Figure inclassable, le créateur Gaetano Pesce vient de nous quitter.
Architecte de formation, il cultive une démarche transversale, où s’entremêlent création artistique et procédés de fabrication industrielle. Diplômé en architecture à l’université de Venise, Gaetano Pesce a occupé une place majeure dans le paysage italien. Il s’impose dans de nombreux champs d’investigation : performance, art, films, architecture, design. Rejetant le design industriel et l’idéal du fonctionnaliste hérité du Bauhaus, ses recherches sur les matériaux, les technologies et les processus de fabrication sont le point d’ancrage de sa pratique et de sa conception design prônant l’objet différencié et en attachant une grande importance au symbolique. Son approche très ouverte, tournée vers l’innovation, l’amène à envisager le design comme un langage libre et autonome à travers lequel explorer toutes ses intuitions, au moyen de nouvelles techniques de production.
Depuis la fin des années 60, période où il est brièvement rattaché au courant Radical Design italien, Pesce n’a cessé de contester l’uniformisation de l’objet, et de remettre en question la notion de produit fini ou stéréotypé. S’opposant au concept de standard, lui préférant celui de « série diversifiée », il développe dans la veine d’un nouvel artisanat, des pièces uniques, bien qu’issues de technologies de pointe, et produites à grande échelle. Toutes ses réalisations sont à la fois semblables et différentes des autres. A travers cette méthode, Pesce s’érige contre un certain conformisme, héritage de notre culture industrielle. Il fait intervenir l’aléatoire dans le processus de production en série. Le travail de Gaetano Pesce est une ode à la différenciation de chaque réalisation. Certaines de ses pièces furent entre autres éditées par C&B, Cassina, ces éditeurs lui ayant offert la possibilité de multiples expériences.
Le musée des Arts décoratifs conserve en effet un corpus d’œuvres important de cet auteur notamment les sièges en polyuréthane de la série UP (1969) ; ou le siège Dalila (1980) ainsi que plusieurs pièces en résine, matériau de prédilection de Pesce ; et lui consacrait en 1970 et en 1975 deux expositions, respectivement « Conception et mise en espace » et « Le futur est peut-être passé ». Il s’est attaché tout au long de sa carrière à la recherche du "signifiant" dans l’architecture, le design et les arts plastiques.