Madame Amon-Maffre a dirigé entre 1970 et 1979 à Bordeaux une première galerie de céramique et d’artisanat contemporain. Son intérêt pour l’art céramique lui vient dès l’enfance, développé lors de séjours en Afrique puis par un stage au Château de Ratilly (Yonne) chez Jeanne et Norbert Pierlot, en 1967. Elle rend souvent visite à plusieurs céramistes du village de La Borne (Cher), tels que Anne Kjaersgaard et Jean Linard, Yves Mohy, Pierre Digan, Janet Stedman, Christine Pedley… Madame Amon-Maffre et son mari Jean-Pierre Maffre proposeront plusieurs expositions personnelles aux céramistes parmi les plus reconnus de cette époque, tels qu’Elisabeth Joulia (installée à La Borne) et Robert Deblander (établi près de Cosne-sur-Loire). En 1972, ils organisent une première présentation des œuvres d’un jeune couple, Rémy Bonhert et Hildegund Schlichenmaier - anciens élèves de Jean et Jacqueline Lerat à l’école des Beaux-Arts de Bourges - qui s’orientent vers une sculpture influencée par les formes de la croissance du végétal. Au fil des ans, les galeristes acquièrent pour leur propre collection plusieurs vases du grand céramiste suisse Edouard Chapallaz, des vases sculpturaux en grès brut d’Yves Mohy, des petites pièces émaillées de Daniel de Montmollin, etc... En 1981, les époux Maffre choisissent de s’installer à Paris et ouvrent, au 28 rue Saint-Sulpice, « L’Atelier d’Amon », galerie qu’ils spécialiseront bientôt dans le verre contemporain, tout en continuant à montrer encore quelques céramistes plus orientés vers la sculpture. Après 22 années d’activité, la galerie d’Amon fermera ses portes en 2003.
Madame Amon-Maffre a déjà fait don au Musée des Arts Décoratifs en 2007 de 19 œuvres de céramistes du XXe siècle dont six pièces de vaisselle en grès de Robert Deblander (Inv. 2007.19.1-6). Les nouvelles pièces de ce célèbre céramiste offertes en 2008 rendent compte du répertoire de formes très construites mis au point au début des années 1970, avec des surfaces de grès brut pyritées ou chamottées bien valorisées par leur cuisson dans un four à bois. Concernant les productions contemporaines de La Borne (Cher), le Musée des Arts Décoratifs ne possédait jusqu’à présent aucune vaisselle de Pierre Digan, et les services de grès français de qualité - particulièrement ceux emblématiques du renouveau de l’artisanat d’usage dans les années 1970 - constituent l’un des axes d’enrichissement souhaités dans le domaine des arts de la table. Un vase architecturé d’Yves Mohy - l’un des pionniers importants de ce renouveau du grès artistique en France, avec Elisabeth Joulia et les époux Lerat - s’avère également très intéressant, s’agissant d’une pièce réalisée durant sa période de vie à La Borne de 1960 à 1973. Les deux sculptures de Bonhert / Schlichenmaier démontrent parfaitement leur grande créativité au cœur des années 1970, dans un style très représentatif de la stimulation artistique impulsée par Jean et Jacqueline Lerat à l’école des Beaux-Arts de Bourges. Trois vases d’Edouard Chapallaz constituent de même un apport indéniable pour le Musée des Arts Décoratifs, ce céramiste important de l’après-guerre étant considéré comme un véritable maître en Suisse. Quant aux petits vases de Daniel de Montmollin, la sélection faite chez Madame Amon-Maffre permet de mieux représenter au Musée des Arts Décoratifs la richesse et la technicité de la palette d’émaux du célèbre céramiste, dans des typologies de formes variées.
Frédéric Bodet