À la fin du XIXe siècle, un art nouveau, cherchant à dépasser la réinterprétation des styles du passé, s’impose dans le décor intérieur. Pensant l’architecture des demeures et le mobilier comme un art total unifié par des lignes inspirées du végétal, les décorateurs et les ébénistes développent une vision globale du foyer dans lequel des objets fonctionnels, alliant le beau et l’utile, offrent un cadre de vie propice à l’épanouissement de l’homme moderne.

L’Art nouveau se déploie dans toute l’Europe avec des variations. En France, le nom de l’influente galerie de Siegfried Bing, « L’Art nouveau », ouverte à Paris en 1895, s’impose pour qualifier ce courant.

Henri Rapin (1873-1939)

© MAD, Paris / photo : Christophe Dellière

Henri Rapin débute ses études artistiques sous la houlette de Jean-Léon Gérôme (1824-1904) et devient peintre, illustrateur et décorateur. Le chirurgien Maurice Marcille (1871-1941), l’un des premiers clients de Henri Rapin, lui commande le mobilier et décor de son hôtel particulier à Neuilly à l’occasion de son mariage en 1903. Les meubles exposés ici proviennent de la salle à manger et de la chambre à coucher pour les fauteuils. Henri Rapin met en œuvre une esthétique influencée par le courant anglais Arts and Crafts, et du groupe « l’Art dans tout » auquel appartient son ami Henri Bellery-Desfontaines (1867-1909) qui l’a formé. Le mobilier, peint, sculpté et aux ferronneries apparentes est typique de l’engouement de l’époque pour un retour à l’artisanat. Rapin est récompensé de la troisième médaille dans la section Arts décoratifs du Salon des artistes décorateurs de 1904 où une partie de ce mobilier est exposée.

Louis Majorelle (1859-1926)

© MAD, Paris / photo : Christophe Dellière

Louis Majorelle est avec Émile Gallé l’un des membres fondateurs de l’École de Nancy, une association d’artistes et d’artisans créée en 1901 pour promouvoir l’Art nouveau en France. En 1879, Louis Majorelle reprend avec ses frères l’affaire familiale basée à Nancy qui produisait jusqu’alors des meubles de style Louis XV et des céramiques. A partir de 1889, il renouvelle la production des meubles et ouvre en 1890 un atelier de ferronnerie qui réalise des rampes d’escalier et des ornements extérieurs comme des balcons forgés. Ami de l’architecte Henri Sauvage (1873-1932), il collabore avec lui en 1898 à la décoration du Café de Paris, situé 41 avenue de l’Opéra (détruit en 1955) d’où provient cette cheminée. En 1900, il réalise le mobilier de la chambre à coucher de Georges Rouard, directeur de la galerie parisienne « A la Paix », spécialisée dans les arts décoratifs modernes. Majorelle triomphe à l’Exposition universelle de Paris en 1900. Il s’oriente vers la production en série de meubles aux formes simples, le plus souvent en acajou, ornés de bronzes présentant des motifs végétaux stylisés comme ce modèle de guéridon au nénuphar.

Georges De Feure (1868-1943) et Alexandre Charpentier (1856-1909)

À droite du vitrail d’Eugène Grasset « Le Printemps », sont exposées des œuvres de Georges de Feure, artiste polyvalent, affichiste, peintre et décorateur. En 1901, De Feure exécute pour la galerie du marchand et collectionneur Siegfried Bing cette console en bois doré ornée d’une fleur de pavot. Il est l’auteur de cette vitrine en bois doré, garnie de porcelaines comme elle l’était lors de sa présentation au salon de la Société nationale des Beaux-Arts de 1901.

© MAD, Paris / photo : Christophe Dellière

La deuxième partie de cette section présente le mobilier d’Alexandre Charpentier qui est à la fois graveur sur médaille, sculpteur, ébéniste et céramiste. En 1901, il présente au salon de la Société nationale des Beaux-Arts ce meuble à quatuor en bois de charme, destiné à ranger deux violons, un alto et un violoncelle, accompagné de deux pupitres bifaces. Violoniste et grand ami de Debussy, Charpentier connaît bien les exigences de ces meubles de musique. L’armoire et les pupitres sont achetés par le musée des Arts décoratifs à l’artiste en 1906.

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