Grâce à l’exubérance de son langage formel, à ses inventions et à son intense collaboration avec les artistes du surréalisme et les plus grands artisans et décorateurs de son temps, Schiaparelli inaugure une mode où l’inconvenant devient possible. Qualifiée par sa grande rivale Coco Chanel d’« artiste qui fait des robes », Elsa Schiaparelli (1890-1973) ouvre grandes les portes de la mise en spectacle de l’apparence. L’exposition retrace ainsi au travers deux cent cinquante costumes et dessins de modèles, accessoires et parfums, la carrière et l’œuvre de ce personnage iconoclaste. Echantillons de broderie, bijoux, mais aussi photographies, films, illustrations, œuvres d’art, mettent en lumière la richesse des échanges qu’Elsa Schiaparelli a su tisser avec ses contemporains

Née en 1890 à Rome, le destin amène Elsa Schiaparelli à Paris en 1922. Rapidement elle fait la connaissance de Francis Picabia, Tristan Tzara, Man Ray et des dadaïstes dont l’esprit subversif aura une nette influence sur son travail. Elle doit sa notoriété à ses sweaters en tricot ornés de noeuds de cravate en trompe l’oeil (1927). Elle étend ses activités aux tenues de sport puis de ville, et des tenues de villes aux tenues de soirée. Le succès aidant, elle installe sa maison de couture en 1935 dans les salons du 21, place Vendôme où viennent s’habiller la duchesse de Windsor ou encore Greta Garbo. C’est dans ce décor aménagé par Jean-Michel Frank et orné des objets de Diego Giacometti que Schiaparelli présentera ses plus fameuses créations. Sachant s’entourer d’artistes comme Jean Cocteau, Salvador Dali ou Marcel Vertès et se définissant comme une « couturière inspirée », elle réalise des modèles largement influencés par l’esthétique surréaliste. Elle détourne les motifs : page de journal, homard, papillon, ou utilise des matériaux étonnants comme le Rodhophane (plastique transparent), le métal ou la porcelaine de Sèvres.

De ses collections les plus célèbres on retient celle marquée par sa collaboration avec la maison de broderie Lesage – « le Cirque » (1938), mais aussi « la Musique », (1939) –, ou des pièces comme la cape « Phoebus », le « char Apollon » ou la robe aux motifs de déchirures inspirée par Dali.

Elle donne à ses accessoires les formes les plus fantaisistes, osant la chaussure et la côtelette pour le chapeau et le téléphone pour le sac à main. Les bijoux dont elle confie le dessin et la réalisation à Jean Schlumberger ou à Jean Clément jouissent de la même liberté de formes et de matières.

Shocking ! est son maître mot, celui qu’elle donne à sa couleur préférée (le rose), à son parfum et à son autobiographie. En bousculant ainsi la mode, Elsa Schiaparelli établit de nouveaux codes : elle invente le défilé à thème, signe les premiers contrats de licence et ajoute au portrait du couturier un brin de folie désormais attendu. Le répertoire de ses inventions demeure à ce jour une source d’inspiration inépuisée pour les créateurs.

Quelques temps avant sa mort Elsa Schiaparelli fit deux donations : la première en 1969 au Philadelphia Museum of Art et la seconde en 1973 à l’UFAC (Union française des arts du costume). L’exposition présente une sélection de ces deux fonds enfin réunis et enrichis par de nombreux prêts provenant entre autres, du Metropolitan Museum of Art de New York, du Victoria & Albert Museum de Londres ou du Kyoto Institute.

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