Fauteuil, vraisemblablement Paris, vers 1670-1680

Hêtre sculpté et doré, garniture moderne
H. 114,7 ; l. 70 ; pr. 80 cm
Legs Émile Peyre, 1905
Inv. PE 704
© Les Arts Décoratifs / photo : Jean Tholance

Si vous souhaitez utiliser ce visuel, veuillez contacter la photothèque

Écoutez le commentaire audio de cette œuvre

Une recherche nouvelle de confort et d’apparat, caractéristique de la seconde moitié du XVIIe siècle, marque la structure de ce siège : le dossier élevé, légèrement incliné vers l’arrière, assurant ainsi un maintien des épaules, succède au dossier bas en largeur popularisé par les gravures d’Abraham Bosse décrivant la société du règne de Louis XIII. Cette nouvelle forme, ample, va définitivement prendre le nom de « fauteuil » : le terme se substitue dans les inventaires à celui de chaise à bras, encore en usage dans la première moitié du siècle. Le décor des bois marque également un changement. Le tournage du piètement en balustre est une nouveauté. Il remplace le tournage en spirale ou en chapelet jusqu’alors pratiqué, et apporte une animation plus plastique aux différents éléments du piètement, alternant sections étroites et sections plus larges, habilement liées. Cette nouvelle souplesse des lignes est encore plus marquée dans les accotoirs de section circulaire qui s’incurvent en une courbe discrète mais annonciatrice des galbes du siècle suivant. La sculpture participe également de ce souci d’animation. La traverse d’entretoise de façade porte un cartel, appelé « blason », composé de deux acanthes affrontées, alors que les pieds reposent sur une boule aplatie, garnie d’une couronne d’acanthes. D’autres acanthes viennent enserrer l’extrémité des accotoirs terminée par une crosse à laquelle répond, à l’amortissement du dossier, une autre crosse. Mais l’évolution essentielle dont témoigne ce meuble est l’emploi de la dorure sur bois dans le domaine du siège. Le souci de faste et d’unité du décor intérieur, qui s’impose pendant le règne de Louis XIV, va étendre à l’ensemble du mobilier l’usage de cette technique – jusqu’alors principalement réservée à des éléments tels que guéridons, bras de lumière et cadres, relevant avant tout de la sculpture. La dorure d’origine, conservée, révèle un travail qui privilégie l’effet : l’apprêt est rapidement posé, et la reparure assez sommaire. Le doreur a su toutefois habilement donner des accents à son travail : aux grandes surfaces brunies, il oppose les ornements sculptés du blason qui se détachent sur un fond sablé et il cerne les acanthes des accotoirs d’une bordure poinçonnée. Les proportions amples du siège, son dossier sans bois apparent comme la dorure du piètement devaient mettre en valeur la richesse des étoffes qui le recouvraient, réservant au tapissier un rôle prédominant aujourd’hui oublié.

B. R.

Suivez-nous

Abonnez-vous à notre newsletter

fond=article-collection}{id_article}{env}