Né en Pologne en 1959, Michal Batory est diplômé de l’Ecole Nationale des Arts Plastiques de Lodz. Après ses études, à la fin des années 1980, il s’installe à Paris et travaille quelques années en agence. Il gagne son indépendance en 1994, date à laquelle il commence sa collaboration avec le théâtre de la Colline pour lequel il signe la ligne graphique, les publications et les affiches. Cette collaboration va durer trois ans. S’enchaîne ensuite toute une série de commandes issues des plus grandes institutions culturelles : l’Ircam et l’Ensemble Inter contemporain (de 1996 à 2002) dont il réalise les affiches, l’identité visuelle des CD et des publications. La Cité des sciences et de l’industrie pour laquelle il imagine les affiches et la scénographie de plusieurs expositions. Le Centre Pompidou, le théâtre de Chaillot avec lesquels, là encore, il tisse des liens réguliers de 2001 à 2009. Michal Batory collabore avec les éditions Flammarion, Belin et Drzewo Babel, ou encore Radio France et le centre des Arts à Enghien-les-Bains. Son vocabulaire plastique s’affiche alors dans les rues de Paris et s’impose plus largement dans la culture visuelle française.

L’art de Michal Batory se situe à la croisée de deux univers artistiques : les affiches polonaises et le surréalisme. De sa formation et de ses origines, il n’a pu échapper à l’art des artistes constructivistes tels que Rodchenko, Lissitzky ou Strzeminski, dont étaient issus ses professeurs. Plus que les systèmes de composition, c’est l’art du collage, du photomontage, et le travail sur la lettre qu’il regarde avec attention. Avec cette technique, il applique à l’affiche cette conception de la beauté émise par Lautréamont et reprise par André Breton : « Beau comme la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection ». Très souvent, ces images reposent sur cette association incongrue de deux objets, ou de deux idées, engendrant la surprise, l’insolite, l’humour, la poésie, l’émotion.

Ainsi sous l’effet conjugué de l’assemblage et du travail photographique, le coton tige prolonge les branches d’un diapason (Saison musicale Ircam, 1997-1998), un sac plastique évoque un visage (Tamerlan le grand, Théâtre de Chaillot, 2001), un oreiller devient « buste de femme sur le lit » pour le Théâtre national de la Colline, une plume Sergent Major danse sur la couverture du livre de Paulo Coelho « Zahir », un triangle musical se met à bourgeonner dans l’affiche pour la saison musicale 2001-2002 de l’Ircam… Les éléments du corps sont aussi très présents : œil, pied, main, subissent le même détournement.

Par cette étrangeté, il invite le passant à un jeu de décodage ludique, essayant d’établir un dialogue entre le public et l’institution culturelle pour laquelle il travaille.

Pour cette première grande rétrospective dans un musée français, Michal Batory a choisi de partager sa création graphique et d’en révéler la genèse.

Dès son entrée dans l’exposition, le visiteur est plongé dans l’intimité de son atelier. La première salle en est une évocation. On y découvre une fleur fanée utilisée pour la carte de vœux 2008 de l’Adami, une sculpture de chaise faite avec des allumettes pour l’affiche « Ligne de fuite » pour le Théâtre de Chaillot, des appareils photo, un ordinateur, des livres, de la musique en fond, des cartes postales punaisées, des essais photographiques pour un futur projet. De grands albums de travail seront également présentés, permettant au visiteur d’appréhender les différentes étapes de sa création : à la commande, succède la réflexion, dont l’idée se traduit systématiquement par un dessin, puis vient le travail plastique, sculpture et assemblage d’objets, que Batory photographie. L’image obtenue est parfois retravaillée par ordinateur, parfois non, puis est mise en page.

Dans les autres salles, le visiteur pourra découvrir ou revoir 75 affiches grands formats regroupées par thèmes : la danse, la musique, le théâtre. Les trois dernières salles sont consacrées : l’une au Théâtre de la Colline et deux autres au Théâtre de Chaillot.

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