Futuropolis
Avant d’être une maison d’édition,
Futuropolis a été dans un premier temps
(1972) une librairie, située 122, puis 130
rue du Théâtre dans le XVe arrondissement
de Paris. En 1972, elle est la première
librairie au monde spécialisée dans
la bande dessinée internationale d’auteurs,
avec des livres de bande dessinée
adultes en opposition aux publications
pour enfants, de format quarante-huit
pages cartonnées ou pelliculées,
appelées albums, provenant à l’époque
essentiellement de Belgique.
Mais Futuropolis importe également
des comics américains de la côte Est,
des comix « underground » de la côte
Ouest, des productions et des
publications italiennes, chinoises,
espagnoles et néerlandaises. L’activité
de la librairie cesse en 1977 pour
laisser place à l’activité éditoriale qui
devient prédominante. La première
publication des éditions Futuropolis,
en 1974, est un ouvrage consacré
à Edmond François Calvo. Il sera suivi,
dans la même collection 30x40, par
les publications de Gir et Tardi. Très
rapidement, Futuropolis s’impose comme
la référence dans l’édition de la bande
dessinée alternative, que ce soit pour
ses choix éditoriaux qui concilient la mise
en valeur du patrimoine, la confirmation
de nouveaux talents et la découverte
de jeunes auteurs, que pour l’attention
nouvelle portée à la qualité formelle
et d’impression des ouvrages.
Notes personnelles
« En 1973, lors d’un voyage à New York,
je découvre, chez Strand Book, Pioneers
of Modern Typography, d’Herbert
Spencer. L’acquisition de cet ouvrage est
un tournant décisif. La confiance que j’ai
en moi est chancelante, mes premières
certitudes vacillantes. La voie que
je me suis fixée est vraiment floue.
Comment mettre à profit mes années
“Beaux-Arts”, mon année en Suisse ?
Et là, à ce moment précis, Herbert
Spencer m’ouvre les yeux, ou plus
exactement il liste, sans toutefois les
hiérarchiser, tous les grands du graphisme,
qui, à travers la typographie, me guideront
durant toute ma carrière. Ils sont tous là.
Kurt Schwitters et Piet Zwart, Alexandre
Rodtchenko et Herbert Bayer,
Hendrik Nicolaas Werkman et El Lissitzky,
Theo van Doesburg et Paul Schuitema,
Max Bill. Les futuristes, dadaïstes,
suprématistes, constructivistes,
le Bauhaus et De Stijl. La liste des
quarante-huit noms me sert de guide
et orientera toutes mes futures
recherches. De façon exhaustive,
je traque chaque nom, des inconnus
pour certains, devenus aujourd’hui mes
incontournables.
La bibliographie de ce livre m’a servi
à constituer ma bibliothèque. »
Étienne Robial
Sources modernistes
« Je trouve dans les images et les objets
qui m’entourent et que je collectionne
des repères rassurants. Les carrés
noir et rouge de Malevitch m’obsèdent
et m’apportent le courage. Dans son
prolongement viendront les démarches
de De Stijl autour de Gerrit Rietveld,
Theo van Doesburg, Piet Mondrian
et celles du Bauhaus autour de Walter
Gropius qui a réuni dans son école
tous les grands créateurs de formes,
de matières et de couleurs. C’est
un de leurs élèves, un Suisse, Max Bill, qui
suscitera le plus ma curiosité. Max Bill est
un artiste complet, un homme généreux,
un découvreur, un visionnaire, un touche-à-
tout, il est partout.
Il me guidera et me poussera vers tous les
supports : la typographie, le graphisme,
la sculpture, l’enseignement, la peinture,
le mobilier, l’architecture, l’urbanisme…
Il est également l’ami de Sophie Taeuber,
l’épouse de Jean Arp.
Eileen Gray, Mart Stam et Robert Mallet-
Stevens seront eux aussi sources
d’influence à travers la radicalisation
de leurs réalisations : l’essentiel, rien
de superflu ! »
Étienne Robial
Tracés et grilles
Le tracé régulateur (parfois appelé le tracé
harmonique) permet de structurer avec
des lignes droites et courbes de façon
cohérente et équilibrée les éléments
d’une composition. On l’emploie pour
dessiner, construire ou définir une forme,
une proportion ou une mise en page.
Il architecture un alphabet, un écran,
un livre, un magazine, un logotype…
Un tracé de même nature va générer
des images homogènes, mais surtout
harmonieuses. La grille de presse permet
d’organiser le format, elle sert de structure
dans laquelle s’ordonnent textes et images
de manière rationnelle pour installer une
harmonie de proportions entre tous les
éléments qui forment la page. Elle utilise
un système de demi-colonnes, qui permet
de combiner des colonnes de textes
ou d’images différentes. Afin d’éviter
l’utilisation de filets (traits de séparation),
les demi-colonnes positionnées
en quinconce créent des blancs qui
structurent les pages. La combinaison
de tête peut être différente de celle
du pied de page.
Couleur et formes
La perception de la couleur est essentielle
dans l’identification et la codification des
signes. Une couleur ne fonctionne jamais
seule, elle doit toujours être associée
à une autre de façon à créer un accord
par deux, ou à deux autres pour créer
un accord par trois. Chaque couleur
est une partie de la décomposition
de la lumière.
On les représente de manière ordonnée
autour d’un cercle que l’on appelle
chromatique.
La synthèse des couleurs pigmentées
destinées à l’impression, à la peinture,
est appelée soustractive. Le cumul tend
vers le noir. Il y a trois couleurs primaires :
jaune, rouge, bleu ; trois couleurs
secondaires : orangé, violet, vert ;
six couleurs tertiaires : orangé/jaune,
orangé/rouge, rouge/violet, bleu/violet,
bleu/vert, vert/jaune.
Le codage C M J N, cyan + magenta
+ jaune + noir, est gradué en trames
de 0 à 100 (couleurs quadri).
Les deux principaux nuanciers
de références de couleurs sont PMS
(Pantone Matching System pour
l’impression) et RAL (peinture industrielle).
La synthèse des couleurs-sources
lumineuses, destinées à la projection,
à la vidéo, est appelée additive. Le cumul
tend vers le blanc.
Il y a trois couleurs-lumière primaires :
rouge, vert, bleu.
Le codage R V B est gradué de 0 (noir)
à 255 (pleine lumière)
Enseignement
Depuis 1996, Étienne Robial enseigne
à Penninghen (Paris), école d’architecture intérieure, de communication et de direction artistique. Son cours
sur la conception graphique et visuelle
est construit autour de quatre notions :
les formats, le cercle chromatique,
la gestion plastique et esthétique
d’un espace et l’association des trois
codes d’identification − forme, couleur,
typographie − à un son.
Pour Étienne Robial, la pédagogie
est une partie intégrante du métier
de graphiste : savoir élaborer clairement
et précisément une mission avec un client
rend beaucoup plus aisée la réponse que
l’on va lui proposer tout en le persuadant
de sa pertinence.
Les alphabets
Les alphabets d’Étienne Robial ont
des provenances diverses et parfois
inattendues. Sa principale inspiration
émerge des ouvrages appelés Modèles
de Lettres, destinés aux architectes et
aux peintres en lettres qui interviennent
essentiellement sur la signalétique
des devantures des magasins. Peintes
au traînard, un pinceau à poils longs,
ces lettres ont un dessin souple,
irrégulier, à l’inverse de la rigidité
et de la sécheresse d’un caractère
typographique. Destinées à être
reproduites, elles sont libres de droits.
La machine à écrire, les lettres stencil, les
pochoirs, la Dymo, les tampons et timbres
caoutchouc, les alphabets transfert,
le point de croix, les lettres pasta, les
caractères bois, les jeux et abécédaires
de toutes sortes sont autant de références
et de façons d’écrire des mots et des
titres. Étienne Robial trouve dans ces
différentes sources une manière de jouer
avec les lettres et les chiffres. Sans jamais
les déformer, il les manipule, les détourne
de leurs destinations, les fait danser
ou sauter, les graisse, joue avec les inters,
les alignements. Il construit ses propres
alphabets de titrages à partir de grilles,
de trames et de gabarits formatés.