Mercredi 27 novembre à 18h30, Table ronde « Affiches cubaines. Révolution et cinéma »

60 ans après la Révolution à Cuba, le Musée des Arts Décoratifs dévoile, dans une exposition, l’âge d’or de l’affiche cubaine des années 1960 et 1970 dans un contexte culturel et politique dont les artistes se sont emparés. Longtemps méconnue en raison du blocus et de l’isolement de Cuba, cette école stylistique commence tout juste à sortir du huis clos dans lequel elle s’est construite. « Affiches cubaines : révolution et cinéma.1959-2019 » propose d’explorer cette effervescente production graphique à travers 250 affiches, principalement issues des collections du musée. Elle permet de découvrir et de comprendre l’éclosion de cette grande école d’affichistes et de suivre, à travers elle, l’histoire de l’état insulaire. Cette table ronde permettra d’évoquer le contexte historique, politique et culturel dans lequel s’est développé l’âge d’or de l’affiche à Cuba.   Intervenants : Olivier Compagnon, professeur d’histoire contemporaine, directeur du CREDA (Centre de recherche et de documentation sur les Amériques) ; Amélie Gastaut, conservatrice et commissaire de l’exposition « Affiches cubaines. Révolution et Cinéma » ; Magali Kabous, maître de conférences, Département d’Études des Mondes Hispanophone et Lusophone, Université Lumière-Lyon 2 ; Darius Kaufmann et Eytan Jan, documentaristes auteurs de « À la chaleur des années froides » ; Eduardo Manet, écrivain.

Mercredi 20 novembre à 18h30, Dubuffet à Vence : Balade sur le Mont Chave

Le Musée national d’art moderne – Centre Pompidou rend actuellement hommage à la galerie Chave au sein de son parcours permanent. Alphonse Chave avait fait de sa galerie, ouverte en 1947 à Vence, un lieu de présentation pour les artistes « en marge ». Une première exposition consacrée à Jean Dubuffet en 1955, une autre à l’Art Brut en 1959, complètent une programmation riche de choix audacieux. Jacques Prévert, exposé en 1957 parmi d’autres écrivains, lui dédie une « Balade sur le Mont Chave ». Ariane Coulondre, conservatrice au MNAM, dialoguera avec Pierre Chave, actuel directeur de la galerie, à propos de la complicité qui a animé Alphonse Chave et Jean Dubuffet durant le séjour de ce dernier à Vence dans les années 1950.

Jeudi 19 septembre à 18h30, De poche en proche : les poches dans le vêtement féminin 17e-19e siècles

Entre la fin du XVIIe et la fin du XIXe siècle, les femmes, au lieu d’avoir des poches intégrées à leurs vêtements comme c’était le cas pour les hommes, portent sous leur robe, nouées autour de la taille une ou deux poches ressemblant à des sacs de forme oblongue auxquelles elles accèdent par des fentes sur les côtés de leur jupe. C’est à cet accessoire méconnu du vestiaire féminin que s’intéressera la conférence en en proposant une lecture qui le replace dans l’histoire culturelle, sociale, mais aussi industrielle, économique et parfois politique des femmes des XVIIIe et XIXe siècles. Il s’agira de s’interroger sur ce que l’existence de cet objet particulier et spécifiquement féminin nous dit d’un ensemble de questions telles que le genre bien sûr mais aussi le travail des femmes, leur rapport à la possession, la consommation, leur mobilité et autonomie, ou leur rapport à l’intimité à une époque où la poche reste souvent l’un des rares lieux dont elles contrôlent l’accès. Les poches peuvent paraître marginales ou anecdotiques mais elles fournissent en réalité un point d’entrée tant inédit que fructueux qui permet de se placer au plus près des pratiques pour écrire une histoire vivante et incarnée aux enjeux éminemment modernes et contemporains. Avec Ariane Fennetaux, historienne et co-auteur avec Barbara Burman de The Pocket : A Hidden History of Women’s Lives, 1660–1900 (Yale University Press, 2019).

Mercredi 12 juin à 18h30, La Céramique comme expérience

La Céramique comme expérience est un livre numérique en trois volumes paru aux éditions Naima, en coédition avec l’École nationale supérieure d’art de Limoges et sous la direction de Michel Paysant. Il rassemble les travaux et objets réalisés dans le cadre du laboratoire de recherche de l’Ensa : le manifeste, les journées d’étude « Les arts du feu à l’heure actuelle » et le catalogue de l’exposition L’Arbre de Darwin, montrée au Frac artothèque Limousin – Nouvelle-Aquitaine à la fin de 2018. Au fil de recherches alliant patrimoine et nouvelles technologies, trois années durant, des artistes, chercheurs, designers, restaurateurs-conservateurs, industriels et créateurs de fab labs ou de start-up ont pris part à une réflexion sur la céramique en lien avec la révolution numérique afin de créer des objets artistiques d’un type nouveau. Cette conférence sera l’occasion d’entendre les responsables du laboratoire de recherche La Céramique comme expérience et quelques-uns des principaux acteurs, auteurs et artistes ayant pris part à ces trois années de travail.   Intervenants : Frédéric Bernardaud, président du CA de l’Ensa Limoges, directeur marketing et création chez Bernardaud, Limoges ; Jeanne Gailhoustet, directrice de l’Ensa Limoges ; Michel Paysant, artiste, enseignant, responsable du laboratoire de recherche La Céramique comme expérience à l’Ensa Limoges ; Guy Meynard, artiste, enseignant à l’Ensa Limoges, responsable des créations Formes aux Porcelaines Raynaud, Limoges ; Arnaud Borde, artiste, technicien en charge de la création d’imprimantes numériques à l’Ensa Limoges ; Camille Reidt, artiste, résidente en post-diplôme La Céramique comme expérience à l’Ensa Limoges ; Julien Bézille, directeur des éditions Naima, Paris ; Magali Brénon, chargée d’édition pour l’Ensa Limoges.

Mardi 4 juin à 18h30, Guy-Pierre Fauconnet, la pluridisciplinarité à l’œuvre

Appréciée par un petit cercle d’amateurs d’art, l’œuvre de Guy-Pierre Fauconnet (1882-1920) reste à ce jour confidentielle. Mort prématurément, l’artiste, dont la courte carrière est particulièrement dense, s’est à la fois illustré comme peintre, dessinateur de mode et décorateur. Après une formation dans l’atelier de Jean-Paul Laurens à l’Académie Jullian, il s’impose dès 1912 auprès du couturier Paul Poiret, qui le nomme directeur artistique de la maison de décoration d’intérieur qu’il vient d’ouvrir « L’Atelier Martine ». Si son rôle est resté parfaitement anonyme à l’époque, Fauconnet conçoit pendant deux ans des meubles et des décors nouveaux adoptés par les mécènes les plus en vue de l’époque, tels Jacques Doucet ou Robert de Rothschild. Souvent réduite aux papiers peints et à de petits objets au décor naïf réalisés par des jeunes filles sans bagage artistique, la production de l’atelier supervisée par le décorateur confirme le renouveau qui s’opère alors au sein des arts décoratifs français, annonçant les plus belles heures de l’Art déco. Après la Première Guerre mondiale, Fauconnet se tourne vers le théâtre qui, depuis le triomphe parisien des Ballets Russes en 1909, est devenu un champ d’expression privilégié pour les artistes de l’avant-garde. Jacques Copeau, Édouard et Louise Autant-Lara, ou encore Cocteau et le Groupe des Six, font appel au talent du décorateur qui interroge alors la matérialité du décor de théâtre.

Avec Caroline Manceau, titulaire d’un Master 2 en histoire de l’art et chargée de recherches à la galerie Anne-Sophie Duval.

Jeudi 16 mai à 18h30, Emilio Terry avec Jean Souverbie, Maurice Denis et compagnie. Actualités du cabinet des dessins et du fonds Terry

Pourquoi et comment le fonds de dessins, calques et carnets d’Emilio Terry a-t-il rejoint le cabinet des dessins du musée des Arts décoratifs ? Comment ce fonds s’inscrit-il dans la politique de renaissance qu’engage le département, occasion de nombreuses redécouvertes du XVIe au XXe siècle ? Au cours d’une intervention à deux voix, Bénédicte Gady, conservatrice du patrimoine, responsable du département des Arts graphiques du MAD, et Pierre Arizzoli-Clémentel, ancien directeur des Musées des Arts Décoratifs puis du domaine national du château de Versailles, dialogueront autour des inventions de cet artiste atypique, créateur du « style Louis XVII » et des perspectives de recherche et de mise en valeur de ses œuvres sur papier.

Mercredi 15 mai à 18h30, Les rendez-vous graphiques : H5 – Projection du film My Generation

Aux commandes de My Generation, son nouveau film d’animation, Ludovic Houplain a forcément jeté un coup d’œil dans le rétroviseur pour voir le chemin parcouru :

2009, avec Logorama, son premier court métrage animé le réalisateur et co-fondateur d’H5 dépeint une ville (Los Angeles) uniquement composée de logos et peuplées de personnages de marques. Coup d’essai, coup de maître : Logorama remporte l’Oscar du meilleur court métrage en 2010 et le César en 2011. 2015, Money Time prolonge l’expérience de Logorama en prophétisant un monde déshumanisé livré aux machines qui après avoir anéanti la vie sur terre s’attaquent à l’espace. Ce second film d’animation anxiogène est l’occasion pour Ludovic Houplain de travailler pour la première fois avec Mirwais (Taxi Girl, Madonna…) qui en signe la musique. 2018, sur une idée originale de Mirwais, Ludovic Houplain livre avec My Generation sa vision apocalyptique du monde contemporain et un manuel d’insurrection à destination des nouvelles générations.   D’une impasse à un futur hypothétique, My Generation se présente comme un long travelling arrière sur une autoroute à six voies à bord d’un mystérieux véhicule qui traverse à contre sens les grands fléaux de notre époque tels de fantastiques parcs d’attraction interconnectés : l’art, le big data, le sport, la religion, le sexe, la politique et la finance. Des « Baloon Dogs » de Jeff Koons au taureau de Wall Street en passant par l’élection de Donald Trump, le spectateur est ainsi confronté à la démesure d’une réalité qui le submerge alors qu’elle tient pourtant dans un Smartphone. Comment endiguer ce flot permanent d’informations ? Trouver de l’oxygène sous l’avalanche ? La réponse est au bout de la route de cette œuvre d’animation pop et hybride où l’on croise aussi bien le Mickey Mouse de Walt Disney, la Tank Girl de Jamie Hewlett que l’Akira de Katsuhiro Otomo.   Pour ce RDVG, Ludovic Houplain propose de projeter pour le première fois l’ensemble de cette trilogie et de nous en expliquer la motivation comme leur fabrication.

Jeudi 18 avril à 18h30, La coupe et son relevé, une source historique et un outil de conservation des collections de mode

Qu’est-ce qu’un relevé de patron ? Qui peut le réaliser sur une œuvre patrimoniale ? Comment exploiter cette documentation technique ? Le patron n’est pas qu’un support technique, il constitue une source pour l’historien, le curateur, le conservateur-restaurateur, l’archéologue, l’amateur éclairé…

Il peut jouer un rôle important dans le domaine de la médiation scientifique comme publique et comme support pédagogique. Il peut enfin être utile dans le contexte de la conservation des collections, à la fois pour guider les traitements de conservation mais également pour minimiser les manipulations et les mouvements d’œuvre.

La tenue de cette table ronde précède une journée de formation sur le relevé de patron délivrée par Jenny Tiramani (School of Historical Dress, Londres) et organisée par l’INP en partenariat avec le MAD. Cet événement a été inspiré par le constat de la nécessité d’un décloisonnement des compétences en France, autour de l’histoire des vêtements et des modes.

Différents acteurs concernés par l’histoire des modes et des vêtements seront invités à échanger sur cette réflexion : Emmanuelle Garcin (restauratrice textile au MAD, modérateur), Ségolène Bonnet (restauratrice textile au MAD), Véronique Gendrot (archéologue au service régional de l’archéologie DRAC Bretagne), Sébastien Passot (costumier et assistant à The School of Historical Dress), Delphine Pinasa (directrice du centre national du costume de scène de Moulins).

http://www.inp.fr/Formation-initiale-et-continue/Formation-continue/Catalogue-de-formation/La-pratique-du-releve-de-patron-presentation-d-une-technique-de-terrain-adaptee-aux-collections-patrimoniales

Conférence "La coupe et son relevé" (jeudi 18 avril 2019) - YouTube

Mercredi 17 avril à 18h30, Crafts, anthologie contemporaine pour un artisanat de demain

Cette anthologie dédiée à la production artisanale et à son rôle dans la société contemporaine, rassemble 65 textes, pour la plupart inédits en langue française. Leurs auteurs, venus du monde entier, témoignent de la richesse du sujet en traitant des changements profonds survenus dans le domaine de l’artisanat ces cinquante dernières années.

Fabien Petiot et Chloé Braunstein-Kriegel ont enrichi ces textes d’analyses, et suggéré des lectures complémentaires permettant de mieux appréhender l’avenir de ces pratiques et de ces différents acteurs.

Le craft est depuis longtemps l’objet de débats passionnés qui nécessitent aujourd’hui un éclairage critique et théorique renouvelé, que le seul terme d’« artisanat » restreint parfois. Politiques, écologiques, entrepreneuriales, humanitaires, patrimoniales, technologiques ou éducatives, les formes du craft se sont, ces dernières années, étendues, réinventées mais aussi complexifiées.

Chacun – des craftivists aux makers, du folk craft au craft art, des créateurs aux maisons de luxe – s’empare de ce domaine, bouleversant la tradition et ses codes souvent hérités du passé. Ces différentes approches s’inscrivent dans un contexte devenu international, et amènent à traiter de vastes questions que cet ouvrage articule autour de quatre thématiques : la partie AFFINITÉS aborde l’esprit collaboratif et la porosité entre les différents domaines de la création et le craft ; CULTURES, les valeurs portées par les artisans au-delà de la technicité de leurs savoir-faire ; ÉDUCATIONS, les expériences pédagogiques innovantes qui renouvellent la transmission des savoirs et des gestes ; ÉCONOMIES traite de la grande variété des modèles économiques dans ce secteur aujourd’hui.

Fabien Petiot et Chloé Braunstein-Kriegel décloisonnent les domaines de la création dans leur relation à l’artisanat, offrant au lecteur la possibilité de découvrir de nouveaux modes de pensée venus des États-Unis, de Chine, de France, d’Italie, du Brésil, d’Afrique du Sud ou encore de Thaïlande... Ils défendent un artisanat transdisciplinaire, véritable creuset pratique où puiser des ressources techniques, méthodologiques et intellectuelles. Cette somme témoigne de la pertinence et de la pluralité du craft dans le monde d’aujourd’hui.

« Crafts – Anthologie contemporaine pour un artisanat de demain » a bénéficié du soutien de la Michelangelo Foundation for Creativity and Craftsmanship, de la Fondation Bettencourt Schueller, et du Festival de l’histoire de l’art de Fontainebleau.

Jeudi 11 avril à 18h30, L’œuvre plurielle de Clément Mère : du dessin préparatoire à la réalisation finale

Moins renommé que Ruhlmann, Clément Mère (1861-1940) a indéniablement marqué les arts décoratifs. En 1900, il rejoint la galerie La Maison Moderne, puis rencontre Franz Waldraff (1878-1960), avec lequel il crée son atelier en 1902. Travailleur passionné, il a réalisé de nombreuses créations pour le corps diplomatique, les musées nationaux et la grande bourgeoisie, en réalisant notamment des ensembles pour les familles de Rothschild et Frisch de Fels. Ses dessins permettent de comprendre le processus de création de l’artiste et dévoilent l’évolution du travail de l’artiste de 1900 à 1930.

Avec Anne-Claire Struillou, Master II Droit du marché et du patrimoine artistiques et Évelyne Possémé, conservatrice en chef du département Art nouveau / Art déco, Musée des Arts Décoratifs.

Mercredi 3 avril à 18h30, Édouard Bénédictus, le spectacle en couleurs

Dans le cadre de l’exposition « Édouard Bénédictus, Le spectacle en couleurs » présentée du 21 mars au 23 juin 2019 au Musée Nissim de Camondo, Clara Roca, présente cet artiste, chimiste, peintre et surtout décorateur, qui a exercé une fascination immense sur ses contemporains avant de tomber dans l’oubli. L’exposition valorise un pan peu connu de l’important ensemble de dessins que conserve le Musée des Arts Décoratifs grâce au don de la veuve de l’artiste, la musicienne et cantatrice Violette Gounin.

Bénédictus travaille notamment dans la deuxième moitié des années 1910 pour des représentations, des pièces de théâtre et des fééries, en tant que concepteur de costumes et de décors. Il y laisse éclater son plaisir et sa virtuosité à jouer des couleurs et des motifs. Ses dessins traduisent tantôt le faste cultivé, tantôt l’ingéniosité sobre, tantôt la drôlerie de son esprit et des productions pour lesquelles il travaille. Celles-ci couvrent un large répertoire, de La Mégère apprivoisée de Shakespeare à la féérie orientale "Les Mille et Une Nuits", en passant par le drame lyrique Polyphème.

À partir des dessins d’Édouard Bénédictus mais aussi des textes des pièces de théâtre et féeries ainsi que de la presse, cette conférence propose d’explorer le rôle ambigu joué par cet artiste dans les représentations auxquelles il a participé.

Avec Clara Roca, élève conservatrice à l’Institut national du patrimoine et commissaire de l’exposition.

Mercredi 27 mars à 18h30, Les rendez-vous graphiques : Frédéric Tacer

Frédéric Tacer est un designer graphique et un directeur artistique indépendant né à Rouen en 1985.

Après ses études, il s’installe à Londres en 2009 et commence à travailler en tant que graphiste interne pour l’ICA (Institute of Contemporary Arts). De retour à Paris en 2010, il fonde son studio. Parmi ses multiples commandes il a notamment collaboré avec la salle de concert Point Ephémère, les éditions Phaidon, Pocket et 10|18, Nuit Blanche Metz, la Cité du Design de Saint-Etienne, le Festival international du graphisme de Chaumont et le label de musique Rotorelief. Son travail a été exposé internationalement (France, Royaume-Uni, Pays-Bas, Chine, États-Unis) et publié dans divers ouvrages et revues de référence.

Bibliophile amateur, Frédéric Tacer s’interroge sur la prétendue « mort du livre ». Il a ainsi initié en 2015, dans le cadre du festival « Une Saison Graphique », le projet Occur Books. Réflexion sur l’avenir du livre, terrain de projection créatif et conceptuel, Occur Books est avant tout une invitation à voyager dans le temps par l’intermédiaire de ce merveilleux et éternel vecteur qu’est l’objet livre.

Fasciné depuis toujours par le pouvoir narratif et la faculté d’évocation de ces couvertures, Frédéric Tacer a choisi d’explorer leur potentiel au travers de la création d’une maison d’édition fictive et envisage ce projet comme une sorte de « machine à voyager dans le temps spéculative ». Dans un exercice de futurologie, le graphiste — et passionné de science-fiction — s’amuse à fantasmer l’avenir en puisant son inspiration dans l’insatiable curiosité pour l’anticipation et la prospective qui nourrit une grande partie de ses lectures. Il s’emploie ensuite à donner forme à ces visions du (des) futur(s) par l’intermédiaire de deux de ses principales passions, les livres et le design graphique.

Mardi 26 mars à 18h30, Gio Ponti : des ponts entre Milan et Paris

À l’occasion de l’exposition "Tutto Ponti. Gio Ponti : archi-designer" (prolongée jusqu’au 5 mai 2019), Sophie Bouilhet-Dumas revient sur les liens étroits qui unirent l’architecte et designer milanais à la France et surtout à Paris.

Amoureux de la langue française, Gio Ponti considère la France comme sa deuxième patrie pour les arts. À l’aube de sa carrière, il participe en 1925 à l’Exposition des arts décoratifs et industriels modernes de Paris, en qualité de directeur artistique du porcelainier italien Richard-Ginori. Ce moment est fondateur à plus d’un titre : il s’imprègne des dernières tendances esthétiques de l’époque, remporte le premier prix de céramique et fait la connaissance de Tony Bouilhet, le jeune directeur de la maison d’orfèvrerie Christofle. Cette rencontre donne naissance à une amitié durable, renforcée par des liens familiaux, et à une collaboration fructueuse pour les cinquante années suivantes.

Si l’Ange volant, la maison de campagne construite en 1927 pour la famille Bouilhet, est son unique réalisation en France, l’architecte ne s’est jamais départi de son attachement pour ce pays. Cette conférence évoquera ses multiples expositions à Paris en faveur de la création italienne, ses projets pour la Défense et le futur Centre Pompidou, mais aussi sa collaboration avec Pierre Restany au sein de la revue Domus.

Spécialiste de l’œuvre de Gio Ponti, Sophie Bouilhet-Dumas est commissaire associée de l’exposition actuellement présentée au MAD. Petite nièce de l’architecte, elle a assuré en 2008 le commissariat de l’exposition "Reflets d’amitiés, cinquante ans de collaboration entre Gio Ponti et la maison Christofle (1928-1978)" à la Triennale de Milan. Elle est aujourd’hui responsable de la préservation de la maison L’Ange volant et d’un fonds de documentation et d’archives unique en France sur Ponti.

Jeudi 21 mars à 18h30, Diego Giacometti, sculpteur de meubles

Artiste plasticien et créateur de mobilier et d’objets, Diego Giacometti (1902-1985) travaille durant de longues années avec son frère le sculpteur Alberto Giacometti.

Il collabore également avec Jean-Michel Frank, Elsa Schiaparelli et réalise des pièces pour Hubert de Givenchy, Aimé Maeght, Pierre Matisse… Il reçoit au début des années 80 pour l’installation du musée Picasso dans l’Hôtel Salé à Paris la commande d’un ensemble de meubles et de luminaires conçus dans ses matériaux de prédilection, le bronze et le plâtre.

D’une exceptionnelle poésie, l’univers et le style de Diego Giacometti sont aisément reconnaissables : le bronze et sa patine verte, le plâtre à l’état naturel, les lignes fortes et nerveuses, travaillées en motifs végétaux, avec des décors à figures d’animaux.

Avec Daniel Marchesseau, ancien conservateur au Musée des Arts Décoratifs, commissaire de l’exposition "Diego Giacometti" (1986) et qui vient de publier "Diego Giacometti, sculpteur de meubles" (éditions du Regard, 2018)

Mercredi 13 mars à 18h30, Jean Dubuffet, un barbare en Europe

À l’occasion de l’exposition « Jean Dubuffet. Un barbare en Europe » présentée au Mucem entre avril et septembre 2019, les deux commissaires – Baptiste Brun et Isabelle Marquette – explorent le cheminement de l’œuvre de Jean Dubuffet qui a joué un rôle essentiel au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans la redistribution des valeurs qui fondent notre culture contemporaine.

Au sein de cette dynamique, Dubuffet est incontournable. Avec ses collectes pour la Compagnie de l’Art Brut et son propre travail, il permet de dépasser la croyance en la supposée primitivité des artefacts annexés à la catégorie « art primitif », critiquant là une certaine conception de la culture.

Restituer le cheminement de l’œuvre de Dubuffet sous l’angle de l’histoire culturelle et de l’anthropologie, c’est raconter cette redistribution des valeurs qui fondent notre culture contemporaine.

Avec Baptiste Brun, maître de conférences en histoire de l’art contemporain à l’Université Rennes 2 et Isabelle Marquette, responsable de la Galerie des moulages, Musée des monuments français, Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris.

Mercredi 20 février à 18h30, Kimono, obi, shifuku et kakebukusa. Restaurer et exposer les textiles japonais

Au Japon, jusqu’à la fin de la période d’Edo (1603-1868), il n’y a pas de hiérarchie entre beaux-arts et arts décoratifs. Ainsi les textiles occupent une place importante dans l’art japonais et chaque création est appréciée pour son originalité et sa maîtrise technique. L’engouement des amateurs français du XIXe siècle pour ce type de créations, destinées à l’habillement, aux cadeaux et aux rites, à l’emballage des objets explique la richesse des collections de mode et de textiles du Musée des Arts Décoratifs.

Béatrice Quette, commissaire de l’exposition présentera le fonds acquis sur le marché grâce aux ventes aux enchères et également constitué grâce aux dons et aux legs de collectionneurs passionnés. Emmanuelle Garcin et Ségolène Bonnet, restauratrices textile, chargées de la conservation-restauration des collections textiles au Musée des Arts Décoratifs, interviendront sur le travail mené sur ces collections jusque-là peu montrées au public. Joséphine Pellas, restauratrice textile chargée de la mise en exposition au musée, expliquera les modes de présentation, dont le mannequinage, réalisés pour cette opération.

Mercredi 13 février à 18h30, Les rendez-vous graphiques : Sandrine Nugue

Au cours de ses études, Sandrine Nugue se passionne pour les mécanismes de la lecture et conçoit un caractère pour une lecture rapide et intuitive des sous-titres de film. Elle décide de se spécialiser en création de caractères typographiques en rejoignant le post-diplôme "Typographie & Langage" de l’École supérieure d’art et de design d’Amiens, lors duquel elle dessine le caractère Ganeau. Diplômée en février 2013, elle exerce depuis en tant qu’indépendante le design graphique et la création de caractères typographiques. En parallèle, son temps est ponctué d’enseignement, de workshops et de conférences, en France et à l’étranger.

En 2015, elle remporte la première commande publique d’un caractère typographique initiée par le Cnap et, pour cette occasion, conçoit la famille Infini. Depuis sa sortie, le caractère, largement utilisé, a reçu plusieurs distinctions dont the Certificate of Excellence au Type Directors Club de New York.

En 2018, Sandrine a reçu le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris en tant que designer émergent. Cette même année, elle réalise sa première performance de danse sur la Piazza du Centre Pompidou avec le studio Fotokino. Elle publie également l’Orientation, une famille de stencil, avec la fonderie new-yorkaise Commercial Type.

Sandrine Nugue nous parlera des différents enjeux de son travail : de la commande à la recherche, de l’influence à l’écriture personnelle, de l’enseignement à la pratique, du micro au macro, du familier à l’inconnu.

Mercredi 6 février à 18h30, « Entre les feuilles » : les pochoirs japonais (Katagami)

Le Musée des Arts Décoratifs conserve une collection de près de 2 800 katagami (pochoirs), dont la majorité est utilisée par les teinturiers pour l’impression de textiles, et parfois des papiers. Ils arrivent en Occident sur le marché de l’art à la fin des années 1880 et tous les musées d’arts appliqués en Europe en acquièrent.

De multiples publications et articles permettent une large diffusion de ces motifs et compositions offrant une source d’inspiration majeure pour les industriels du textile ou des papiers peints et pour les artistes et créateurs dans de très nombreux domaines. Si l’on reconnaît le rôle majeur de l’estampe japonaise et des ouvrages de Hokusai dans la création du premier japonisme dans les années 1860, on oublie bien souvent le rôle primordial que les katagami ont joué auprès de nombreux industriels et artistes et dans le développement d’autres aspects du japonisme. Numérisés et restaurés, les katagami du Musée des Arts Décoratifs font également l’objet du court métrage "KOMOREBI - Entre les feuilles" projeté et commenté au cours de cette conférence. Avec Béatrice Quette, Valentine Dubard, responsable de la restauration au département des Arts graphiques du musée du Louvre et Laurence Saussez, documentariste.

Avec la participation exceptionnelle de Takeshi Nishimura, artisan maître de katagami.

Mercredi 23 janvier à 18h30, « Le sac du Salon d’été : L’affaire Dubuffet / Régie Renault »

À l’occasion de la publication de son ouvrage « Le sac du Salon d’été – L’affaire Dubuffet – Régie Renault » (L’Harmattan), l’un des avocats de Jean Dubuffet, Jean-Robert Bouyeure, revient sur les rebondissements qui ont jalonné l’affaire opposant l’artiste à la Régie Renault. Huit années de procédure, de 1975 à 1983, qui ont défrayé la chronique et dont le dénouement sera pour le moins surprenant.

« Un exceptionnel jardin-sculpture créé pour nous par l’un des plus grands artistes de ce temps », c’est ce que devait être, selon la Régie Renault, le « Salon d’été », destiné à être édifié devant son siège social à Boulogne-Billancourt.

À la fin de l’année 1975, alors que les travaux sont bien avancés, l’entreprise nationale interrompt brutalement la construction et décide de rompre le contrat passé avec Jean Dubuffet. Ce dernier intente alors un procès sur le fondement de son droit moral pour contraindre la Régie à achever l’œuvre et mobilise les milieux artistiques et culturels du monde entier pour soutenir sa cause. Cette « affaire Dubuffet », devenue un cas d’école, est toujours enseignée de nos jours dans les facultés de droit.

Jean-Robert Bouyeure est avocat. Docteur en droit, il est ancien secrétaire de la Conférences des avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation. Auteur de livres de droit, il a également publié un roman de politique-fiction, « Mai 2012 ou l’éclat de rire » (Revue K, 2011) et des recueils de nouvelles, « Le vestiaire des avocats et autres récits incongrus » (Apopsix, 2012) et « Une plaidoirie au pas de course » (Revue K, 2015).

Jeudi 17 janvier à 18h30, Paul Smith et la photographie

« Classic with a twist » c’est ainsi que Paul Smith définit son style. Depuis 1970, date à laquelle il ouvre sa première boutique à Nottingham, il a fait de son nom une griffe, et d’une griffe un véritable empire soutenu par ses passions sans concession. À l’image du cyclisme, de l’architecture, du design ou de la couleur, la photographie fait partie des obsessions de Paul Smith. Qu’il s’agisse de la décoration de ses boutiques aux allures de cabinets de curiosités ou des vêtements photo-imprimés (depuis 1982), la photographie est pour Paul Smith le point de départ d’un véritable « visual diary ». Celui qu’il met plus particulièrement en scène dans sa collection du printemps-été 2019 dédiée à son père photographe et dont il a choisi de s’entretenir à l’occasion de cette conférence, avec Laurence Benaïm, journaliste et écrivain.

Mercredi 16 janvier à 18h30, Le WONDER LAB, des trésors vivants nationaux français

L’exposition WONDER LAB, présentée au Musée national de Tokyo en 2017, donnait à voir pour la première fois les créations de 15 artisans d’art français. Née de la mise en perspective d’une exception à la fois française (les Maîtres d’Art) et japonaise (les Trésors Nationaux Vivants), WONDER LAB entend questionner une pratique qui est, par excellence, le lieu où le Japon et la France se devaient de dialoguer. Par un processus de création inspiré du Japon de manière formelle, technique ou ornementale, sept d’entre eux – Jean Girel, Michel Heurtault, Sylvain Le Guen, Laurent Nogues, François-Xavier Richard, Pietro Seminelli et Nelly Saunier – ont été conviés à participer à l’exposition « Japon-Japonismes ». Le Musée des Arts Décoratifs accueille ce projet pour une première en France, l’occasion de faire dialoguer les savoir-faire français et japonais.

Avec Gaëlle Dupré, fondatrice de l’agence HEART & crafts, Béatrice Quette, commissaire de l’exposition « Japon-Japonismes », François-Xavier Richard, fondateur de l’Atelier d’Offard, créateur de papier peint à la planche, Sylvain Le Guen, éventailliste et Laurent Nogues, dirigeant fondateur de la société Créanog (création graphique, impression de luxe).

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