(…) Les vidéo clips sont « des productions artistiques bâtardes, qui se situent quelque part entre le mini-film et le maxi-spot publicitaire4 », pouvait-on lire dans The Rolling Stone Book of Rock Video au milieu des années 1980. Le clip a une double identité : il doit faire vendre et divertir, mais aussi rester au service de la chanson tout en proposant trois minutes de pur émerveillement.
(…) La French Touch est apparue à ce moment crucial de renouveau dans les vidéo clips et à cette époque charnière où la production culturelle et la création ont basculé de l’analogique au numérique. Même si ce processus s’est déroulé progressivement, au fil des ans, les années 1990 ont établi et répandu l’usage de l’ordinateur pour des projets de grande qualité dans la création musicale comme dans l’art visuel.
Des créateurs de disciplines diverses se servent désormais des mêmes outils, si bien qu’ils commencent à s’influencer mutuellement pour réaliser des sons, des images et concevoir des moyens d’expression d’un genre nouveau. (…)
Au tournant du siècle, en ce moment exceptionnel où le son et l’image se mêlent, les outils de la mercatique ainsi que les modes de promotion et d’emballage de l’industrie musicale se conjuguent avec la musique elle-même. Cette combinaison crée une identité, composite mais cohérente. (…) Il est certain que les artistes de la French Touch – ceux qui appartenaient à des labels, tels Ed Banger Records de Pedro Winter, comme les nombreux talents moins connus – disposaient des moyens d’influencer notre culture. La musique déterminait l’aspect graphique et l’aspect graphique déterminait la musique, l’un et l’autre appartenant à la même culture qu’ils contribuaient à modeler, parlant d’une seule voix créative. Ces interactions ont donné aux œuvres leur authenticité et à la production de la French Touch une ampleur dépassant la seule adhésion d’un public branché, pour en faire un phénomène international.