont cherché à reconstituer un service complet, mais plutôt à réunir un exemple de chaque décor ou modèle et, en cela, les deux collections sont très complémentaires. (…) La collection de céramiques chinoises du Musée des Arts Décoratifs reflète bien l’évolution du goût, elle-même liée à l’évolution de la connaissance de ce domaine en France. À l’engouement des décors peints d’émaux polychromes délicats et raffinés a succédé celui pour des céramiques soit plus proches du goût lettré hérité des Song (960-1279), soit au contraire du goût pour la production impériale de très grande qualité.

émaux cloisonnés et peints

Vase (Meiping) (gauche) et brûle-parfum tripode (droite), Dynastie des Yuan ou des Ming, 2e moitié du XIVe siècle
Marque de Jingtai (1450-1457) pour le vase
Emaux cloisonnés sur alliage cuivreux
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Au cours des siècles, la technique des émaux cloisonnés a atteint un tel degré de perfection en Chine qu’on a peine à croire qu’elle n’est pas d’origine chinoise. Cette technique voit le jour dans le bassin Méditerranéen mais c’est à Byzance qu’elle se développe à partir du VIIe siècle et qu’elle atteint un premier apogée au XIIe. Elle se serait diffusée de Byzance au sud de la Chine par l’intermédiaire d’artistes byzantins installés au Moyen-Orient au cours de la première moitié du XIIe siècle. En l’absence de textes, telle est l’hypothèse que les objets qui nous sont parvenus nous permettent de bâtir. (…)

La collection du Musée des Arts Décoratifs regroupe près de deux cents objets qui proviennent aux trois quarts de la donation que David David-Weill fit en 1923. À elle seule, la collection David-Weill offre un panorama très complet de l’évolution des émaux chinois de leur apparition à la fin de la dynastie des Qing et l’un des ensembles les plus remarquables de pièces des Yuan ou du début des Ming. Suite à cette très importante donation, le musée du Louvre déposa, quelques mois plus tard, les émaux cloisonnés légués en 1922 par la baronne Salomon de Rothschild, Adèle-Hannah. Composé d’une vingtaine d’objets, cet ensemble, datable de la dynastie Qing uniquement, complète parfaitement celui de David-Weill, notamment les pièces de plus grand format et les pièces de forme rituelles. (…)

La collection de cloisonnés du Musée des Arts Décoratifs est l’une des plus exceptionnelles au monde par la variété des formes et des décors, le nombre de pièces de référence, marquées ou pas, et par le nombre représentatif d’objets de chaque époque en fonction de l’évolution générale de cette production, qui a augmenté sans cesse des Yuan à la fin des Ming.

Bronzes

Récipient (jia), Dynastie des Shang, XIIIe-XIe siècles avant notre ère
Bronze
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Les bronzes chinois font partie des objets que l’Union centrale des arts décoratifs achète ou reçoit en don avant même la création du musée en 1882. Le premier est donné par Jules Maciet en 1881, et les deux tiers de la collection conservée aujourd’hui entrent avant 1900. Cet engouement pourrait bien être une conséquence de l’exposition des bronzes japonais et chinois d’Henri Cernuschi, organisée au palais de l’Industrie en 1874. Les mille cinq cents bronzes alors présentés furent rapportés de son voyage autour du monde effectué de 1871 à 1873 avec Théodore Duret. Il s’agissait surtout de bronzes « récents », c’est-à-dire des dynasties Song (960-1279) aux Qing (1644-1912), en comparaison avec les bronzes archaïques des dynasties royales des Shang (vers 1500-1050 avant notre ère), puis des Zhou (1050-221 avant notre ère). Les articles d’Albert Jacquemart dans la Gazette des beaux-arts comparent certains de ces bronzes à ceux de la Renaissance, référence absolue dans le domaine du métal par la maîtrise tant des formes, des drapés, des techniques de fonte que des patines.

Pierres dures

Dynastie Qing, XVIIe siècle, Dynastie des Yuan, ou des Qing, première moitié du XVIIIe siècle
Agate, bois
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Le fonds de pierres dures s’est constitué principalement grâce à deux donations. En novembre 1933, Jean Knight donna un ensemble d’une trentaine d’objets en agate : près de dix coupes datant pour la plupart du XVIIe siècle et plus de vingt flacons à tabac. En juin 1937, Mme Eugénie Anne-Marie Delicourt donna, en souvenir de son frère Edmond Auguste Thierry, la collection de près de quarante objets en cristal de roche, en jade et lapis-lazuli. La majorité des jades et cristaux de roche de très belle qualité aujourd’hui au Musée des Arts Décoratifs proviennent de ce fonds.

Si les collectionneurs chinois affectionnent tout particulièrement le jade, les collectionneurs européens du XIXe siècle et du premier tiers du XXe ont tout autant apprécié les objets, même tardifs, en cristal de roche, en sardoine, en cornaline, en agate, en améthyste ou en quartz de couleur. La collection du musée n’échappe pas à cette règle. Ces compositions, qui, par le choix du décor, exploitent la polychromie de certaines pierres, ou celles, en cristal de roche, qui associent aux vases un enchevêtrement de lingzhi, étaient particulièrement recherchées. Ces objets étaient toujours présentés sur des socles en bois ou plus exceptionnellement en ivoire sculpté, dont le décor rappelle celui de l’objet. Sans doute parce qu’ils s’accordent avec le goût que les Européens ont toujours eu pour le travail des pierres dures dès la plus haute Antiquité, ces objets chinois font partie des pièces les plus recherchées par les collectionneurs occidentaux, avec les bronzes, les textiles et certaines productions céramiques.

Laques

Vantail droit d’une porte, Dynastie des Ming, fin XVIe-début XVIIe siècle
Bois laqué peint
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

La collection des laques d’Extrême-Orient du Musée des Arts Décoratifs est sans doute celle qui reflète le mieux la mode dont ces pièces ont fait l’objet dans les deux dernières décennies du XIXe siècle, au moment où se forment les collections du musée. Les laques japonais connaissent alors une très grande faveur des collectionneurs, aussi fervents de ces objets noirs aux décors raffinés, faits de poudres d’or et parfois de nacre incrustée, que d’estampes, de tsuba (gardes de sabre) et de certains types de céramique japonaise que l’on trouve alors chez les marchands Bing et Hayashi. L’exceptionnelle collection de laques japonais du musée illustre bien cette mode indissociable du japonisme.

Verres

Vase, Dynastie des Qing, XVIIIe siècle
Verre soufflé, couleurs associées à chaud, gravé à la roue
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Le Musée oriental de l’exposition organisée, en 1869, par l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie, est une des premières occasions en France de rassembler quelques verres chinois d’époque Qing (1644-1912) appartenant à des amateurs, parmi lesquels sont mentionnés le baron Alphonse de Rothschild, le duc de Martina, M. de Vassoigne, M. Riocreux et M. Gasnault. Cette curiosité naissante du milieu des amateurs pour les verres chinois est relayée par les chapitres, même brefs et pleins d’interrogations, que les ouvrages généralistes sur le verre consacrent au sujet, comme ceux d’Édouard Garnier (1886) et d’Édouard Gerspach (1885). Ces auteurs sont également des spécialistes de la céramique, comme le duo fondateur des études sur les arts du feu en France, Alexandre Brongniart et Désiré Riocreux, qui mentionnent des échantillons de verre chinois dans leur ouvrage de 1845. Le premier sinologue français abordant le sujet est par ailleurs Maurice Paléologue dans L’Art chinois paru en 1887.

Chine du Sud, dynastie des Qing, 2e moitié du XVIIIe siècle
Papier végétal, impression à la planche de bois, au pochoir et pinceautage
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Livres, gravures, photographies

Dès l’ouverture de la Bibliothèque du MAD en 1864, la Chine est constitutive de ses collections : les livres les plus anciens traitent de récits de voyages, de chinoiseries ou de techniques artistiques, les motifs chinois figurent dans les instruments du renouveau des arts européens que furent les grammaires de l’ornement. Après la redécouverte de l’art chinois lors des Expositions universelles, des ouvrages de référence, historiques ou scientifiques, des catalogues de collections sont acquis grâce à des membres de l’Union Centrale des Arts Décoratifs (UCAD), collectionneurs ou amateurs, ou auprès d’éditeurs et de libraires spécialisés.

Affiches

Les idées de Mao Zedong indiquent la direction, 1977
Commanditée par le Parti communiste chinois
Papier, offset couleur
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

La révolution de 1949 et l’avènement de la République populaire de Chine firent de l’affiche un outil de propagande dominant du régime et un moyen d’éducation des masses. Tirées en grand nombre, parfois à plus d’un million d’exemplaires, vendues aux particuliers et aux communes, elles étaient placardées jusque dans les contrées les plus reculées, punaisées aux murs des écoles, des foyers, des unités de travail. Les plus petites se collectionnaient. Contrôlées et produites par des organismes d’État, elles répondaient à l’esthétique « acceptable » du réalisme socialiste, définie et imposée dès juillet 1949, à Pékin, lors du Congrès national des artistes et écrivains. Cette esthétique était fondée sur la représentation de modèles politiques et sociaux idéalisés, et l’artiste, soumis aux objectifs du parti communiste, devait mettre son œuvre à la portée du prolétariat. En 1942, dans son discours « Causeries sur la littérature et l’art de Yan’an », Mao Zedong assurait : « L’art pour l’art n’existe pas. L’art au-dessus des classes, un art qui se développerait en dehors de la politique ou indépendamment d’elle, cela n’existe pas. La littérature et l’art prolétarien font partie de la cause de la révolution prolétarienne. Ils sont, comme disait Lénine, « une petite roue et une petite vis » du mécanisme général de la révolution. »

Jouets

Baigneurs Costume Mao, France, 2013
Petitcollin
Polyéthylène, tissu

En Chine, le jouet a longtemps été fabriqué à la main et est fortement lié à la culture folklorique transmise par les opéras, la littérature et les légendes. Les jouets en argile et brodés représentent personnages et animaux. Les jeux de fléchettes, le jeu du volant, le jeu du cerceau mais aussi la toupie, la crécelle ou encore les jouets en fer-blanc font partie de l’enfance chinoise. Cerf-volant, casse-tête, mah-jong, jeu de go, coffret d’ombres chinoises ont largement traversé les frontières.

Un jouet exceptionnel entré dans les collections en 1937 représente un mariage impérial chinois en miniature : cinquante figurines, parmi lesquelles musiciens, porteurs de lanterne, de palme, de bannière, de palanquin et de cadeaux divers, constituent un cortège féerique.

Le catalogue de l’exposition
1 COMMENTAIRE
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivez-nous

Abonnez-vous à notre newsletter