Anna-Claria Ostasenko, résidence 2021-2022

En 2020, le Musée des Arts Décoratifs initie le principe d’une résidence d’artiste, ouvrant ses espaces à la création et à l’expérimentation. Pendant 12 mois, le musée a accueilli le designer et réalisateur Alexandre Humbert pour qu’il observe avec son regard particulier les grands et petits moments de la vie du musée et les restitue sous forme de films. Sélectionnée pour continuer l’expérience, Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff est accueillie en résidence au musée depuis le 16 septembre 2021.

Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff
Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff
Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff
© Franck Gélabert

Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff :
« Je cherche, derrière le silence des formes, des espaces, des matières, une présence. On peut envisager le musée comme un panthéon où chaque objet serait une sépulture à laquelle on rendrait hommage. Je vois plutôt le musée comme un décor dans lequel l’objet ouvre une porte vers un espace imaginaire où se croisent, entre ombre et lumière, les fantômes du Prisunic et les chimères de Thierry Mugler. »

Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff est née en 1991. Réalisatrice, elle est diplômée en 2019 de La Fémis (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son), section Décor, après une classe préparatoire littéraire, une licence en histoire de l’art à UCL (University College London) et un master en cinéma. Ses différentes pistes de réflexion et de recherche sont au croisement du cinéma, de l’art, de la littérature et de l’histoire. Elle signe en tant que réalisatrice et co-scénariste plusieurs courts- métrages documentaires et fictions documentaires. Sa fiction expérimentale intitulée Mon Corps livré pour vous est en demi-finale des Oscars étudiants en 2020 et remporte une mention spéciale au Sao Paulo International Short Film Festival.

À travers les films qu’elle réalise dans le cadre de la résidence, elle nous livre son regard de cinéaste sur le musée et participe à promouvoir les expositions, les collections et plus largement la vie des Arts Décoratifs. Hébergée au cœur du musée, au plus près des œuvres et des salles d’expositions, Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff échange avec les visiteurs mais également les équipes internes qui nourrissent ses vidéos. Les grandes expositions du Musée des Arts Décoratifs présentées durant l’automne 2021 ont été les premiers sujets des vidéos à laquelle la réalisatrice s’est attelée avec « Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française » déjà disponible et très prochainement « Thierry Mugler, Couturissime », « Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité », « Simone Pheulpin, plieuse de temps » et « Lettres à Camondo » (consacrée à Edmund de Waal au Musée Nissim de Camondo).

La table basse « Joga » de Roxane Lahidji (2021) vue par Anna-Claria Ostasenko

« Le sel se goûte, se saupoudre, se verse, se déguste. Pour Roxane Lahidji il se regarde, se dessine, se sculpte, se modèle. Alchimiste du sel, elle transforme cet aliment du quotidien en une matière étrangère, évocatrice de marbres précieux, ou de neige qui fond au soleil par un jour d’hiver trop chaud. On aimerait toucher pour éprouver les cristaux, mais il est beau que le mirage blanc nous résiste encore un peu. » ⁠

Réalisation : Anna-Claria Ostasenko • Image : Malte Daniel Hoekstra, Anna Ostasenko Bogdanoff, Michel Amathieu • Musique : Wenceslas Ostasenko • Remerciements : Alan Strani-Marzo⁠

La salle « Claude et François-Xavier Lalanne » vue par Anne-Claria Ostasenko

« L’art c’est comme la vie : ça ne devrait pas être aussi sérieux. »
François-Xavier Lalanne

« Un rhinocéros à l’œil de laiton et à la queue de cuir. Trois moutons de bronze à la toison en résine. Une mouche aux ailes déployées. Depuis le cinquième étage du musée des Arts décoratifs, la ménagerie surréaliste des Lalanne contemple les Tuileries. Les feuilles des arbres ondulent dans l’air chaud. L’eau des fontaines s’écoule en un bruit régulier. À l’horizon se découpe la silhouette de la Défense. Et derrière ma caméra, j’imagine les sabots des moutons qui foulent les herbes hautes dans le soleil couchant. »

Réalisation : Anna Ostasenko • Image : Malte Daniel Hoekstra • Musique : Wenceslas Ostasenko • Production : Romain Bent / Protest Studios

« Black Gem » de Julien Vermeulen (2020) vu par Anna-Claria Ostasenko

« Julien Vermeulen nous emmène dans un univers où le noir se divise, plume après plume, en une infinité de subtiles variations. À la manière de Pierre Soulages ou d’Yves Klein, il nous révèle les profondeurs insoupçonnées du monochrome. Il m’a semblé comme une évidence de rendre hommage à cet artiste en noir et blanc, afin d’être au plus près de la respiration des plumes, de faire ressentir leurs perpétuelles mutations sous l’effet de la lumière. J’ai voulu, à travers ce film, ouvrir une lucarne sur le langage secret de la plume. »

Réalisation : Anna Ostasenko / Image : Malte Daniel Hoekstra / Musique : Wenceslas Ostasenko

Exposition « Années 80. Mode, design et graphisme en France »

Alors que l’exposition « Années 80. Mode, design et graphisme en France » est terminée, (re)découvrez-la à travers le regard singulier d’Anna Ostasenko, résidente de la saison 2021-2022 au musée des Arts décoratifs.

Exposition « Edmund de Waal. Lettres à Camondo »

« 14h33. Je franchis la grille de l’hôtel du 63 rue de Monceau. Je contourne le gravier ordonné, de peur d’y laisser une trace. Je crois que Moïse de Camondo n’aimait pas les traces. La trace dérange. J’entre. Le soleil tire des traits dans l’obscurité. Le sol en damier ressemble à un immense échiquier. Il n y a qu’à avancer de quelques cases pour reculer dans le temps. J’emprunte l’escalier de service, dérobé à la vue, pour installer ma caméra dans l’office.

15h18. Edmund de Waal parcourt à haute voix les lignes de « Lettres à Camondo ». Deux caméras lui font face. Dans l’une, nous sommes le 31 mars 2022, dans l’autre, quelque part en 1935. Nissim a disparu il y a près de 18 ans. Moïse de Camondo ne va maintenant plus tarder à mourir, lui aussi. Tout, même sa mort, est en ordre.

17h05. Edmund referme son livre comme une blessure que l’on aime. Personne ne répondra à ces lettres. Néanmoins les vases, les guéridons, les porcelaines, les candélabres, les pendules, ne cesseront jamais de dialoguer. Je pars sans laisser d’autre trace que celle de mon regard. Il restera les images, cette autre manière d’abriter la mémoire. D’éviter la dispersion. Parfois, les traces ordonnent l’Histoire. » Anna-Claria Ostasenko

Réalisation : Anna-Claria Ostasenko / Musique : Wenceslas Ostasenko / Texte et voix : Edmund de Waal / Image : Malte Daniel Hoekstra / Steadycam : Denis Triqueneaux

Exposition « Simone Pheulpin, Plieuse de temps »

« Filmer Simone Pheulpin, c’est entrer dans une réalité alternative où le temps se mesure en chutes de tissu écru. Assise à sa table de travail, à la lueur des heures disparues, Simone plie, enroule, empile. A l’image du vent qui érode la roche, Simone façonne une œuvre où s’imprime le temps. Au gré de gestes répétés à l’infini, ses mains transforment le tissu en pierre fossilisée, en écorce, en corail. On lit entre les lignes du coton la même régularité, la même persévérance, la même harmonie que dans la nature. Et devant ces sculptures de plis, on ressent, comme devant la perfection géométrique d’un coquillage, cette même force qui nous dépasse et nous enveloppe à la fois. » Anna-Claria Ostasenko

Film de l’exposition «  Simone Pheulpin, Plieuse de temps  »
Réalisation : Anna-Claria Ostasenko / Musique : Wenceslas Ostasenko / Voix : Sacha Bodganoff
© Les Arts Décoratifs / Anne-Claria Ostasenko © ADAGP, 2021
Exposition « Histoires naturelles. Dation François-Xavier et Claude Lalanne au Musée des Arts Décoratifs »
Teaser de l’exposition «  Histoires naturelles. Dation François-Xavier et Claude Lalanne au Musée des Arts Décoratifs  »
Réalisation : Anna Ostasenko / Musique : Wenceslas Ostasenko / Voix : Sacha Bogdanoff
© Les Arts Décoratifs / Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff © Extraits sonores : Chantal Perrin / © ADAGP 2022
Exposition « Thierry Mugler, Couturissime »

« Au terme rétrospective, Thierry Mugler préférait celui d’opéra en neuf actes. Metteur en scène de sa propre vie, Mugler était ce personnage futuriste au passé, ce colosse mythologique, ce créateur éternel. Et pourtant, après le spectacle, demeure, plus imperceptible, moins évidente, cette légèreté de l’être. « La vie n’est qu’une ombre qui passe » écrivait Shakespeare. Il me semble, en un sens, que Mugler partageait cette vision de l’existence. Il voyait en chaque être ce mélange de puissance et de fragilité, de violence et de douceur, de joie et de tristesse. La femme devient une chimère, des écailles scintillantes la recouvrent, des plumes lui poussent, mais elle reste néanmoins cette créature qui ne peut s’envoler. Cet écart entre la beauté, le rêve et l’impermanence des choses m’ont inspiré dans la réalisation de ce film qui, posthume à plus d’un titre, rend hommage à ce grand poète. » Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff

Film de l’exposition «  Thierry Mugler, Couturissime  »
Réalisation : Anna-Claria Ostasenko / Musique : Wenceslas Ostasenko
© Les Arts Décoratifs / Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff
Exposition « À la rencontre du petit prince »
Teaser de l’exposition «  À la rencontre du petit prince  »
Réalisation : Anna-Claria Ostasenko / Musique : Wenceslas Ostasenko
© Les Arts Décoratifs / Anna-Claria Ostasenko © Succession Saint Exupéry-d’Agay, © Éditions Gallimard, « Le Petit Prince » raconté par Gérard Philipe, 1954 © 2016 Mercury Music Group, Mercury Records, un label Universal Music 1943
Exposition « Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité »

« Il naît une sensation d’éternel à discerner un motif oriental ancestral au creux d’un bijou Cartier. À comprendre que le mur d’une mosquée inspire la régularité géométrique d’un diadème. À saisir que l’histoire de l’humanité se répète, sans début ni fin, de la brique au diamant. J’ai voulu, à travers mon film, naviguer entre les bijoux Cartier et les arts de l’Islam, dans ce courant étoilé de motifs, de couleurs, de formes qui se répondent et s’appellent. Naviguer jusqu’aux sources de la modernité, là où passé et présent n’existent plus. À ces confins, il ne reste qu’une seule ligne : celle de la création. » Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff

Film de l’exposition «  Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité  »
Réalisation : Anna-Claria Ostasenko / Musique : Wenceslas Ostasenko
© Les Arts Décoratifs / Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff
Exposition « Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française »
Teaser de l’exposition «  Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française  »
Réalisation : Anna-Claria Ostasenko / Musique : Wenceslas Ostasenko
© Les Arts Décoratifs, Paris / Anna-Claria Ostasenko Bogdanoff

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