Albert Dammouse (1848-1926), Coupes, France, vers 1910
Pâte de verre estampée
H. 8,8 cm, achat, 1910
H. 6,5 cm, achat, 1911
Inv. 17385 et 18228
© Les Arts Décoratifs
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Lorsque Albert Dammouse aborde le procédé technique de la pâte de verre, redécouvert vers 1880 par le peintre et sculpteur Henry Cros, l’artiste était un céramiste déjà célèbre. Formé à l’École des arts décoratifs, puis dans l’atelier de Marc-Louis Solon, dit Milès Solon, décorateur à la Manufacture de Sèvres, Dammouse maîtrise depuis 1870 la porcelaine et le décor en pâte sur pâte, puis le grès et les cuissons de grand feu, la faïence et les décors sous couverte. Débutées en 1897, ses expérimentations sur la technique de la pâte de verre constituent la première application au vocabulaire de l’objet et la première transposition technique d’une matière qu’Henry Cros avait utilisée en bas-relief, avec la volonté de réhabiliter le statut esthétique de la sculpture polychrome. En expérimentant cette nouvelle technique, Albert Dammouse se détache progressivement des formes traditionnelles de ses porcelaines et de ses grès pour concevoir des pièces d’une préciosité proche des émaux translucides exécutés à la même époque par l’émailleur Fernand Thesmar. Sa matière gagne en finesse et en légèreté, ses motifs se dessinent avec plus de précision. Sa technique fait intervenir des procédés complexes, intégrant le principe du cloisonnement, obtenu par un émail plus dur, jouant en transparence et en clair-obscur avec le fond translucide des parois. Étape ultime dans son œuvre de verrier, l’artiste adapte la corolle de la fleur à la forme de ses verreries. Sa capacité à cerner très précisément le contour de ses motifs lui permet de ramener ses modèles à quelques articulations simples, rythmées par des pétales d’une grande justesse de polychromie et de texture, qui laissent supposer un moulage sur nature. Si l’évocation est précise, elle n’exclut pas l’invention et la réinterprétation du modèle naturel. Albert Dammouse fait ainsi la synthèse de plusieurs références associant la corolle d’une tulipe aux pétales de l’iris. Chefs-d’œuvre de l’Art nouveau floral, ses fragiles restitutions, obtenues par l’estampage de poudre d’émaux dans un moule réfractaire, offrent une des interprétations les plus originales de la nature et du caractère éphémère de ses manifestations.
V. A.
Édouard Garnier, « Albert Dammouse », Art et Décoration, t. VI, 2e semestre, octobre 1899, p 97-105.
Jean-Luc Olivié, « Jalons pour une histoire des pâtes de verre », Revue de la céramique et du verre, n°6, septembre-octobre 1982, p. 8-13.