Bureau à transformation «  à la Bourgogne  », Paris, vers 1750

Bureau à transformation «  à la Bourgogne  », Paris, vers 1750

Bâti en chêne, bois de rose, bois de violette et amarante, bronze doré, maroquin
Legs Comtesse de Valencia de Don Juan, 1918
Inv. 21119
© Les Arts Décoratifs

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L’aîné des petits-fils de Louis XV, le duc de Bourgogne (1751-1761) s’étant trouvé dans l’incapacité de marcher, des suites d’une chute de cheval, Jean-François Oeben (vers 1720-1763), nommé ébéniste du roi en 1754, avait livré à la cour plusieurs meubles mécaniques, dont « Un Fauteuil Mécanique et à ressorts […] se tournant sur un pivot. Pour servir à Monsieur le Duc de Bourgogne à Versailles 20 Juillet 1760. » (Cité par Rosemarie Stratmann-Döhler, 2002, p. 335 et passim). Le terme « à la Bourgogne » s’appliqua par extension à des tables de travail dont le gradin comportant tiroirs ou casiers est escamotable ; comme tous les meubles mécaniques, il remporta immédiatement un franc succès. Dans l’état des marchandises dressé lors de l’inventaire après décès d’Oeben, dressé le 27 janvier 1763, on n’en trouve pas moins de quatre exemplaires : « une table à la Bourgogne […] dans laquelle est par derrière une bibliothèque montante garnie au devant d’un petit abattant, et au dessous deux tiroirs […], deux bâtis en carcasse de secrétaires en Bourgogne garny de trois tiroirs par devant… » (Idem).

Sous l’apparence d’un bureau plat, se cache un meuble à transformation dont la mise en œuvre est d’une extrême sophistication. Ce meuble, qui n’est pas estampillé, présente un décor de frisage de bois de rose sur l’ensemble de sa surface ; bordé d’un filet en bois violet, le plateau au bord chantourné est couvert d’un motif rayonnant dit « en soleil ». Les faces avant et arrière sont compartimentées et galbées en trois parties égales qui simulent des tiroirs, cette fausse impression est renforcée par la présence de poignées de bronze doré. Le plateau s’ouvre par moitié grâce à une serrure placée au centre dont la plaque ovale en cuivre doré est finement ciselée de fleurs. L’un des côtés en se rabattant vers l’avant forme une table à écrire gainée de maroquin vert, l’autre s’élève par simple pression sur deux boutons dissimulés dans le décor de chaque côté de la ceinture, révélant un imposant gradin rectangulaire composé de 12 tiroirs en bois de violette.

Pour garantir la sécurité des objets qui y sont conservés, les tiroirs sont tous verrouillés par un loquet qui pivote en exerçant une légère pression sur les petits boutons de cuivre. La partie inférieure est divisée en trois compartiments fermés par des panneaux, entourés de deux rangements rectangulaires plus petits dont le dessus glisse vers l’extérieur.

Au centre, un quart de tour sur la vis centrale de la charnière libère l’abattant qui s’ouvre vers l’arrière grâce à deux ressorts plats, et recouvre un casier. Tandis que de part et d’autre, les compartiments carrés sont fermés par des panneaux qui pénètrent à la base du gradin ; à l’intérieur, une fois ôté le casier, une autre cachette est révélée : il suffit de faire coulisser à la verticale la paroi du fond et les parois latérales pour libérer trois casiers étroits.

D’autres ébénistes, comme R.V.L.C., Adrien Faizelot-Delorme, Gilles Joubert ou Jacques Dautriche ont fabriqué des meubles de ce genre, mais Jean-François Oeben connut un immense succès que la table mécanique dont on ne connaît pas deux exemplaires identiques.

S.M.

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