C’est avec une immense tristesse que le Musée des Arts Décoratifs a appris la mort de Manfred Thierry Mugler hier à l’âge de 73 ans. Au cœur des années 1980 et 1990, Thierry Mugler aura fait de la mode une œuvre d’art total, créant des mondes imaginaires où donner à la création sa liberté la plus absolue. En près de quarante ans, il aura, sans galvauder ce mot, » révolutionné » notre expérience de ce que sont le vêtement et le corps, utilisant les matériaux les plus inattendus, transformant les défilés en véritables performances, invitant Diana Ross ou James Brown, et réunissant des milliers de personnes, avec une générosité rare. Dessinant des silhouettes déjà passées au Panthéon de l’histoire de la mode, Thierry Mugler déjoua tous les codes, accompagnant une vision de la femme puissante, une idée même de la féminité qui a pu surprendre et séduire des personnalités aussi différentes qu’Helmut Newton ou Linda Nochlin, devenant le couturier complice des stars, des super-modèles des années 1990, de Naomi à Carla Bruni en passant par Jerry Hall, aux figures de la musique, de David Bowie à Céline Dion, mêlant avec bonheur ces deux mondes dans un clip devenu mythique, le Too funcky de George Michael, qui rappelle son engagement dans la lutte contre le SIDA. Pleinement pionnier, il aura ouvert la voie à tous les questionnements les plus actuels, la fluidité, le queer et le body art, la porosité des disciplines, tout en explorant avec un succès immédiat l’art du parfum, créant avec Angel l’un des plus célèbres au monde, l’avant-garde des parfums gourmands : passionné de design, il met alors en exergue l’idée de fontaines à parfum permettant de recharger les flacons aux formes étonnantes.

Sans nostalgie, Thierry Mugler parvenait à faire vivre son imaginaire singulier, doué d’une culture sans frontières, photographe hors-pair ne reculant devant aucune limite, en haut du Chrysler Building à New York, sur les toits de l’Opéra de Paris ou dans une architecture soviétique. Ainsi aura-t-il été tout à la fois un homme de son temps et une figure inspirante, ouvrant la voie à un Alexander MacQueen ou à un John Galliano, et encourageant avec chaleur et force son ami Azzedine Alaïa.

Le Musée des Arts Décoratifs et l’ensemble de ses équipes saluent la mémoire de cette personnalité hors norme, qui reçoit un hommage pleinement mérité à travers l’actuelle exposition « Thierry Mugler, Couturissime », étape parisienne adaptée de l’exposition conçue par le musée des Beaux-arts de Montréal sous le commissariat de Thierry-Maxime Loriot, avec le soutien de la maison Mugler.

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