Depuis 1885, le Musée des Arts Décoratifs n’a cessé d’acquérir, de conserver et d’exposer des jouets, pour leur valeur esthétique mais également pour leur signification culturelle et sociale. « Première initiation des enfants à l’art », d’après Baudelaire, les jouets ont toute leur place au musée !
Au cours du XXe siècle, depuis l’exposition « Enfance » au Petit Palais en 1901, et la création de la Société d’amateurs de jouets et jeux anciens en 1905, l’enfant et les jouets sont devenus de véritables sujets d’étude (principalement en histoire, en sciences sociales, en psychologie). Les parents et les spécialistes se sont intéressés progressivement au rôle éducatif des jouets, à leur influence sur les enfants, et ont contribué à leur évolution. Ils ont également été étudiés comme témoignages d’une époque et d’une société.
En 1975, le département des jouets du Musée des Arts Décoratifs a été créé, afin de conserver ces œuvres et d’organiser des expositions autant à destination des enfants que des adultes. La collection s’est considérablement étoffée, au point de compter aujourd’hui plus de 15 000 pièces, objets rares et précieux, mais aussi exemplaires des jouets les plus populaires de leur temps.
À travers une scénographie étonnante, l’exposition reprend les grands thèmes du monde du jouet, à partir d’objets exclusivement issus du département dont un grand nombre a été restauré pour l’occasion.
L’exposition s’ouvre par une présentation des jouets les plus anciens, qui sont aussi les plus précieux, conservés avec soin par leurs différents propriétaires depuis le XVIIIe siècle. Il s’agit de jeux de loto, de dés, mais aussi de hochets en argent, en or et en vermeil qui s’apparentent davantage à des bijoux ou à des pièces d’orfèvrerie, portés en pendentif par les nourrices de l’époque pour divertir les plus petits.
Une vitrine est consacrée aux jouets cultes que sont les soldats, les chevaux à bascule, les dînettes ou encore les ours en peluche. On y trouve aussi des Barbie emblématiques, quelques poupées en porcelaine de la fin du XIXe siècle, ainsi qu’une poupée française en tissu datant de 1890. Cette dernière, bien que très populaire à son époque, contrairement aux poupées de porcelaine qui pouvaient être très onéreuses, est aujourd’hui devenue un objet rare. En effet, si en Grande-Bretagne et aux États-Unis le marché des poupées de chiffon se développe au XIXe siècle, la France s’oriente très rapidement vers une production de luxe, destinée à l’exportation. Cette poupée dite « Catiche », véritable objet du quotidien de toutes les classes sociales, réussit plus difficilement à survivre à son utilisation.
Une autre vitrine s’intéresse aux jouets d’imitation comme les panoplies, et montre notamment des déguisements religieux d’évêque ou de prêtre datant de la première moitié du XXe siècle. Les boutiques miniatures sont aussi présentes, telles les épiceries et les écoles, mais aussi des thèmes plus rares, le fleuriste ou l’atelier de bronzier.
Le parcours explore ensuite la petite enfance, avec les hochets, les culbutos, certains en bois peint de la fin du XIXe siècle, et les tableaux d’éveil. Les jouets de construction sont également exposés, depuis les tout premiers fabriqués en pierre aux briques Lego, plus récentes. Les héros de l’enfance sont, eux aussi mis en scène, du petit chaperon rouge à Dark Vador, de Bibi Fricotin à Totoro.
Enfin, l’exposition se termine par une vitrine de jouets d’artistes et de designers, résultats de recherches pédagogiques et formelles caractéristiques des XXe et XXIe siècles. Le visiteur découvre successivement un yoyo de Sonia Delaunay, un chien à trainer de Keith Haring, un puzzle d’Antonio Vitali ou encore des peluches de Takashi Murakami.
Afin que les visiteurs, notamment les enfants, puissent s’amuser et découvrir certaines pièces exposées, un espace de la galerie des jouets a été aménagé avec des jeux de société anciens, reproduits pour l’occasion.
Pour cet anniversaire, le département des jouets met en lumière sa très riche collection. Le visiteur se trouve plongé dans l’univers de l’enfance, moment d’émotion et d’émerveillement, et peut-être pour certains de nostalgie.