Le XVIIe siècle

Couronné en 1594, Henri IV rétablit la paix religieuse et s’efforce de rendre au pays sa prospérité. L’interdiction d’exporter des matières premières et celle d’importer des produits de luxe telles que soieries et tapisseries favorisent les industries du textile, du verre et du cuir, ainsi que la fabrication des armes. En 1598, l’édit de Nantes a apaisé les tensions religieuses, mais ne diminue pas pour autant le poids du religieux dans la société du XVIIe siècle.

Les évolutions artistiques sont la manifestation du renouveau de l’Église catholique. Colonnes, anges, trouées lumineuses, doigts pointés vers le ciel se répandent dans la peinture comme la grammaire d’un langage baroque qui s’exprime également dans la construction des arches pour les entrées royales ou les gravures de Jacques Callot.

Sous Louis XIII, la participation de la France à la guerre de Trente Ans aggrave les difficultés économiques. Le mécontentement gagne les campagnes comme les villes. De nombreuses jacqueries surviennent. L’hostilité au pouvoir royal culmine avec la Fronde de 1648-1652.

Le grand siècle artistique est d’abord celui d’un retour à l’ordre. Après les troubles de la Fronde, Louis XIV assoit son absolutisme en échange d’une paix civile recouvrée. L’ordre, la mesure et l’attachement aux règles ne se manifestent en effet pas qu’en politique. Dès le milieu des années 1630, le succès des premières tragédies de Corneille annonce le triomphe de l’idéal classique. D’abord influencé par la comédie italienne, Molière ironise sur les mœurs de son époque. En 1664, son Tartuffe est joué devant le roi puis interdit. À partir des années 1660, Lully domine la scène musicale française. Il fixe pour un siècle les règles de la tragédie lyrique.

Le XVIIIe siècle

La philosophie des Lumières est-elle née dans l’Angleterre de Newton, dans l’Allemagne de Leibniz, voire dans la Hollande de Huygens ? Une chose est sûre : elle séduit l’Europe du XVIIIe siècle par sa foi dans le progrès par la science, par son idéal d’égalité et de liberté. Elle connaît dans la France de Voltaire un rayonnement exceptionnel. Les philosophes veulent substituer aux ténèbres du fanatisme les lumières de la raison. L’absolutisme royal est sous le feu des critiques. Dès 1734, Voltaire fait l’éloge des institutions anglaises. En 1748, Montesquieu publie L’Esprit des lois dans lequel il préconise une monarchie fondée sur la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Jean-Jacques Rousseau voit dans le retour à la simplicité naturelle un remède à la corruption des sociétés. Dans Le Contrat social, il rêve d’une cité idéale, juste et légitime. Les Salons littéraires propagent les idées nouvelles.

Reflet d’un rapport neuf de l’homme avec la nature, le jardin paysager à l’anglaise apparaît en Grande-Bretagne au début du siècle. Il se transforme en gagnant la France, l’Italie, l’Allemagne et la Russie après 1760. Inspiré par les tableaux de Claude Lorrain, il est conçu en réaction contre les parterres formels à la française.

Joué à Vienne en 1767, l’opéra Alceste de Gluck annonce l’avènement d’un style musical nouveau, pathétique et grandiose. À Paris, où la musique brillante et raffinée de Rameau a encore toutes les faveurs, cette révolution musicale suscite une légendaire querelle.

Au théâtre, la grâce et l’esprit du siècle s’incarnent dans les intrigues de Marivaux. Les chassés-croisés de ses personnages, leurs vertiges amoureux, leurs inconstances rejoignent les caprices de la rocaille.

La marqueterie

L’art de la marqueterie se développe en Italie au cours du XIVe siècle. Il consiste à appliquer sur une menuiserie des éléments découpés dans des feuilles minces de bois, formant des compositions ornementales ou figuratives. Au XVIIe siècle, cette technique connaît une évolution importante avec l’utilisation de la scie qui permet une découpe plus précise que le ciseau à bois.

Appelée peinture en bois, elle se prête à des compositions de fleurs, d’animaux, de personnages et d’ornements divers. À la fin du XVIIe siècle, le « bois des îsles » est en faveur : amarante de Guyane, amourette des Antilles, amboine des Moluques, bois de rose du Brésil, santal et palissandre des Indes… L’os, l’ivoire, le métal la rehaussent parfois.

Nommé ébéniste ordinaire du roi en 1672, André Charles Boulle donne son nom à une technique inventée en Allemagne : la découpe simultanée de feuilles superposées d’écaille de tortue et de métal (étain, cuivre ou laiton). On obtenait ainsi deux fois le même motif. Le premier, positif ou « en partie », de métal sur fond d’écaille ; le second, négatif ou « en contrepartie », d’écaille sur fond de métal.

Jean Berain (1638-1711)

Jean Berain est issu d’une famille d’arquebusiers lorrains. À 19 ans, il publie le recueil Diverses Pièces utiles pour les arquebusiers. Il s’impose rapidement comme l’un des ornemanistes les plus féconds du XVIIe siècle. Nommé dessinateur de la chambre et du cabinet du roi en 1674, il organise fêtes et divertissements, concevant décors éphémères, costumes et jusqu’aux buffets des festins.

Il doit son titre de gloire à l’interprétation originale d’un motif de la Renaissance : la grotesque. Rebaptisé arabesque, l’ornement nouveau s’immisça dans tous les domaines de la décoration intérieure. Ses compositions mettent en scène de petits personnages drolatiques ou des figures allégoriques sous des portiques fantaisistes, encadrés par un dense réseau d’arabesques, de rubans et de bandes entrecroisées, d’une harmonie toute musicale.

Berain publie de nombreuses planches et assure ainsi la diffusion de son style, et au lendemain de sa mort un recueil général est édité.

Thé, café ou chocolat

Première boisson exotique à être introduite en Europe, le chocolat venu d’Amérique fit son apparition au milieu du XVIe siècle en Espagne. La reine Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV, contribua à son succès en France. Quant au thé et au café, ils furent popularisés par les Hollandais. Appréciés pour leurs vertus médicinales, ces breuvages appartenaient d’abord à l’art de l’apothicaire.

La parution à Paris en 1705 de l’ouvrage de Pierre Masson, Le Parfait Limonadier ou la manière de préparer le thé, le café, le chocolat (…) consacrait leur entrée dans le domaine gourmand. On créa de nouveaux récipients pour les contenir, caractérisés par la forme des becs et des manches spécifiques à chaque boisson. Le couvercle de la chocolatière fut percé pour accueillir un moussoir ou fouet de bois.

Les premiers établissements où l’on consomme du café apparurent en Angleterre, puis à Paris dès la fin du XVIIe siècle. À l’aube de la Révolution, on en comptait 900 à Paris.

Charles Cressent (1685-1768)

Ebéniste du régent, Charles Cressent fut l’un des créateurs les plus brillants de la première moitié du XVIIIe siècle. En 1719, il reprenait l’atelier de Joseph Poitou où il avait fait son apprentissage. Comme Boulle, il ornait ses meubles de bronzes doré d’une grande richesse : trophées, mascarons, groupes d’enfants... Ces appliques se détachaient sur un placage géométrique d’amarante et de satiné.

Petit fils d’un ébéniste d’Amiens, fils de François Cressent, sculpteur du roi, il était lui-même sculpteur et ciseleur fondeur. Les souriants bustes féminins qui ornent les angles de ses bureaux plats et commodes comptent parmi les créations les plus heureuses de l’époque.

Il donna de nombreux modèles de pendules et de chenets dont la fantaisie bien tempérée accompagne la naissance du rococo. Parmi ses clients les plus prestigieux figuraient Louis XV, le roi de Portugal, l’électeur de Bavière et par-dessus tout la société nouvelle des grands financiers.

Le secret de la porcelaine

Fasciné par les porcelaines importées de Chine, l’Occident tenta dès la fin du XVe siècle de percer les secrets de leur technique. Un siècle plus tard, Florence vit l’éphémère production dite « porcelaine des Médicis ». En l’absence de kaolin, argile blanche exploitée en Chine dès le VIIe siècle, les manufactures mirent au point diverses recettes de porcelaine dite « tendre ». La difficulté était d’obtenir une matière translucide après cuisson. À cet effet, on mélangeait à la marne argileuse blanche (argile mêlée de calcaire) une « fritte », mélange vitreux à base de silice. Tout le secret résidait dans la composition de la fritte.

Les recherches reprirent en France à la fin du XVIIe siècle au sein de manufactures de faïence, à Rouen d’abord puis à Saint-Cloud. Au siècle suivant, Vincennes puis Sèvres portaient cette technique à son plus haut degré de perfection artistique. Au siècle suivant, Vincennes portait cette technique à son plus haut degré de perfection artistique à partir de 1740 ; transférée à Sèvres en 1756, la manufacture, devint la première d’Europe.

En 1708, la découverte de kaolin en Saxe marquait les débuts de la porcelaine dure européenne dont la manufacture de Meissen tira sa gloire. Le premier gisement de kaolin fut découvert en France, près de Limoges, en 1768.

Papier pour tentures

Au début du XVIIIe siècle, des manufacturiers anglais eurent l’idée de « rabouter », c’est-à-dire de coller ensemble des feuilles de papier pour constituer des rouleaux. Le papier peint au sens moderne était né.

Cette technique fut adoptée en France vers 1760. Elle permettait la réalisation de grands motifs. L’utilisation des rouleaux bouleversa les méthodes d’impression. La presse à vis des graveurs et imprimeurs fut abandonnée. Le rouleau était déployé sur une longue table de bois couverte de drap. Chargée de couleur dans un bac, la planche de bois gravée était appliquée sur la surface et frappée à coups de maillet, ou pressée par un système de levier actionné par le poids d’un enfant. À chaque couleur correspondait une planche différente. L’utilisation de la détrempe, mélange de pigments, de craie et de colle, permettait une impression riche et mate.

À Paris dans les années 1780, la vogue du papier peint était telle que les petites annonces immobilières mentionnaient sa présence dans le décor des appartements.

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