Les métiers d’art à mots découverts

Journées d’études internationales / Jeudi 14 et vendredi 15 février 2013

Quelle est la place des métiers d’art dans notre société d’un point de vue historique, socio-économique et prospectif ?

La sédimentation lexicale du champ de la création s’est construite au fil des siècles en fonction de l’évolution des pratiques artistiques et de leur acception, donnant lieu à une hiérarchie des normes verticale entre arts majeurs et arts mineurs, arts libéraux et arts mécaniques, concepts et techniques… Pour autant, cette taxinomie n’a pas permis de définir sans équivoques les différents secteurs du champ de la création ; bien au contraire, elle n’a fait qu’accentuer le flou qui entoure lesdits secteurs, au premier rang desquels les métiers d’art, comme s’ils étaient ineffables et que leur dualité intrinsèque constituait la raison première de la négation de leur singularité, jugée ainsi illégitime.

En effet, les métiers d’art sont souvent perçus dans un entre-deux et définis en opposition à l’art et à l’industrie, au concept et à la pure technique, demeurant ainsi des objets culturels déconsidérés. Aussi est-il communément admis de les désigner en référence à ce qu’ils ne sont pas plutôt qu’à ce qu’ils sont. Pourtant, une nouvelle approche de l’acte créateur ainsi qu’une demande présentant des caractéristiques inédites semblent émerger.

Le secteur des métiers d’art connaît depuis quelques années un fort regain d’intérêt auprès du public, et notamment des jeunes générations, aussi bien dans les établissements supérieurs d’arts appliqués et métiers d’art qu’au sein des écoles d’art, d’arts décoratifs et de design, où l’on observe une demande croissante de travail de la matière dans le cadre de l’atelier.

De plus, on constate que la plupart des jeunes diplômés s’inscrivent dans une démarche de décloisonnement des champs de la création et d’hybridation des procédés avec la volonté de maîtriser l’ensemble du processus de création, de la conception à la réalisation d’objets. Cette approche contemporaine de l’acte de création dans le champ des métiers d’art nous amène à poser un regard nouveau sur le secteur et sur ce qui le constitue.

Et si faire, c’était penser ? Et si c’était dire ? Et si c’était être ? Et si le désir au fondement de tout acte créateur accompli par un professionnel des métiers d’art visait à donner forme à cet excédent de vie pour mieux naître à soi-même et se réjouir devant l’objet qui prend forme, dans un dialogue constant avec la matière ?

Ces journées d’études se proposent d’apporter un nouvel éclairage sur l’évolution historique et sémantique des métiers d’art afin d’identifier la place qu’ils occupent dans notre société en tant que secteur à part entière du champ et de l’économie de la création et du patrimoine, vecteur de valeurs et revêtant une fonction émancipatrice. Compte tenu du décalage observé entre l’esthétisation croissante du discours qui entoure les métiers d’art et la place qui leur a été assignée dans notre société depuis la création de l’Académie, il s’agira, à partir des préconisations de Madame Béatrice SALMON, Directrice des Musées des Arts Décoratifs, Conservatrice générale du patrimoine, de définir les linéaments d’une historiographie critique des métiers d’art et de jeter les bases d’une étude sémantique afin d’ouvrir des perspectives de recherche pluri et interdisciplinaires, et s’engager ainsi dans un processus de légitimation/valorisation artistique et culturelle des métiers d’art ; retrouver leurs mots (voire leurs maux) pour leur rendre la parole.

Programme du jeudi 14 février 2013

9h – Interventions inaugurales
Interventions de Béatrice SALMON, Directrice des Musées des Arts Décoratifs, Conservatrice générale du Patrimoine, Les Arts Décoratifs, et Pascal LECLERCQ, Directeur scientifique et culturel de l’Institut National des Métiers d’Art.

9h30 – Session 1 - L’Histoire de la notion « Métiers d’art »
Modérateur : Bernard SCHOTTER, Administrateur général du Mobilier National et des Manufactures nationales des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie.
Suppléant : Marc BAYARD, Historien de l’art, Conseiller pour le développement scientifique et culturel du Mobilier national et des Manufactures nationales des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie.

9h45 - L’émergence du concept de métier d’art en France au XIXe siècle
Odile NOUVEL, Conservateur honoraire du Département du XIXe siècle, Musée des Arts Décoratifs.

10h15 - Craft and craftsmen : histoire du Craft et du statut des artisans d’art anglo-saxons
Paul GREENHALGH, Historien de l’art, spécialiste des arts décoratifs et de l’Art nouveau, Directeur du SCVA, Sainsbury Centre, University of East Anglia.

10h45 – La construction sociale de l’antagonisme entre la main et l’esprit
Hugues JACQUET, auteur de L’intelligence de la main.

11h30 - La formation aux métiers d’art, enjeu de la vitalité du secteur
Alain DEREY, Directeur de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de la Ville et des Territoires de Marne-la-Vallée et ancien Directeur de la Villa Arson.
Gérard DESQUAND, Graveur héraldiste, Maître d’art, Enseignant à l’Ecole Estienne, Vice-Président de l’Institut National des Métiers d’Art, Président de la Commission Formation - Conseil scientifique et culturel de l’INMA, ancien Président des Grands Ateliers de France.

12h00 – Clôture de session.

14h15 – Session 2 - L’Élan créateur, le geste et la matière : que signifie l’acte de faire ?
Modérateur : Philippe HARDY, Inspecteur de la Création artistique, Directeur général de l’Ecole européenne supérieure d’art de Bretagne (EESAB).

14h30 – Faire, c’est penser : se réaliser par le travail manuel
Richard SENNETT, Sociologue et historien, Enseignant à la London School of Economics (LSE), Auteur de Ce que sait la main. La culture de l’artisanat (The Craftsman, 2008).

15h00 – Faire, c’est dire : le geste comme langage
Patricia RIBAULT, Verrier, docteur en Arts et Sciences de l’Art (membre d’Ars Industrialis), Directrice de la recherche à l’ESAD de Reims et Chargée de cours au CNAM.

15h30 – Pause.

15H45 – Faire, c’est être : vivre de et pour les métiers d’art
Didier MUTEL, Graveur, Elève du Maître d’art Pierre LALLIER, Imprimeur taille-douce, ancien Pensionnaire de la Villa Médicis, Enseignant à l’Ecole des Beaux-Arts de Besançon.
Serge AMORUSO, Maroquinier Designer, Maître d’art.
Emmanuel BARROIS, Verrier d’architecture, Maître d’art.

16h45 – Clôture de session.

17h15 – Clôture de la première Journée.

Programme du vendredi 15 février 2013

9h00 – Session 3 - Les métiers d’art au cœur de l’économie de la création
Ouverture : Pierre BRUNHES, Chef du Service du tourisme, du commerce, de l’artisanat et services, Direction générale de la compétitivité de l’industrie et des services, Ministère de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme.
Modératrice : Françoise SEINCE, Directrice des Ateliers de Paris.

9h15 – Professionnel des métiers d’art, artiste ou artisan d’art : quel statut et quels droits d’auteur pour les professionnels ?
Nicolas BINCTIN, Agrégé des facultés de droit, professeur de droit des affaires et de droit de la propriété intellectuelle à l’Université de Poitiers, co-Directeur du Master 2 Professionnel Droit de la recherche et Valorisation de l’Innovation, Enseignant dans les Universités de Paris 1, Paris 2 et Paris 12.

9h45 – Art, artisanat d’art, artisanat d’art d’un métier du luxe : les profils contemporains des professionnels des métiers d’art
Michelle BERGADAA, Professeur de marketing et de communication à l’Université de Genève (HEC), Présidente de la Fondation pour une Education équitable et responsable (FERE, Genève), Directrice de l’Observatoire de Vente et de Stratégie du marketing, Directrice de l’Observatoire des métiers régionaux authentiques (OMRA) de Pau.
Florence CLARAC, Consultante en communication, Responsable de projet en développement territorial, Chargée de recherche à l’Université de Genève, Chargée de mission du Pôle Métiers d’art d’Ornans (Doubs).

10h15 – Culture, Tourisme et Patrimoine : l’enjeu économique des métiers d’art dans les territoires
Hervé PASSAMAR, Directeur de l’Agence pour le Développement et la Valorisation du Patrimoine, socio-économiste, Maître de conférence à l’Institut de Recherche et d’Etudes Supérieures du Tourisme (IRESTE) de l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1).

10h45 – Pause.

11h00 – Métiers d’art, économie de la création et industries créatives : quelle articulation avec les industries du luxe ?
Christophe RIOUX, Directeur du Pôle Luxe et industries créatives ISC Paris, Professeur d’économie à la Sorbonne et à Sciences Po Paris, Visiting Professor à l’International University of Business and Economics de Pékin, Chargé de mission au Sénat et consultant, Ecrivain et journaliste au Quotidien de l’Art.

11h30 – Il futuro artigiano, le potentiel économique du secteur des métiers d’art
Stefano MICELLI, Professeur d’économie et de gestion des entreprises au sein du Département de Management, Université CAFOSCARI de Venise, auteur de Il futuro artigiano.

12h00 – Clôture de session.

12h15 – Les métiers d’art à mots, découverts : Impudences lexicales
Intervention de Jeanne BORDEAU, Fondatrice de l’Institut de la qualité de l’expression, bureau de style en langage, conférencière et auteur de nombreux ouvrages sur la communication et le langage des entreprises.

12h45 – Séance de clôture : Les métiers d’art, pivots du secteur de la création
Intervention de David CAMÉO, Inspecteur général de la création artistique, Directeur Général de la Cité de la Céramique – Sèvres et Limoges, Président du Conseil scientifique et culturel de l’Institut National des Métiers d’Art.
Conclusion de Pierre OUDART, Directeur général adjoint de la création artistique, Ministère de la Culture et de la Communication.

Suivez-nous

Abonnez-vous à notre newsletter

fond=article-normal}{id_article}{env}