C’est avec une grande tristesse que nous apprenons aujourd’hui la mort d’Issey Miyake. Si le grand public en retient le nom d’un parfum, L’eau d’Issey, le créateur tient une place fondamentale dans l’histoire de la mode récente.
Après avoir grandi et fait ses études de design au Japon, Issey Miyake arrive en France en 1964, et cherche dès lors à proposer une mode qui ne soit « ni japonaise, ni occidentale ». Dans une quête permanente sur les matériaux et les formes, il innove sans cesse tout en s’appuyant sur les techniques traditionnelles, notamment la coupe à plat pratiquée couramment au Japon : le vêtement ne prend forme qu’une fois sur le corps. Dans son travail se côtoient le plastique moulé et le lin fin, traités avec la même noblesse. Depuis 1988, la ligne Pleats Please participe à son succès, avec une particularité technique : le vêtement est coupé avant même la réalisation du plissage, ce qui implique d’anticiper la forme finale. Réalisés en polyester (aujourd’hui recyclé), ces pièces finement plissées, souvent colorées, apportent liberté de mouvement et légèreté, des notions visibles dans les photographies de mode qui mettent en valeur ses réalisations. En parallèle, Issey Miyake est l’un des premiers noms de la couture à collaborer avec Les Trois Suisses pour une collection accessible au plus grand nombre. Toujours à l’avant-garde, il lance dix ans plus tard A-POC, au concept simple et révolutionnaire : un rouleau de maille tubulaire prédécoupé suffit à former tous les éléments de base d’une garde-robe. En 2010, la ligne 132.5 propose quant à elle des vêtements conçus à la manière des origamis, qui deviennent de savants pliages à plat une fois ôtés.
Miyake est aussi un designer au sens large, invité régulièrement à concevoir des œuvres d’exception en collaboration avec d’autres artistes, mais aussi des objets au plus proche de notre quotidien, comme les bouteilles d’eau Evian de l’année 2010.
Les collections du musée des Arts décoratifs – collections nationales de mode - sont riches de ses créations si novatrices : de ses débuts dans les années 1970 jusqu’aux années 2010. Mis à l’honneur dans l’exposition « Japon/Japonisme » en 2018 au musée, le grand Issey Miyake aura sa place dans une de nos prochaines expositions portant sur les années 1980.