Le flyer est un « rien », un bout de papier, mais une des rares formes d’expression originale, avec le mix, des cultures issues des musiques techno & house – devenues depuis 1996 musiques électroniques. (…) Le flyer est peut-être ainsi la seule forme culturelle que la rave et la house aient produite dès leurs débuts. (…) Les flyers ont permis la circulation de l’information et le dépassement de la créativité visuelle entourant les musiciens, jusqu’alors limitée aux pochettes de disques, aux affiches de concerts, voire aux décors des plateaux. Les flyers ont placé les disquaires au centre du réseau d’information, au centre d’une chaîne humaine mondiale. Chaque semaine, on venait écouter de nouveaux arrivages et, par la même occasion, récupérer ces éléments volatiles avertissant des événements que les médias n’annonçaient que peu ou pas du tout.
(…) La PAO et le home studio furent les deux catalyseurs naturels des artistes des musiques électroniques. L’explosion de leur créativité a d’abord été orientée vers une certaine empathie pour des styles techniques, futuristes, industriels, puis psychédéliques, fantastiques, nihilistes et conceptuels. Les styles graphiques des flyers se font l’écho de ces sensibilités esthétiques différentes. (…) De même que les musiciens se réapproprient les sons des autres, les graphistes des flyers se réfèrent aux codes d’autres musiques. L’esthétique purement techno est futuriste, fluo et froide. Celle de la jungle va chercher du côté des rastas, celle de l’electronica et de l’ambient vers des références plus conceptuelles.
Les flyers ont ensuite été supplantés par les clips vidéo, pas celui de Thriller conçu pour MTV au début des années 1980, mais celui de la bande annonce plus ou moins créative qu’on partage sur les plates-formes. Pour la promotion des rendez-vous festifs, la communication de masse est passée de l’image fixe à l’image animée. (…)