Winshluss, alias Vincent Paronnaud (né en 1970), est un artiste au parcours atypique et prolifique. Dessinateur de bandes dessinées, sculpteur, plasticien, musicien et réalisateur, il multiplie les projets et les collaborations. Son album Pinocchio est salué en 2008 au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Le film d’animation Persépolis, coréalisé avec Marjane Satrapi, reçoit en 2007 le Prix spécial du jury du Festival de Cannes. Déjà présent dans l’exposition Toy Comix en 2007 avec l’Association Ferraille, il propose dans la galerie des Jouets Un monde merveilleux peuplé de jouets, de sculptures, de planches et de dessins originaux, de posters et d’affiches, de revues et de fanzines ainsi que de dessins animés.

Winshluss, « L'enfant à la saucisse »
Winshluss, «  L’enfant à la saucisse  »
Matéraux mixtes
Collection Ferraille Productions
© Stéphane Soulié

Le rapport à l’enfance est souvent présent dans l’œuvre de Winshluss. Dans ses albums et dans ses films, il fait se côtoyer des figures et des univers de la culture populaire : héros, mascottes, animaux, monde du cirque, de la fête foraine, de la publicité, de la série B, des films d’horreurs Pinocchio, le premier film de Walt Disney qu’il a vu au cinéma, l’a fortement marqué : il en a dessiné une version contemporaine, poétique et cruelle, publiée aux éditions Les Requins marteaux. D’autre héros comme Mickey, Betty Boop, Blanche Neige et les sept nains, Bambi, Pluto, Riri, Fifi et Loulou, les trois ours, Caroline..., tous plus ou moins symboles de tendresse, se retrouvent aussi catapultés dans des histoires aux accents cyniques et noirs mais toujours teintées d’humour. Lors de sa dernière exposition à la Galerie Vallois en 2012, il a présenté la sculpture Panasonic State of Fear qui faisait référence à Toto, un autre garnement, cancre impertinent, spécialisé dans les blagues, aujourd’hui devenu un personnage incontournable de la culture populaire.

Pour cette exposition, Winshluss a créé quatre dioramas, tous en lien avec l’enfance. Ces mises en scènes, dont il a dessiné tous les décors, font référence aux vitrines de Noël, aux grands magasins, à des étals de boutiques, à des théâtres animés ou encore à des maquettes de modélisme. Il a réalisé une Arche de Noé regorgeant d’espèces animales en plastique dont certaines sont restées en plein milieu d’une mer déchaînée par manque de place ; un monstre rose à tentacules ressemblant à un Barbapapa attaqué par une armée imaginaire reproduite à l’échelle 1/32e ; un nouveau conte où le frère Hansel et sa sœur Gretel rencontrent le clown Ronald McDonald et sa maison Burger… Les jouets font ainsi l’objet de saynètes ludiques, drôles, cocasses et grinçantes.

Enfant, Winshluss était fasciné par les publicités, les packagings colorés, les promotions à profusion, les cadeaux Bonux. En recréant le supermarché Ferraille ou en réalisant le film d’animation Il était une fois l’huile, il détourne les produits de consommation, invente de nouvelles marques et des mascottes et fait une critique de notre société consumériste. Il n’oublie pas non plus de se mettre en scène dans ce monde merveilleux telle une poupée « qui transpire, crache de la fumée et a raté sa vie », comme l’indique le texte mentionné sur la boîte d’emballage. Il a aussi réalisé un masque à son effigie qu’il a placé au milieu d’autres de la collection des Arts Décoratifs. Il côtoie ainsi tous les héros de son enfance, allant du clown triste au cochon à lunettes, en passant par Félix le chat, Prosper et les Beatles !

En se plongeant dans la collection de jouets du musée, Winshluss a sélectionné un ensemble de jouets d’un autre temps comme un chien sauteur au poil ébouriffé, Rex le dinosaure en peluche, un ours fumeur, une poupée à tête tournante ou encore Charles de Gaulle dans sa Simca présidentielle. Il a également retrouvé des jouets de son enfance, dont le célèbre Big Jim qui selon Winshluss a été le déclencheur dans sa carrière d’artiste : « J’ai commencé à lui faire des tatouages, à le brûler, à le maquiller, à le transformer en zombie. »

Un monde merveilleux nous plonge dans des histoires qui, comme les contes, nous émerveillent tout en montrant la face cachée – et parfois noire – du monde.

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