En 1848, l’ornemaniste Jean-Jacques Feuchère adresse au ministre du Commerce un « Projet d’établissements d’écoles d’art industriel1 ». Il est suivi par le peintre et décorateur Pierre-Adrien Chabal-Dussurgey qui formule, dans l’un des textes présentés à l’empereur par le Comité central des artistes et des artistes industriels en 1852, un projet d’« École centrale spéciale des arts industriels2 ». L’idée est reprise en 1866 par l’architecte Gabriel Davioud et par le sculpteur Jules Klagmann, dans un rapport intitulé « Projet de collège des beaux-arts appliqués à l’industrie3 ». Appuyé par le ministre de l’Instruction publique Victor Duruy et conçu comme une annexe de l’Union centrale, le collège n’ouvre cependant jamais ses portes : la guerre de 1870, les difficultés financières et l’attentisme de l’État sur la question, ont raison de ces initiatives.
La transmission est pourtant un point essentiel des statuts rédigés en 1864 puisqu’elle est évoquée dès le préambule : « L’école centrale procure des ingénieurs à toutes les grandes entreprises ; les écoles de dessin fourniraient des artistes à toutes nos fabrications. Il y a à Paris un Conservatoire des arts et métiers, un Conservatoire de musique et de déclamation, pourquoi n’y aurait-il pas un Conservatoire-musée d’art et de dessin appliqués à l’industrie4 ? » Pour pallier cette lacune, en plus du musée, des expositions et de la bibliothèque, l’Union crée « des cours spéciaux, des lectures et des conférences publiques ayant un rapport à l’art appliqué, et des entretiens familiers de nature à propager les connaissances les plus essentielles à l’artiste et à l’ouvrier qui veulent unir le beau à l’utile ; des concours entre les artistes français et entre les diverses écoles de dessin et de sculpture de Paris et des départements…5 »
Les conférences sont inaugurées dès mars 1864. Le Bulletin de l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie, publié à partir de 1874, puis la Revue des arts décoratifs, parue entre de 1880 et 1902, soutiennent également les ambitions édificatrices de l’institution en diffusant les savoirs des historiens de l’art et des conservateurs de musée, en commentant l’actualité, les expositions et en relayant les acquisitions. L’ouverture des expositions à tous les praticiens, professionnels ou élèves, constitue l’autre levier pédagogique de l’Union centrale. Afin de stimuler la créativité, dès la deuxième exposition de la Société du progrès de l’art industriel en 1863, des écoles de tout le pays sont invitées à présenter les travaux de leurs étudiants. Des concours aux sujets variés leur sont même ouverts et leur permettent de se confronter aux décorateurs et aux artistes confirmés. Ces derniers l’emportent cependant souvent, comme René Lalique qui remporte le deuxième prix au concours d’orfèvrerie de 1893 pour un modèle de calice Fleurs de chardon.
Si l’Union centrale ne parvient pas à établir un collège des beaux-arts appliqués à l’industrie, elle met en place des lieux de formation comme l’école du Comité des dames en 1895. En 1944, le Centre d’art et de techniques est fondé à l’initiative des décorateurs Henri Jansen, André Carlhian et Dominique (André Domin et Marcel Genevière). Il délivre un diplôme de décorateur-ensemblier. Hébergé à son ouverture dans le Musée Nissim de Camondo, il est ensuite rebaptisé École Camondo et plus tard transféré au boulevard Raspail. L’établissement a formé à la décoration et au design Geneviève Pons, Pierre Paulin, Jean-François Wilmotte ou encore Philippe Starck. À partir de la seconde moitié du XXe siècle, l’Union centrale s’adresse également à un public plus large grâce à ses ateliers pédagogiques. Dès 1951, par l’intermédiaire d’un service éducatif, qui ne cesse de s’ouvrir à toutes les tranches d’âge, et avec l’aide de personnalités extérieures comme l’illustrateur Pierre Belvès, le musée s’attache à diffuser l’histoire et la pratique des arts décoratifs. Ces missions se poursuivent aujourd’hui grâce au service des publics et aux Ateliers du Carrousel.