Le musée de la Mode et du Textile a choisi de présenter pour la première fois une exposition entièrement consacrée à la parure masculine, du XVIIe siècle à nos jours.

Trois cents costumes et accessoires accompagnés de documents graphiques et d’Albums d’échantillons provenant des collections du musée ou de prêteurs institutionnels et privés, français et étrangers, rassemblent et mettent en perspective les fluctuations de l’ornement au masculin depuis le règne de Louis XIV. Après le pourpoint, habits à la française, livrées et uniformes figurent parmi les témoins de trois siècles de métamorphoses montrés dans toute leur richesse en regard des créations les plus récentes.

Le parcours chronologique retrace, tout d’abord, la naissance et l’évolution de l’habit à la française, ancêtre de notre complet-veston, mis à la mode sous le règne du Roi-Soleil. Composée d’un justaucorps, d’une veste et d’une culotte, cette tenue subit au Siècle des Lumières de multiples modifications. Elle suscite l’inventivité des tailleurs, des fabricants d’étoffes de soie et des brodeurs, devenant à nos yeux l’emblème de la parure aristocratique sous l’Ancien Régime. Sous Louis XIV comme déjà sous Louis XIII, les édits somptuaires visent le luxe vestimentaire masculin autant que féminin. A en juger par les planches d’un traité publié en 1770, la broderie serait un art destiné avant tout à l’ornement de l’homme ou de son cheval. Les hommes portent d’ailleurs la perruque quand les femmes ne le font guère.

Sous l’influence de l’anglomanie des années pré-révolutionnaires, le costume masculin gagne en sobriété ce qu’il perd en faste. Cette mutation fait l’objet du second volet de l’exposition. Le siècle des révolutions voit l’habit à la française donner naissance aux typologies vestimentaires les plus permanentes de la garde-robe masculine que nous connaissons : la redingote, la jaquette, le frac, le veston et, plus récem-ment, le smoking. La parure se réfugie dans les gilets et les tenues d’intérieur pour ne plus sortir au grand jour que sous l’apparence d’uniformes de cérémonie ou de livrées de domestique.

Après une longue période dominée par la monotonie du complet-veston, qui a pris son essor sous le Second Empire comme tenue négligée, les créateurs de mode tentent, à partir des années 1960, de renouer avec une tradition fastueuse héritée de l’Ancien Régime et du siècle du dandysme. Initié par le renouveau stylistique de la génération de Pierre Cardin et André Courrèges, le goût de la parure s’est, depuis, libéré avec les créateurs et couturiers tels que Thierry Mugler, Jean-Paul Gaultier, Walter Van Beirendonck, Bernhard Willhelm ou John Galliano. De leurs créations, la parure ressurgit avec vigueur depuis ces toutes dernières années interrogeant les différentes versions modernes du panache.

L’exposition confronte la magnificence du costume historique et la prodigalité de la création contemporaine pour suggérer les ruptures et les filiations qui sont à l’origine de l’inspiration masculine. Le scénographe Jean-François Dingjian aménage l’espace de ces ponctuations contemporaines qui viennent rythmer l’ensemble de ce parcours sous la forme de silhouettes masculines échappées des podiums des défilés de la fin du XXe et du début du XXIe siècle. Ce rapprochement anachronique souligne ainsi l’amplitude des ressources de l’expression textile vestimentaire en sollicitant le regard et l’attention à différents niveaux : dessin textile, textures, broderie, boutons, coupe et patron, mais aussi codes et symboliques du vêtement, de la tenue ou de la garde-robe.

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