Eugène Gaillard (1862-1933), Guéridon gigogne, Paris, vers 1913
Piètement en padouk, plateaux en placage de palissandre de Madagascar
H. 71 ; D. 70 cm
Achat, 1913
Inv. 19136
© Les Arts Décoratifs
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Ce guéridon au plateau quadrilobé, posé sur une colonne centrale à quatre pieds en étoile, est complété de quatre petites tables triangulaires à piètement angulaire qui se glissent sous le plateau principal. Celles-ci peuvent être disposées plus ou moins près de la colonne centrale : les différents montants s’interpénètrent alors et forment un réseau géométrique d’une rare élégance, grâce aux profils légèrement arqués des montants du piètement. Présenté au Salon de la Société nationale des beaux-arts en 1913, peu avant la fin de la carrière d’Eugène Gaillard, ce meuble montre une évolution certaine dans le traitement du bois. À l’ébéniste-sculpteur du début du siècle, qui enrobait les structures de ses meubles de formes organiques gonflées et sensuelles, succéda un artiste puriste. Il utilisait alors le minimum de matière, la travaillant d’une façon presque géométrique, pour donner toute leur force aux lignes verticales qui soutiennent le plateau, décoré par les seuls motifs naturels du bois de palissandre. Avocat de formation, Eugène Gaillard fut le premier dessinateur engagé dès 1897 par Siegfried Bing pour sa galerie L’Art nouveau. Avec Édouard Colonna puis Georges de Feure, il participa notamment à la décoration du pavillon L’Art nouveau de Siegfried Bing construit pour l’Exposition universelle de Paris, en 1900. Gaillard conçut la décoration du vestibule d’entrée, de la salle à manger (conservée en partie au Museum für Kunst und Gewerbe de Hambourg) et de la chambre à coucher. Dès 1902, il exposa sous son propre nom aux Salons de la Société nationale des beaux-arts et de la Société des artistes décorateurs. Réalisée entre 1902 et 1914, sa production se compose de meubles raffinés et simples où il atteint le but énoncé dans son livre À propos du mobilier publié en 1906 : « Mettre une caractéristique d’art indéniable jusque dans l’objet le plus humble, dans un meuble usuel [et] fournir des prototypes de tous ordres, qui soient de beauté, aux industries dites d’art. »
É. P.
Gabriel P. Weisberg, Edwin Becker et Évelyne Possémé (sous la dir. de), Les Origines de l’Art nouveau. La maison Bing, Amsterdam, Van Gogh Museum, Paris, Les Arts décoratifs, Anvers, Fonds Mercator, 2004.