Manufacture de Bercy (?), Paire de vases Médicis, Paris, 1815-1830
Cristal opale soufflé bicolore et bronze ciselé et doré
Don Edmée Indig-Guérin, en mémoire de Claude Vignat, 2000
Inv. 2000.75.6-7
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Si les procédés d’opalisation du verre sont connus à Venise dès le XVIe siècle, leur application au cristal – verre au plomb mis au point en Angleterre au XVIIe siècle – est une invention française du XIXe siècle. D’inspiration antique, les formes classiques de ces deux vases en cristal opale bicolore – rose, dit gorge-de-pigeon, et améthyste –, ornés de deux oiseaux en bronze ciselé et doré traités en ronde bosse, associent de manière exceptionnelle deux couleurs caractéristiques des productions de la Restauration : cendre d’os, étain et arsenic sont les principaux composants de cette opacification, auxquels viennent s’ajouter le rose obtenu par l’adjonction de sels d’or et le violet issu de l’oxyde de manganèse. Les modèles associant à chaud deux couleurs sont cependant extrêmement rares dans le répertoire des cristaux opales français du début du XIXe siècle. Parmi les quelques exemples connus figurent ceux donnés en 1828 par la manufacture de Bercy au musée de Sèvres. Fondée vers 1827 par Jean Alexandre Paris, « bijoutier-joaillier » et « fabricant d’émaux pour incrustations dans le cristal », la manufacture de Bercy (1827-1867) semble la seule à combiner deux couleurs en disposition simple ou par zones concentriques. Rappelons cependant que les cristaux opales colorés ont été fabriqués par l’ensemble des nouvelles cristalleries françaises – Le Creusot, Saint-Louis, Baccarat et Choisy-le-Roi –, bien qu’il soit aujourd’hui très difficile de différencier les productions de ces différents centres. Objets de mode très largement diffusés, les cristaux opales étaient principalement commercialisés par les marchands rassemblés à Paris autour du Palais-Royal, pour nombre d’entre eux également spécialisés dans la réalisation ou l’adaptation de montures en bronze doré. C’est au cours du deuxième tiers du XXe siècle que se sont constituées la plupart des grandes collections de cristaux opales et que s’est imposée la terminologie « opaline » auprès des amateurs qui rassemblaient ces objets typiquement français. Cette rare paire de vases Médicis figura au sein de plusieurs collections prestigieuses, dont l’importante collection Castille, avant d’intégrer celle du donateur. Plusieurs de ces collections (celles de Mathilde Sée, de William Odom, de Mme King…) ont été réunies par le Musée des Arts Décoratifs depuis 1935, grâce à de nombreux dons et legs.
V. A.
Yolande Amic, L’Opaline française au XIXe siècle, Paris, Gründ, 1952
Succession Castille, Versailles, Palais des Congrès, Jacques Martin et Olivier Desbenoit commissaires-priseurs, 17 mars 1991, n°149.