Le sabre, arme précieuse du samurai

Après l’établissement d’un régime militaire en 1192, les guerriers font partie d’une nouvelle élite au sommet du gouvernement japonais. Vus auparavant comme des brutes, des agresseurs et même des barbares par la cour de Kyôto et les aristocrates qui l’habitent, ils sont désormais à la recherche de manières de montrer leur nouveau statut qu’ils souhaitent faire rivaliser avec l’aristocratie et cela passe par les arts (poésie, littérature, peinture) mais également par les habits et accessoires. Parmi ces derniers, un est particulièrement important : le sabre, qui devient l’élément martial distinctif.

En effet, seuls les membres des maisons de guerriers peuvent porter le sabre. Ils sont portés à la ceinture, par deux, un grand sabre appelé katana et un plus petit appelé wakizashi. Ces armes si importantes se doivent donc d’être utiles et agréables à l’œil. Alors, rien n’est laissé au hasard : la lame est façonnée par des maîtres forgerons reconnus donc le reste du sabre doit être aussi précieux. C’est pourquoi les guerriers font appel à des artisans talentueux pour l’ornementation de leurs armes, artisans qui créent donc un ensemble décoratif dont la garde de sabre est l’élément central.

Différents sabres pour différents usages
Katsukawa Shuntei, L’aristocrate Minamoto no Yoshitsune, Japon, époque Edo (1603-1868), vers 1820
Xylographie polychrome sur papier. Format ôban : environ 37 x 25,5 cm (mais feuille découpée). Achat Siegfried Bing, 1887, inv. 3861
© Les Arts Décoratifs / Photo : Jean Tholance

Les samurais de la période féodale avaient pour distinction de pouvoir porter deux sabres à leur ceinture. Cet ensemble, nommé daishô (litt. « grand et petit »), se compose généralement d’un katana et d’un wakizashi. Le premier est le plus long et sert d’arme d’attaque tandis que le second, plus court, sert principalement à la parade.

Le katana est à la fois une arme de taille (dont on utilise le tranchant) et d’estoc (dont on utilise la pointe) et se manie à deux mains tandis que le wakizashi permet au combattant de n’utiliser qu’une main et d’être plus libre de ses mouvements dans des endroits relativement petits. Ainsi, la lame la plus courte était préférée dans les lieux clos (intérieur de demeure par ex.) et la plus longue dans des endroits plus vastes (champ de bataille par ex.).

C’est à la suite d’une « chasse aux épées » organisée par Toyotomi Hideyoshi en 1588, événement confisquant aux ennemis du dirigeant un moyen de le renverser, que le daishô est exclusivement réservé aux samurais, devenant donc leur symbole. Cela dure jusqu’à l’ère Meiji, ère durant laquelle le port de l’épée en public est interdit. Cette prohibition du sabre entraîne alors la disparition de la classe samurai.

Métaux et techniques de décor

Les gardes de sabre sont les exemples d’une multitude d’utilisation de métaux comme le cuivre, l’or ou l’argent et de techniques métallurgiques pour leur fabrication. Des alliages variés sont donc employés afin de créer ces éléments protecteurs et décoratifs. Le plus utilisé d’entre eux est le shakudô, un alliage de cuivre contenant 3 à 6% d’or et patiné d’un noir pourpré qui donne une apparence laquée à l’objet fini. D’autres alliages assez communs sont le shibuichi, un alliage de cuivre et d’argent dont la patine s’étend du gris aux bleu, vert et brun pâles, et le sentoku, une sorte de laiton qui donne un aspect jaune. A ces alliages qui constituent le « corps » de la garde de sabre sont parfois ajoutés des rehauts de cuivre, d’or et d’argent pour orner et mettre en valeur certains éléments du décor.

C’est tout particulièrement à l’époque Edo (1603 – 1868) que les alliages se diversifient, la garde de sabre devenant un élément ornemental à part entière. Ainsi, ces objets se multiplient dans les mains d’artisans talentueux qui transmettent leur savoir de maîtres en disciples.

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